Tout est bien qui finit. Au bout de laborieuses négociations qui ont frôlé par moment les échauffourées, la principale centrale syndicale malienne et les autorités gouvernementales sont finalement tombés d’accord in extrémis à la veille de la date annoncée pour le déclanchement d’une grève de 72 heures. Les deux parties ont essentiellement convenu d’échelonner les revendications catégorielles de travailleurs sur un échéancier qui coure jusqu’en 2015 pour certaines doléances. On y dénombre, entre autres, la revue à la baisse des tarifs d’eau et d’électricité, dont l’application, en vertu du protocole d’accord passé avec l’Untm, débutera en décembre prochain. Quant à la question du relèvement des indices salariaux, qui préconise une augmentation du salaire minimal jusqu’à concurrence de 35 000 Francs CFA, elle connaitra une application en deux phases : une hausse de 10% en 2015 et l’autre moitié avant 2017. Parmi les acquis décrochés par les travailleurs se trouvent également les allocations familiales sur lesquelles le gouvernement a finalement lâché du lest tout comme sur la question de..
En tout état de cause, les concessions paraissent assez significatives pour désamorcer une crise qui, si elle perdurait, pouvait mettre en mal pour de bon une quiétude nationale déjà si fortement ébranlée par la crise septentrionale et, dans une certaine mesure, par les différents scandales financiers qui affectent dangereusement la crédibilité de l’Etat.
Mais la levée du mot d’ordre de grève ne signifie guère que baisse de la garde. La méfiance reste de mise à cause notamment des nombreuses réserves sur la capacité des hautes autorités à honorer leurs engagements. Pour ce qui est des moyens, les syndicalistes – se fondant sur les indications fournies par les partenaires financiers – sont persuadés que leurs revendications ne sont pas au-dessus des capacités de l’Etat et que leur réponse ne tient qu’à une optimisation des ressources.
Reste qu’il repose à tous points de vue sur des scénarii hypothétique et qu’il n’est point exclu que l’Untm ait décroché l’accord d’un pouvoir acculé et le couteau sur la gorge. Quid alors de l’éventualité que les acquis souffrent de quelques divisions internes suscitées dans les rangs syndicalistes ? Un tel scénario ne parait pas au-dessus de la perspicacité des leaders syndicaux, lesquels confient avoir prévu toutes les éventualités.
Approché par nos soins sur la question, le Secrétaire général Yacouba Katilé assure que son organisation prend toute la mesure de la situation et n’a exclu aucune éventualité, y compris lors des dernières négociations ayant finalement abouti. «Nous avons été confrontés au problème d’infiltration mais les camarades ont vite compris que les travailleurs maliens ne sont plus disposés à monnayer leur revendication ». Et de prévenir, par la même occasion, que le leader qui aurait joué le jeu l’airait fait de toutes les façons aux dépens de sa légitimité au sein de sa structure de base. Le Secrétaire général a en outre confié qu’un système d’alerte a été mis en place dans ce sens, qui a réussi à détecter en son temps tous les canaux ciblés par les tentatives d’infiltration des rangs. Reste à savoir si cette vigilance continuera de résister à l’usure du temps d’ici à l’échéance annoncée pour l’exécution des engagements du Gouvernement.