Comme en Droit pénal, le repentir actif, une tentative de réparation hâtive de l’infraction, n’absout pas les faits incriminés. Les belles envolées lyriques du nouveau chef de la diplomatie malienne, l’ex-opposant Tiébilé Dramé n’ambitionnent-elles pas un devoir de pénitence à accomplir l’endroit du président IBK ?
L’on n’oubliera pas de si tôt que la gouvernance IBK a été violemment combattue, secouée par Tiébilé Dramé. Et le leader du PARENA avait, selon des proches de Koulouba, causé de sérieux préjudices moraux à IBK. Celui avait fini par cracher sa colère contre ce téméraire opposant en le qualifiant de « petit monsieur » lors de son retour d’une visite d’Etat à Paris en 2016. Cela n’aura pas suffi à décourager celui qui deviendra le bras droit du chef de file de l’opposition, Soumaïla Cissé. M. Dramé sera plus tranchant encore avec différents « dossiers » qu’il a éventrés sur la place publique : affaires des mille tracteurs, des engrais frelatés, etc. Après celles de l’avion présidentiel, des équipements militaires… Et il finira par prôner carrément le renversement du régime IBK : « Si IBK ne laisse pas le pouvoir, nous allons l’y contraindre », avait-il martelé en 2017, en pleine préparation de la présidentielle de 2018.
Et le sort fera que Tiébilé Dramé devient ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale. Donc, très proche et quasiment porte-voix du président en matière diplomatique. Il se mettra alors dans la posture du réparateur du tort précédemment causé au pouvoir, sinon au pays !
C’est dans cette optique qu’il joue bien son rôle. Avec un zèle à peine feint. Ainsi, à l’occasion de la célébration de la journée de l’Afrique dans la soirée du samedi dernier, Tiébilé Dramé, ministre des affaires étrangères du Mali, représentant son collègue de l’intégration africaine, a été clair face à l’attitude jugée déplacée du président de la CMA, Sidi Brahim Ould Sidati, présent à la cérémonie et qui ne voulait pas exécuter l’hymne national : «L’Accord d’Alger, c’est le respect du drapeau national ». Et d’enfoncer le clou, comme pour prouver au chef de l’Etat que Tiébilé est bien à bord du navire gouvernemental. « L’accord d’Alger est un tout pour nous. A savoir, la réconciliation nationale, le confort de notre démocratie », a indiqué Tiébélé Dramé.
Ensuite, il interpelle le représentant de l’ex-rébellion, présent à la cérémonie. «Mais l’accord d’Alger, c’est aussi le respect de l’unité nationale. C’est pourquoi je déplore, tout à l’heure, quand le chant du Mali était étonné, que le président en exercice de la CMA, mon frère Sidi Brahim Ould Sidati se lève avec du retard et ensuite croise les bras de façon désintéressée. L’hymne national du Mali, c’est le chant du Mali ! Il est souhaitable que tous les Maliens le respectent ».
Sidi Brahim Ould Sidati, de l’ex-rébellion, ne répond pas sur le champ alors que les propos du ministre ont été largement relayés par la télévision nationale et les réseaux sociaux.
Contacté après par Rfi, Sidi Brahim Ould Sidati, dira, visiblement pour montrer que Tiébilé Dramé en fait de trop, dira que « croiser les bras pour écouter le chant du Mali est un signe de respect » pour lui. Et la CMA de réagir que Tiébilé était pourtant hier l’un des plus grands pourfendeurs de l’Accord, dont il devient aujourd’hui le professeur défenseur.
Avant cet incident, le chef de la diplomatie malienne a bien rabattu le caquet du général français à la retraite Pinatel, qui a cru devoir semer par des propos peu amènes, les germes de la division entre les communautés maliennes. Tiébilé ne s’est pas fait prier pour le recadrer et lui offrir des lauriers de « faux spécialiste du Mali ».
Au vu de toutes ces « prestations du ministre Tiébilé Dramé, les observateurs avertis de la scène sociopolitique malienne n’hésitent pas à conclure que l’ancien opposant est plutôt dans le repentir actif. Histoire de se donner une bonne conscience et regagner peut-être les faveurs du prince du jour. Même Tiébilé demeure un bel orateur devant l’Eternel.
Boubou SIDIBE
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