En décembre dernier naissait la Coalition des associations et mouvements patriotiques du Mali (CAMP – Mali). Pour sa toute première manifestation, organisée contre le découpage administratif et la prorogation du mandat des députés à l’Assemblée nationale, les manifestants ont arboré des gilets jaunes, s’inspirant du mouvement français. Sur sa lancée, la coalition a initié d’autres activités et compte mener des actions d’envergure dans les prochains jours. Cela suffira t-il à asseoir une réelle dynamique « Gilets jaunes » au Mali ?
Après une manifestation début décembre, qui a réuni une dizaine d’associations et de mouvements de jeunes dans un meeting de protestation contre deux décisions du gouvernement, qu’elle avait qualifié de « violations flagrantes de la Loi fondamentale », la Coalition des associations et mouvements patriotiques du Mali ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. « Notre objectif, c’est d’abord un Mali uni. Nous voulons redonner espoir à la jeunesse et faire comprendre aux jeunes que le Mali peut réussir sans les politiciens », dit Djibril Camara, porte-parole de la coalition.
Ce dernier croit fermement en la réussite de la dynamique « Gilets jaunes » qu’ils ont initiée par leur regroupement. « Cela peut prendre de l’ampleur. Nous y croyons. Il suffit que la jeunesse prenne conscience de ce qui se passe dans le pays », pense celui qui est aussi chargé des relations extérieures dans la coalition.
Pour ce faire le regroupement a d’ores et déjà lancé des campagnes de sensibilisation à l’endroit des jeunes et les rencontres se poursuivent dans les quartiers en vue de préparer l’une des prochaines actions phares : une grande manifestation contre la vie chère au Mali.
Faibles chances ?
Malgré la volonté et l’engagement des initiateurs du mouvement, ce dernier ne semble pas avoir encore beaucoup d’ampleur. D’ailleurs, son porte-parole dresse un bilan « passable » de la première manifestation, qu’il remet dans un contexte de démarrage.
Au plan sociologique, les chances de réussite d’un mouvement des « Gilets jaunes » au Mali seraient faibles, selon certains. « Il est difficile qu’un tel mouvement prenne au Mali, parce que nous avons une société civile non homogène, qui a peu de convictions. Or la résistance d’une société civile dépend aussi de son niveau d’appréhension des choses », analyse Dr Bouréma Touré, socio-anthropologue à l’Université des Lettres et sciences humaines de Bamako.
« Il peut y avoir un bon départ, mais après il y a de fortes chances que le mouvement se disloque au fur et à mesure, à cause, entre autres, des menaces de l’État, de la corruption et des calculs politiques », affirme Dr Touré.
Journal du mali