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Frappe française au Mali : bavure ou bombardement de jihadistes ?

Une frappe aérienne menée début janvier dans la région de Douentza, au Mali, est l’objet d’une controverse. “Deux versions s’opposent”, selon notre journaliste Wassim Nasr : celle de l’armée française, qui affirme avoir frappé des jihadistes, et celle de villageois, pour qui un mariage a été pris pour cible. Une enquête de la Minusma est en cours.

Une frappe aérienne, et deux versions qui se font face. Que s’est-il passé le 3 janvier dans la région malienne de Douentza ? L’armée française est soupçonnée d’avoir frappé un mariage en faisant des victimes civiles – ce qu’elle dément, affirmant avoir mené une “action de combat” pour “neutraliser” des jihadistes.

Après enquête, selon le spécialiste des mouvements jihadistes Wassim Nasr, “il n’y a pas eu de femmes et d’enfants parmi les morts, ni parmi les blessés”. Outre les 19 morts, le journaliste de France 24 a pu voir les photos des blessés par la frappe aérienne : “Parmi eux, il n’y avait que des personnes âgées”.

“Le 7 janvier, poursuit-il, les forces armées maliennes ont affirmé que des jihadistes avaient été ciblés, une version corroborée par l’état-major français, qui a parlé d’une surveillance avec des drones et des lieux exacts des frappes”. Et Wassim Nasr d’ajouter : “Le 8 janvier, j’ai eu la confirmation des jihadistes comme quoi ils étaient présents sur les lieux le jour même, mais le matin. Et après, ils ont communiqué en disant qu’ils n’ont pas eu de victimes dans leurs rangs après cette frappe.”

La Minusma a eu accès au village de Bounti

Depuis les faits, plusieurs appels à des enquêtes ont été lancés que ce soit par Médecins sans Frontières, Human Rights Watch ou la Minusma. La force de maintien de la paix de l’ONU a d’ailleurs pu démarrer ses investigations, comme elle l’a affirmée le 29 janvier.

“La Minusma a pu atteindre Bounti pour récolter des témoignages et des preuves. C’est inédit, affirme Wassim Nasr, car elle subit des attaques des jihadistes tous les jours. Le fait qu’elle ait pu accéder à Bounti est significatif, cela veut dire que les jihadistes l’ont laissée passer – même MSF n’a pas eu cet accès.”

Le spécialiste des mouvements jihadistes poursuit : “Il y a une volonté des jihadistes qui tiennent ce territoire de laisser la Minusma arriver pour qu’elle puisse après mettre en avant la version selon laquelle il y aurait eu une bavure de la part des forces armées françaises”.

Ceci étant, la situation actuelle est encore émaillée de “beaucoup de points de questionnement”, selon Wassim Nasr. “Pour le moment, malgré ce qui a été avancé de part et d’autre, je suis dans l’incapacité de trancher et de dire ‘voilà comment ça s’est passé’. Peut-être que la vérité est entre les deux (…) À l’heure actuelle, deux versions s’opposent et on ne peut pas pencher d’un côté ou de l’autre. (…) Il faut maintenant attendre (les résultats de) l’enquête de la Minusma et peut-être de celle de HRW.”

Source : France24

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