Baromètre des régimes maliens, les camps militaires donnent toujours des signes qui ne trompent pas. A chaque fois que la grande muette est confrontée à des difficultés, cela se ressent dans les cercles du pouvoir. L’audition de l’ancien ministre Moussa Sinko Coulibaly en est une preuve. Mais la sortie de ce général démissionnaire n’est que la partie visible de l’iceberg dont le fondement s’appelle corruption.
Il est reproché à l’ancien ministre d’avoir fait l’apologie du putsch dans un message posté sur twitter dans la foulée des évènements malheureux des camps militaires de Mondoro et Boulkessi. Le militaire que fut Sinko a surtout cédé à l’émotion lorsque ces camps militaires ont été effroyablement attaqués par des présumés terroristes. La question est de savoir quelle serait sa position s’il était encore aux affaires.
Mais avant Moussa Sinko, il y a eu les épouses des militaires du camp de Djicoroni Para qui sont sorties pour barricader les routes. Dieu sait quelle aurait été la suite de cette manif qui avait commencé à faire des émules dans d’autres camps. Une pluie bénite a écourté le mouvement de colère de ces femmes qui avaient été suivies par celles du camp de Kati, et on s’apprêtait à suivre le mouvement dans d’autres camps.
Ces évènements ont été suivis avec inquiétude à Koulouba. Peu après la sortie de Moussa Sinko, le président IBK avait lui-même réagi en estimant qu’un coup d’Etat n’est pas à l’ordre du jour au Mali, pays en guerre. Les tweets d’un des fils d’IBK soulignent à quel point le pouvoir se sent dans l’œil du cyclone. Quand l’armée tousse, Koulouba éternue ! Telle est la règle en vigueur depuis la chute du président ATT.
Le hic est que Koulouba n’a rien entrepris pour rassurer les camps militaires où le sentiment le plus partagé est que l’armée de l’air ne fait pas son boulot. On comprend pourquoi les épouses du camp de Sévaré ont manifesté le samedi dernier (11 octobre 2019) pour s’opposer au départ de leurs époux sur le théâtre des opérations. Elles ont même exigé le déploiement des généraux sur le terrain avant le départ de leurs époux.
Dans les camps, on compte surtout sur les hélicoptères et autres avions de combats dont IBK se glorifie. Ce qu’on ne comprend pas est que des milliards ont été débloqués pour l’acquisition des avions, mais le moyen aérien est toujours indexé chaque fois que les choses tournent mal. Dans ce contexte, le silence du pouvoir est suspect aux yeux des familles des militaires. Y-a-t-il un embargo sur certains types d’armes ? Les hauts gradés ont-ils détourné une partie de l’argent ? IBK doit dire la vérité pour être compris
A.D
La Sirène