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Frictions au sein de la majorité présidentielle : Quand l’APR et son leader soufflent le chaud et le froid

L’Alliance pour la République (APR) d’Oumar Ibrahima Touré a-t-elle des griefs à faire valoir à propos de la gouvernance ? Ce parti et son leader soutiennent-ils le gouvernement Boubou Cissé ? Les réponses tardent car il y a un fossé abyssal entre le discours qu’Oumar Ibrahim Touré tient officiellement et ses confidences

 

Si faire la politique équivaut à s’attendre à des récompenses à court ou moyen terme, l’attentisme dans la rétribution pousse à laisser tomber les masques. Et à afficher son mécontentement. C’est ce qui risque d’arriver à certaines formations politiques de la majorité présidentielle, Ensemble pour le Mali  (EPM)

Ils sont nombreux les acteurs politiques de la majorité présidentielle qui ne sont pas du tout satisfaits de la redistribution des cartes politiques à travers l’Accord politique de gouvernance de Dr. Boubou Cissé. Si le RPM supporte cette frustration avec une certaine résignation et une moue difficilement dissimulée chez Me Baber Gano, devenu « petit » ministre de l’Intégration africaine, l’APR d’Oumar Ibrahim Touré n’arrive plus à cacher son malaise. Ou, du moins, le parti du perroquet cache très mal son insatisfaction ou son aigreur.

Dans son discours, lors du 6ème  anniversaire de son parti, le vendredi dernier, Oumar Ibrahim Touré s’est réjoui de la signature de l’Accord politique. Il estime cependant qu’il n’est pas suffisant. « L’accord politique doit être le point de départ des discussions autour des questions existentielles. » Pour cela, Oumar Ibrahim Touré a appelé à la constitution d’un socle politique pour faire face à toutes les adversités auxquelles le pays est confronté.

Comme quoi le leader de l’APR tient à dénoncer de façon sibylline les insuffisances ou insatisfactions découlant du fonctionnement de l’alliance Ensemble pour le Mali (EPM). Il s’est montré critique à l’endroit de ce regroupement en relevant que «les règles n’ont toujours pas été respectées ». Comme si tout cela ne suffisait pas, Oumar Ibrahim Touré a affirmé qu’il y’a eu des manœuvres pour marginaliser son parti de cette plateforme politique. Cela explique-t-il les tentatives à créer un autre regroupement politique avec des leaders comme Me Mountaga Tall, Dr Choguel Kokalla Maïga, dont on connaît les diatribes contre le pouvoir IBK, depuis plusieurs mois ?

Pour certains observateurs de la scène politique nationale, ce discours de l’ancien ministre-Commissaire à la sécurité alimentaire traduit un malaise au sein de la majorité présidentielle. Et ce n’est un secret pour personne que le président du parti du perroquet lorgnait un poste ministériel plein au sein du gouvernement de Boubou Cissé. Mais, par manque de courage, Oumar I. Touré bredouillera qu’il n’y a aucune frustration à l’APR à propos du nouveau gouvernement. « La rentrée au gouvernement n’a jamais été une priorité pour le parti ». Des propos qui cachent mal la déception des cadres et militants de l’APR, qui pensent que le parti n’a pas été récompensé à sa juste valeur.

Comme si cela ne suffisait pas et pour souffler le chaud et le froid, sans remettre en cause la gestion du régime actuel, l’ancien ministre de la Santé estime que le Mali a besoin « d’une réorientation stratégique tant au niveau de la gouvernance publique qu’au niveau du rôle des citoyens (…) ». Pour cela,  poursuit-il, « nous nous devons, même au sein de la majorité présidentielle, questionner sérieusement et rigoureusement sans complaisance notre  parcours, évaluer le bilan, mettre le doigt sur nos réussites et surtout nos échecs dans l’optique d’avoir les ressorts nécessaires pour rebondir ». Un rebondissement qui passera par la nomination d’Oumar Ibrahim Touré à la tête d’un département ministériel ? La question se murmure, tant l’insatisfaction transparaît dans les yeux de ce haut cadre de Goundam.

C’est pourquoi, l’ancien ministre de la Santé d’ATT, qui avait vu son image sérieusement écornée dans l’affaire du Fonds mondial (détournement d’un programme de financement pour des équipements sanitaires) rappellera le rôle joué par son parti dans la réélection du  président IBK en 2018. « Nous sommes mobilisés sur l’ensemble du territoire pour réussir la campagne. La présente des femmes et des jeunes étaient sur les affiches produites par la direction de campagne d’IBK. Nous avons-nous même accompagné IBK à l’intérieur  jusqu’à Kidal. » Avant de fustiger que certains ont, malgré tout, tenté de ternir l’image de l’APR en affirmant que le parti n’a pas donné de consigne de vote. « Ce sont des comportements inadmissibles et il faut arrêter ». Le patron du parti du perroquet a toutefois mis en garde ces officines contre « toute tentative d’occulter l’apport précieux de l’APR ».

Comme on le voit, le président de l’APR et ses militants sont visiblement remontés contre non seulement les alliés critiques, mais aussi contre les distributeurs de cartes de rétributions gouvernementales pour un non-renvoi d’ascenseur. Une crise de non récompense ou d’ingratitude politique.

Boubou SIDIBE

voix2bamako

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