Kèlèfa Sall exprimé publiquement s’est pour la première fois, mercredi 3 octobre. Quelques heures plus tard, dans un communiqué lu à la télévision nationale, le président de la République a confirmé la nomination du nouveau président de la Cour constitutionnelle, Mohamed Lamine Bangoura. Un décret qui vient entériner la destitution de son prédécesseur par ses pairs, une décision jugée illégale par les juristes et le barreau guinéen.
L’invitation était signée du « président constitutionnel de la Cour constitutionnelle ». Le magistrat n’entend donc pas se laisser faire. En conférence de presse, il retrace la chronologie d’une fronde qui débute au lendemain de la réélection du président Alpha Condé.
Le chef de l’Etat reproche notamment à Kèlèfa Sall « une gestion financière opaque » et la déclaration « réitérée » qu’il sera présent en 2020 – le président de la Cour constitutionnelle est normalement élu pour un mandat de 9 ans non renouvelable – « pour recevoir le serment du successeur du président Alpha Condé, qui ne peut faire que deux mandats ».
Kèlèfa Sall reste sibyllin, prend des précautions, refuse de citer des noms, mais s’étonne que son éviction et la nomination de son successeur par les membres de la Cour « n’ait pas enregistré une réaction quelconque ». Il en conclut qu’il est « évident que ses auteurs disposent, comme ils l’ont toujours clamé, d’un soutien fort ».
Le magistrat livre aussi quelques éléments tangibles : « Le samedi, ma garde rapprochée m’a été retirée. De toute façon, un communiqué a été lu à la RTG [la télévision nationale]. J’ai fait un autre communiqué que j’ai transmis à toutes les structures. La RTG ne l’a pas lu ».
Le décret du président de la République est un acte « illégal » réagit Ousmane Gaoual de l’UFDG. Il estime que cette « manœuvre » annonce une mise au pas l’institution en vue d’une révision constitutionnelle.
RFI