En effet, depuis l’annonce de l’AES, suivie du retrait de ces pays membres (Mali, Burkina Faso, Niger) d’une CEDEAO plus fébrile que jamais, les allégations et considérations narquoises n’ont eu de cesse de fuser. Cependant, l’irrésistible force des choses fait qu’on aura assisté, le 6 juillet 2024 à Niamey, à l’adoption d’un accord instituant une confédération des Etats du Sahel déterminée à braver même l’impossible. Toutefois, la réaction ipso facto de la CEDEAO, dès le lendemain, à l’occasion de son 65è sommet, présage de conséquences rigides, quoiqu’elle laisse entrouverte la porte pour un éventuel retour, tel qu’en témoigne l’allocution du président Sénégalais Bassirou Diomaye Faye exhortant l’organisation sous-régionale à éviter le retrait des trois pays frères. Abstraction faite de tout ce qui a occasionné cette situation non avenante pour l’Afrique de l’ouest, on ne peut que reconnaître la pertinence d’une telle initiative de ces trois États, qui vivaient un enfer sécuritaire sous le regard désinvolte de la CEDEAO et de la communauté internationale. Pour autant, la genèse même de la CEDEAO ne permet pas le retrait de ces nations incontournables qui doivent aussi se condescendre à opter pour plus de flexibilité. Selon un adage ouest africain, ça n’est parce qu’on a mal l’œil qu’on doit s’en défaire. L’AES, au regard de l’attachement affiché de la CEDEAO à ses composantes, doit savoir tirer son épingle du jeu avec des propositions réalistes tout en restant au sein de cette organisation certes désavouée, mais dont les sanctions brandies peuvent avoir des conséquences affreuses en cas de rupture définitive. Somme toute, même si le chef de la diplomatie malienne estime que le retrait des trois pays est irréversible, il faudra avoir la sagesse de s’interroger s’il existe un brin de possibilité pour l’AES et ses ambitions d’exister au sein la CEDEAO en toute conformité. Oui cette option est l’unique convenable pour les deux camps même si le vent n’est point favorable.
Seydou Diakité
Source: Le Témoin