De l’Union Nationale des Travailleurs du Mali (UNTM), aux administrateurs civils, jusqu’au regroupement des boulangers, les syndicats ne facilitent pas la tâche à Bah N’Daw et à son équipe.
Abidjan, 14 Décembre 2020. Bah N’Daw part en vrille. Face à la diaspora malienne, venue s’enquérir de l’Etat de la nation, le président de la transition, irrité, n’a pas pu s’empêcher de rêver en haute voix, lorsque la question des grèves a été évoqué. « Avec l’état actuel du Mali, quelqu‘un qui jouit de ses facultés mentales ne doit pas parler de grève à fortiori partir en grève » a lâché le Président. Symbole de l’agacement que les multiples grèves affligent aux autorités de la transition. Pourtant tout avait bien commencé. Quand, en septembre dernier, le CNSP a eu un accord avec les syndicats de l’éducation signataires du 15 octobre 2016, qui avait permis de terminer l’année scolaire et de faire les examens de fin d’année, beaucoup croyait à la naissance d’une nouvelle ère entre les syndicats et les autorités du pays. L’espoir a été de courte durée, lorsqu’en décembre, l’union nationale des travailleurs du Mali a entamé à leur tour une grève pour « l’harmonisation des grilles salariales et des primes et indemnités dans la fonction publique, le sort des travailleurs compressés, issus d’entreprises d’Etat ayant été privatisées ». Avant l’UNTM, le syndicat autonome des administrateurs civils était déjà dans la mêlée, c’est qui avait retardé le processus de révision de la liste électorale.
Alors qu’un accord semble avoir été trouvé entre le gouvernement et l’UNTM, les boulangers et les conducteurs de transport en commun se sont mis dans la cadence en ce début février. Les transporteurs à cause d’une mesure du ministère des transports qui exige « un paiement des péages par nombre de passages tout en doublant la somme » ; les boulangers à cause « de la hausse du prix du sac de farine. » « Du 1er janvier 2021 au 19 janvier 2021, 3000 F CFA a été ajouté sur le prix du sac de farine », affirme Ahmed Dembélé, Secrétaire générale de la fédération syndicale des boulangers et pâtissiers du Mali, dans une vidéo sur “Mali Actu“. Ainsi le prix du pain est passé de 250 à 300 F CFA. Au grand désarroi de Mah Touré, vendeuse de nourriture au marché de Sirakoro Meguetana. « J’ai dû arrêter mon business pour l’instant à cause de l’augmentation du prix du pain. Quand je l’achète à 300F, en le détaillant, je ne génère plus de bénéfice », raconte-t-elle désemparée. Tout comme elle, Mohamed Dicko, boutiquier, ne cache pas sa colère. « Je ne gagnes que 30 F CFA de bénéfice sur le pain actuellement. Aussi, vu que je suis obligé de le mettre dans un caillou qui coute 10 F CFA, ça fait moins d’argent. Si ça persévère je vais même arrêter de vendre du pain. Avec la montée du prix, les clients se font rares, et certains pains se gâtent », se lamente le boutiquier.
Alors que l’UNTM menace encore de déposer « un préavis de grève dure » à cause « des changements constatés dans les accords obtenus avec le gouvernement, dans une lettre circulaire », Bah N’Daw, encore au pouvoir pour plusieurs mois, n’a pas fini de partir en vrille.
Aly Asmane Ascofaré
Source : Canard Déchaine