Le tollé qui a accompagné l’organisation du Sommet Afrique-France avec notamment l’attribution de multiples marchés par entente directe, en violation des procédures en vigueur en matière de finances publiques et surtout en foulant aux pieds les dispositions du code des marchés publics. Il était donc normal, après avoir effectué cette mission à lui confiée par le chef de l’Etat, que le président du Comité d’organisation, Abdallah Coulibaly, rende compte. Tout comme, c’est dans l’ordre des choses que de voir le ministre de l’Economie et des Finances commettre les contrôleurs des Finances pour savoir ce qui a été fait des ressources financières gérés par Abdallah Coulibaly.
Le président du Comité national d’organisation du Sommet Afrique-France, Abdallah Coulibaly, se trouve aujourd’hui dans le collimateur du ministre de l’Economie et des Finances, Dr Boubou Cissé. Réputé être très rigoureux en matière de gestion des fonds de l’Etat, le jeune ministre veut y voir très clair dans la gestion des ressources financières de ce grand rendez-vous, qui s’est tenu du 13 au 14 janvier dernier, à Bamako, avec la participation de plusieurs personnalités dont des chefs d’Etat.
Comme il fallait s’y attendre, Dr Boubou Cissé a envoyé, il y a quelques semaines seulement, une équipe de contrôleurs pour vérifier les dépenses du Comité d’organisation du Sommet Afrique-France. C’est dire que le président Abdallah Coulibaly a du pain sur la planche puisqu’il doit justifier tous les fonds déboursés. Cela, avec des factures réelles.
Pas question de fausses factures pour qui connait le Ministre Boubou Cissé. Allez demander aux vrais faux créanciers de l’Etat qui réclamaient 80 milliards de francs Cfa à l’Etat !
En tout cas, sitôt le Sommet terminé, la clameur s’est aussitôt levée, accusant Abdallah Coulibaly d’avoir fait une mauvaise gestion du Sommet en attribuant de façon pas orthodoxe plusieurs marchés d’un montant de plusieurs milliards de Fcfa. On n’a parlé du marché de la restauration attribué de façon que cela tombe dans l’escarcelle d’un de ses proches parmi les proches et qui n’a fait finalement que sous-traiter avec des Sénégalais. Oui ! Pour un événement aussi important que le Sommet Afrique-France, notre bouffe était concoctée par un traiteur sénégalais établi à Dakar. Même si financièrement les contrôleurs se chargeront d’en dire plus, le procédé, en tant que tel, a jeté l’anathème sur les milieux professionnels de la restauration du pays qui voient ainsi cette manne financière partir à Dakar, alors que l’on parle de relance de l’économie nationale.
Des marchés scandaleux attribués par entente directe
Par ailleurs, des marchés ont été attribués par entente directe (gré-à-gré) et malheureusement, certains d’entre eux n’ont pas, jusqu’à présent, été exécutés. C’est le cas du salon de la nouvelle aérogare de l’aéroport international Modibo Kéïta où certains matériels, notamment des mobiliers, ont pris du retard. Ils étaient bloqués à Abidjan jusqu’ au moment du Sommet. Pour pallier cette situation, les mobiliers du salon de l’ancienne aérogare et du Palais de Koulouba ont été transférés sur les lieux.
Il y a aussi la réfection du Centre international de conférences de Bamako qui fait l’objet de toutes les controverses. Sans compter la communication désastreuse, comme s’il n’y avait pas suffisamment d’argent pour ce chapitre. Nous sommes d’ailleurs pressés de savoir le montant des dépenses effectuées sous ce chapitre budgétaire.
En plus, il y a la question des véhicules car le Comité d’organisation prétend en avoir achetés, alors que dans le cadre des relations d’amitié forte qui les lient au Mali, les Emirats Arabes Unis ont offert à notre pays quatre-vingt (80) voitures 4×4 dont une trentaine blindées.
Il est nécessaire de rappeler que le président du Comité national d’organisation du Sommet Afrique-France disposait d’un staff composé de 3 conseillers, 4 chargés de projet, 2 secrétaires. Sans oublier un personnel d’appui de 3 chauffeurs et 2 plantons.
Abdallah Coulibaly et le directeur des finances et de la comptabilité-matière signaient conjointement les titres de paiement émis sur les ressources financières du Comité. Par ailleurs, les opérations de recettes et de dépenses étaient contrôlées par un contrôleur financier, nommé par le ministre de l’Economie et des Finances.
Rappelons qu’après l’organisation du Sommet Afrique-France de 2007, le président ATT avait fait auditer la gestion de l’événement et le président du Comité d’organisation d’alors, un certain Tiéblé Dramé, avait dû beaucoup gesticuler pour se défendre des accusations de mauvaise gestion qui fusaient de toutes parts. Qu’en sera-t-il du cas Abdallah, de loin incomparable à celui de Tiéblé par les montants en jeu, les contextes et aussi les différents réseaux d’influence et d’intérêts intervenus dans cette affaire d’organisation du Sommet Afrique-France. Alors, vivement donc le rapport de contrôle !
A.B. HAÏDARA