Avant d’annoncer la tenue du meeting prévu le 10 février au stade du 26 mars, Mahmoud Dicko s’était montré plus rassembleur lors de ses dernières sorties publiques. Le président du Haut conseil islamique du Mali(HCIM) reste persuadé que les gouvernants se sont détournés du droit chemin, mais le meeting programmé à Bamako sous la présidence de l’imam Bouyé Haidara de Nioro vise une seule chose : donner aux Maliens l’initiative de leur destin politique.
Il s’agit aussi pour Dicko et ses compagnons de prendre publiquement position dans le dialogue de sourds entre IBK et la classe politique. Ainsi, ils s’attaquent à un sujet qui a jeté le froid entre le président IBK et certains hommes politiques qui ont clamé en vain un changement dans la gouvernance du pays marquée, selon eux, par la mainmise d’une poignée de personnes liées par leurs intérêts sur les affaires publiques.
Le ton du message que Dicko veut transmettre a été donné en janvier dernier lors d’interviews accordées aux médias privés. L’imam n’a pas changé d’avis sur la façon dont il pense que le président de la République a conduit le pays dans l’impasse. On se souvient qu’il avait notamment déclaré que le président IBK ne devrait pas passer une nuit de plus à la tête du pays, rappelant par exemple qu’il n’a jamais sanctionné un ministre dans des scandales avérés.
Bouyé Haïdara qui est la caution morale de la rencontre du 10 février est également très remonté contre le pouvoir d’IBK depuis plus d’une année. L’on s’attend donc à tout sauf un meeting pour encenser le pouvoir. Par ailleurs, il sera beaucoup plus question de dépasser les divergences de point de vue entre les forces vives de la nation. Ainsi, la rencontre se déploiera à souder les liens entre les partis politiques, les associations et leaders d’opinions.
Plutôt que d’isoler le régime, les organisateurs du meeting veulent montrer qu’ils ont pris conscience de la force d’un peuple uni et déterminé face aux défis de leur pays. L’unité constituera un frein à toute action politique ou administrative désapprouvée par l’opinion nationale. Le souci des organisateurs est d’amener le pouvoir à traduire en acte concret le souhait de la population de mettre hors d’état de nuire les bandits du centre et les abus de l’Etat.
Dicko mène en filigrane un combat de souveraineté, en construisant un barrage populaire aux injonctions de la diplomatie internationale. «Mieux vaut être affamé que d’accepter certaines nourritures », avait-il déclaré.
En d’autres termes, l’ambition des religieux est de rendre le Mali aux Maliens en étant un groupe de pression. Ce sera un pied de nez à ceux qui ont donné 6 mois au Mali pour appliquer l’accord d’Alger, un accord impopulaire qui n’a pas fini de soulever des mésententes.
Soumaila T. Diarra
Le republicain mali