Ces orpailleurs ne sont pas que des Algériens, mais de différentes nationalités: Niger, Mali et la Libye surtout. Ils sont confrontés à l’Etat qui tente de les neutraliser en mettant tous les moyens possibles pour les combattre.
C’est dans une conjoncture politique et économique préoccupante, notamment dans les pays voisins qui ont subi les affres du printemps arabe comme on aime l’appeler caractérisée par des soulèvements qu’une nouvelle activité inattendue émerge soudainement depuis 2011 au sud de l’Algérie. Il s’agit de l’orpaillage. L’Algérie, aucun ne l’ignore désormais, recèle de grandes potentialités en matière de ressources, l’or en est devenu une principale et selon des estimations cette ressource s’étend sur d’immenses bassins. L’or est exploité de façon clandestine et en raison de son cours élevé, les prospections aurifères clandestines se multiplient et se sont étendues sur plusieurs régions du sud de l’Algérie.
Le site le «Maghreb émergeant» rapportait déjà en 2015 que «dans le Hoggar algérien, chercheurs et trafiquants d’or font feu de tout bois. Ils sont des dizaines de Subsahariens, en particulier des Maliens et des Nigériens, bien équipés, à tenter l’aventure de l’orpaillage clandestin, dans les mines abandonnées de la wilaya de Tamanrasset. De l’or, pourtant ils en trouvent». A ce même propos, le même organe rapporte que «entre 2014 et juin 2015, la Gendarmerie nationale a arrêté plus de 1200 individus, la plupart des Libyens et Subsahariens de différentes nationalités, s’adonnant à la recherche clandestine d’or. Et, entre les deux périodes, 1 193 détecteurs de métaux, comme ceux utilisés pour le déminage, ont été saisis, en plus de téléphones satellitaires de marque Thuraya. En fait, la ruée vers l’or dans le sud de l’Algérie, au Hoggar, date de quelques années, après l’abandon de sites miniers par des équipes de recherches d’abord de l’Enor, ensuite de la firme australienne GMA (Gold Mines of Australia) des gisements de Tirek-Amesmessa, qu’elle a hérités de l’Enor dans le cadre d’un joint-venture. Mais, très vite, la GMA déclare le site non rentable et plie bagage. Depuis, les sites prospectés par la GMA et l’Enor sont la cible d’un pillage féroce, alors que les abords des mines encore exploitées par l’Enor sont convoités par les trafiquants d’or.
«Des saisies ont été opérées et portent surtout sur de l’or en poudre», selon la Gendarmerie nationale de Tamanrasset. Citant Brahmi Youcef, un des plus anciens cadres et prospecteurs d’or dans le Hoggar avec l’ex-Sonarem, puis l’Orgm, Le Maghreb émergeant souligne «Il y a un potentiel important dans le Sud, en particulier à Tiririne, un bled où rien ne pousse, mais où l’or est là», pour lui «les trafiquants d’or africains travaillent dans cette zone, entre In Guezem et Djanet. Il y a des sites miniers importants dans la zone la plus aride du désert algérien, et c’est à Tiririne (450 km au sud-est de Tamanrasset) que le plus important gisement minier algérien a été découvert». Cette ruée est donc justifiée, face à laquelle les forces de l’ANP sont contraintes de rester mobilisées pour protéger les sites des gisements.
C’est pratiquement chaque jour que l’ANP tombe, lors de ses patrouilles, sur des groupes africains de différentes nationalités à la recherche clandestine de ce précieux métal. Ils sont régulièrement arrêtés et depuis quelque temps, ce ne sont plus des détecteurs saisis, comme cité plus haut, mais les équipements d’une véritable industrie: 4X4, marteaux-piqueurs et groupes électrogènes. Dans le Hoggar, mais pas seulement le Tassili N’Ajjers aussi constitué par deux anciens plateaux géologiques, dissimule cette matière jaune dont l’exploitation clandestine intervient dans un contexte de crise financière internationale.
Dz Expression