«Le business, avant, tout le monde en profitait. Concurrents la journée, amis le soir. Maintenant c’est n’importe quoi. Ils tuent des gens qui ne sont même pas impliqués dans le deal !» Cette réflexion, parmi d’autres, illustre l’incompréhension qui règne dans le nord de Toulouse depuis que début décembre, les armes parlent et font des dégâts.
Déjà deux morts, deux garçons sans histoire et sûrement pas à classer parmi les voyous des quartiers nord toulousains célèbres pour avoir vu grandir Zebda mais aussi Mohammed Merah et quelques solides trafiquants de drogue.
Les Izards qui depuis le 4 décembre et une première série de coups de feu sur un commerce sont plombés par la méfiance. Personne n’est bienvenue dans un quartier en pleine réhabilitation et où les patrouilles de CRS rendent le trafic de drogue, cannabis et cocaïne, difficile. Deux jours après ces premiers tirs, le gérant d’un snack a été pris pour cible. Il s’en est sorti presque par miracle. Le dimanche suivant, une rafale d’arme automatique a secoué le quartier. Tirées à hauteur d’homme, «pour tuer», les balles ont ôté la vie à Nabil, 18 ans. Un gars du quartier sans histoire, victime d’une violence aveugle et sans doute de s’être trouvé au mauvais endroit et au mauvais moment. La police judiciaire a accéléré son enquête, a interpellé deux suspects mais le calme n’est pas revenu. Le mardi 21 janvier, dans la soirée, deux individus sont entrés dans le snack de la route de Launaguet, Le Milano, et ont abattu à bout portant, au fusil de chasse un homme de 25 ans. Là encore e Miloud n’était pas connu pour se livrer au trafic de drogue. A-t-il été abattu parce qu’il avait trouvé refuge derrière le comptoir de l’établissement ? A-t-il été pris pour un des gérants, déjà pris pour cible au début de cette série de coups de feu ? Les tueurs connaissaient-ils leur cible ? Ces questions restent pour l’instant sans réponse. L’enquête toujours gérée par le service régional de la police judiciaire est désormais placée sous l’autorité de la juridiction interrégionale spécialisée de Bordeaux. Les policiers travaillent, discrètement. Dans le quartier, on se cache et on s’inquiète. «Ça peut recommencer. Ils sont devenus fous…», avertit un ancien.