En Guinée, la hausse de 25% du prix des carburants paralyse le pays. Le gouvernement a justifié cette augmentation par le coût exorbitant de la subvention publique.
En Guinée, l’augmentation du prix du carburant à la pompe irrite les acteurs du mouvement social. La confédération nationale des travailleurs de Guinée, la CNTG, attaque le gouvernement pour sa décision qu’elle juge unilatérale.
Selon le syndicat, la décision viole l’accord signé entre l’Etat et le mouvement social en 2016. Dans cet accord, il est prévu que tout changement du prix du carburant devra préalablement être concerté. Ce qui n’a pas été fait selon les syndicalistes.
C’est pourquoi, la société civile guinéenne s’oppose à cette hausse précise Aboubacar Doura Koita. “Quand le gouvernement a fixé le prix du carburant sans respecter la procédure normale, les chauffeurs de taxis ont augmenté les prix. Nous avons, depuis l’annonce de cette information, déclenchée comme première démarche une journée ville morte hier qui a été largement et globalement suivie. Nous avons demandé à la population d’être sereine et mobilisée jusqu’à la satisfaction de notre revendication citoyenne” explique t’il.
Le dialogue pour mettre fin à la protestation
Le gouvernement guinéen justifie cette augmentation du prix du carburant par des contraintes budgétaires. Selon le porte-parole du gouvernement, la subvention de l’Etat, pour le seul mois de juin, s’est chiffrée à plus de 180 milliards de francs guinéens soit près 1,8 million d’euros. Aboubacar Sylla explique que l’Etat ne pouvait plus soutenir un tel coût. Selon lui “depuis plus de 9 mois le gouvernement était obligé de subventionner ou en tout cas de réajuster le manque à gagner sur le prix du carburant qui avoisine aujourd’hui près de 800 milliards de dollars. Rien que pour le mois de juin, il y a plus de 180 milliards de subvention pour maintenir le prix à 8.000 francs guinéens à la pompe. Donc c’était une situation de trésorerie intenable pour le gouvernement.”
Cependant pour Algassimou Diallo, spécialiste des questions économiques, l’Etat dispose de plusieurs sources de revenus qui peuvent lui permettre de renflouer ses caisses. Celui-ci met surtout l’accent sur la corruption et la pléthore des membres du gouvernement et des ministres conseillers à la présidence de la République.
“Cet argument de dire qu’il subventionne, aucun indicateur ne prouve cela. La corruption fait perdre à la Guinée un montant annuel de près de 600 milliards de francs guinéens. Si l’Etat avait des problèmes économiques peut être ça aurait été une des pistes sur lesquelles il faut s’appuyer. Quand vous voyez aujourd’hui la constitution de notre gouvernement, c’est plus de 33 ministres. On peut réduire le nombre de ministres et donc réduire le fonctionnement de l’Etat” argumente Algassimou Diallo.
Le gouvernement a engagé des négociations avec le mouvement social. Les syndicalistes posent comme préalable à toute négociation la fixation du prix initial du carburant à la pompe, c’est-à-dire 8.000 francs guinéens. Pendant ce temps, des manifestations sont signalées dans plusieurs quartiers de la capitale.
Deutsche Welle