Voilà plus d’un mois que le secteur de la santé est paralysé par une grève illimitée. La situation ne laisse pas l’Union nationale des travailleurs du Mali (Untm) indifférente. Le secrétaire général de cette centrale syndicale, Yacouba Katilé, a brandi, lors d’une conférence de presse tenue hier à la bourse du travail, la menace de généraliser le mouvement si le gouvernement ne trouve pas, au plus vite, une issue heureuse à la crise. En d’autre terme, la centrale entrera dans la « danse » pour la satisfaction des revendications des agents de la santé. À l’occasion, le conférencier a édifié la presse sur le rôle que joue sa centrale « devant ce bouillonnement social ».
L’Untm, selon son secrétaire général, suit de près les péripéties de cette grève illimitée, tout en respectant les droits et libertés des travailleuses et travailleurs de la santé. « Tant qu’ils auront encore des ressources, des espoirs de négocier, nous les laissons agir. Mais nous ne travaillons jamais à faire échouer leur action », a déclaré Katilé.
Cependant, prévient la centrale syndicale, « quand les syndicats de la santé signeront un procès-verbal de non conciliation, nous prendrons le relais». Et « ce serait extrêmement dangereux, très dangereux », menace le leader syndical qui précise que l’Etat encourage les ministres fautifs, négligents et même irrespectueux à l’égard des travailleurs. Cet Etat à travers trois ministres laisse perdurer la grève, selon Katilé. Les autorités ont-ils une idée des pertes en vies humaines, des dommages financiers ? s’interroge-t-il.
« La grève de la santé n’est pas un phénomène spontané », selon Yacouba Katilé. En effet, rappelle-t-il, dès la fin du 12è Congrès (en 2012) du syndicat national de la santé et des affaires sociales, des doléances ont été formulée. Faute d’interlocuteur sérieux et face au silence coupable des autorités en charge de la question, le syndicat de la santé a été obligé de déposer un préavis de grève. Des négociations aussitôt engagées ont abouti à des points d’accord et un chronogramme avait été élaboré pour leur mise en œuvre.
Malgré ce chronogramme d’exécution détaillé, les ministres des départements concernés non jamais répondu aux sollicitations écrites du bureau national du syndicat de la santé. Aussi, refusaient- ils toute audience aux syndicalistes. « Même au plus fort du régime dictatorial, des syndicats ont toujours eu des contacts fréquents et directs avec les ministres », se souvient Katilé. Et il s’interroge : Que veut dire notre démocratie et surtout la démocratie participative, si l’on ne se voit pas, si négocier n’est qu’une formalité pour jeter la poudre aux yeux des syndicalistes ?
La grève de la santé fait mal à la population, concède le leader syndical. « Mais cela n’a nullement affecté les autorités, quand en réponse à la grève illimitée, elles disent que la fatigue et le découragement aidant, le travail sera repris de lui-même », poursuit-il. Cette grève est, de l’avis de Yacouba Katilé, légitime et normale. « Aucune législation au monde ne peut déceler des irrégularités dans cette grève. Les irrégularités, les illégalités se trouvent plutôt dans les attitudes de défis, contre-vérités des autorités publiques », a-t-soutenu. Ainsi, fustigeait-il l’attitude des autorités qui affectent un bas niveau à cette grève des blouses blanches.
Hamadoun Amion Guindo, secrétaire général de la Cstm, était également invité à la rencontre. Celui-ci a plaidé pour la constitution d’un front syndical commun contre l’Etat. Aussi, il a fustigé l’acte de la Fédération nationale des centres de santé communautaire (Fenascom) qui s’est désolidarisée de la grève en cours. Selon Hamadoun Amion Guindo, cette fédération n’est pas une organisation syndicale et elle n’a aucune qualité à suspendre une quelconque grève du secteur de la santé.
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