Comme en 2013, dimanche, l’arbitrage du peuple malien est sollicité entre Ibrahim Boubacar Kéita et Soumaïla Cissé.
Comme en 2013, les chances du second sont minimes pour renverser la tendance et battre son challenger.
Comme en 2013, les voix qui feront gagner le premier ne seront pas seulement, celles de son parti. Elles émaneront de toutes les sensibilités ou presque.
Comme en 2013, il se croira le plus béni des 24 candidats, le plus adoubé par le bon Dieu et celui qui n’a de compte à rendre qu’à ce Dieu.
Si nos estimations seront faussées, nous assisterons au scénario contraire. Au lieu d’IBK, le miracle fera propulser Soumaïla Cissé à Koulouba.
Comme en 2013, lui aussi sera peut être félicité par son second, accompagné de sa famille. Les pontes de son parti crieront d’une victoire à la Pyrrhus pour mettre au second rang tous les soutiens et reléguer dans les décombres de l’oubli les facteurs qui ont favorisé cette victoire.
Tout cela pour tout simplement dire que ces deux hommes sont comme deux briques sorties de la même moule. Ils se croient tous dotés d’un destin présidentiel. Une fois au pouvoir, ils manquent de vision pour faire l’union sacrée autour d’eux. Ils sont autant plus reconnaissants envers leurs soutiens extérieurs que ceux qui vont mouiller le maillot pour eux sur le plan interne. Car ils sont tous les deux membres des réseaux puissants sur le plan international. D’aucuns les taxent de franc-maçons. De ce fait, ils n’ont cure d’une quelconque popularité intérieure, surtout qu’il s’agit d’un pays sous la tutelle de la communauté internationale, depuis l’intervention française de 2013.
Aucun d’eux ne s‘hasarderait sur le terrain glissant d’amener Kidal dans le giron de la République du Mali. Car de telle manœuvre pourra choquer les maîtres du monde actuel. Chacun fera en sorte d’éviter les entourloupes des amis des touaregs. Cependant, ils disposent, tous les deux d’atouts considérables pour fouetter les relations internationales de notre pays. Si le ‘’Mandé Massa’’ a été reçu à l’Elysée avec tous les honneurs, ‘’Soumi Champion’’ peut mériter du tapis rouge de la Maison Blanche. Ils sont tous les deux plus vendeurs de leur propre image que des intérêts du pays.
La vérité est toute nue : IBK et Soumi sont tous fondateurs et candidats des partis, avatars de l’ADEMA. Un parti qui a ramassé la démocratie malienne dans un plateau d’argent et qui sait faire du beau peuple une poule aux œufs d’or. C’est pourquoi, même en manque de dirigeants charismatiques, cette formation politique a une machine électorale qui crache de l’argent dans la gueule des pauvres électeurs maliens, pour faire élire ses protagonistes dans les Mairies, à l’Assemblée Nationale et même souvent à Koulouba.
Ceux qui font de la masturbation intellectuelle justifient ces exploits électoraux par le seul fait que c’est le parti le mieux implanté. Or les démembrements de l’ADEMA que ceux des partis sortis de ses entrailles ne servent en période électorale qu’à faire le guichet automatique pour remporter les élections.
Revenant au duo du 12 août prochain, Soumi et IBK, l’on peut dire que l’élection de l’un ou de l’autre ne constituera aucunement un nouveau départ pour le Mali.
La seule certitude qui ne fait l’objet d’aucun doute relève du fait que Soumaïla Cissé, comme il l’a promis lui-même, mettra en dehors du champ politique ses enfants, à la différence d’IBK. Mais comme IBK, il ne manquera pas de rembourser à son profit durant ses cinq premières années de pouvoir tous ces gros sous investis durant trois élections perdus.
Donc dimanche, le peuple malien va voter, pas pour élire un oiseau rare, car les deux oiseaux qui jonchent l’arbre de Koulouba sont tous de même plumage. « Un oiseau dans la main vaut mieux que deux sur l’arbre » enseigne la sagesse.
Moustapha Diawara
Source: Le Sursaut