Une vérité gênante. Voilà comment peut être qualifiée la dernière déclaration du vice président de l’Adema PASJ, non moins maire sortant et candidat à la présidence du Conseil du District de Bamako, Adama Sangaré dans les colonnes du magazine ‘’Jeune Afrique’’. Cela lorsqu’il a dit : « Personnellement, je souhaite que l’Adema soutienne la candidature d’Ibrahim Boubacar Kéita ». Et d’avoir le courage de soutenir que la Ruche ne dispose pas de candidat qui « incarne suffisamment le consensus ». Cette affirmation d’Adama Sangaré, naturellement devrait susciter des réactions, surtout au sein de la Ruche. Mais force est de reconnaître qu’au sein des Abeilles, l’on doit se réjouir d’avoir enfin un dirigeant capable de dire les choses telles qu’elles sont sans se voiler la face, ni mâcher ses mots. Ce mérite revient au maire sortant de Bamako, qui vient de marquer un gros coup politique. Même si cela prête à des interprétations, certaines bien farfelues.
Ceux qui ne connaissent pas le franc-parler de l’homme pourront confondre cette déclaration du maire Sangaré avec un appel du pied au régime de soutenir sa candidature pour le conseil du District. Or, en réalité, cette hypothèse ne résiste à aucune analyse sérieuse ; pour deux raisons fondamentales.
D’abord, depuis toujours, Adama Sangaré s’illustre par son attitude à ne jamais se cacher derrière son petit doigt pour défendre ses opinions et ses options autant bien dans la Ruche que sur toute question d’intérêt général. Cette posture lui a coûté de véritables inimitiés, mais par son cran et son courage politique, il a toujours su se relever.
Ensuite, ceux qui taxent Adama Sangaré de vouloir faire des yeux doux au pouvoir, en vue d’acquérir son appui, ignorent bien la réalité des choses concernant le scrutin du 17 décembre. Car s’il y’a un challenger sérieux pour la liste conduite par lui, c’est bien le candidat du parti au pouvoir, le RPM ; un parti qui a catégoriquement refusé d’aller en alliance avec le maire sortant de Bamako. De ce fait, aucun intérêt ne saurait amener le maire sortant de Bamako à vouloir tenter une opération de séduction en cette période.
Seulement ce qui reste crédible, c’est le fait que le maire sortant de Bamako, en sa qualité de premier vice-président du parti a donné son opinion face à une question devenue une situation qui divise de plus en plus leur formation politique, le mieux implanté du landerneau politique national. Un parti qui, certes, n’a pas d’alliance formelle signée avec le RPM, mais qui a participé au pouvoir du début jusqu’à cette période de fin de mandat d’IBK. Cela, au point de placer toute l’ossature qui fait sa direction dans les différents gouvernements du président IBK. D‘ailleurs, bien sage, qu’il est, le maire Sangaré n’a pas touché du doigt à cet aspect. Il a tout simplement dit ce qui ne fait l’objet d’aucun doute : l’Adema ne dispose pas de candidat qui incarne le consensus.
Maintenant ceux qui pensent le contraire, peuvent apporter la preuve opposée. A ce niveau aussi, il est connu de tous que ceux qui prônent une candidature interne au sein de la Ruche, sont tous en opération de chantage ou de revanche. Cela pour réacquérir leur strapontin politique perdu ou faire avaler au Mandé Massa la couleuvre comme en 2002 par le biais d’Alpha Oumar Konaré. Cette dernière ne semble plus plausible au regard de la grande mobilisation des Sikassois derrière leur président de la République. Du coup, l’histoire donne raison à Adama Sangaré, d’avoir dit ces vérités, qui sont gênantes quand même.
Moustapha Diawara
Source: infosepte mali