Ce samedi, à l’issue du sommet consacré au Brexit, François Hollande sortira de la scène européenne. Sans que cela ne suscite d’émoi particulier : le président français n’y a pas fait forte impression. « Sarkozy avait la capacité de changer la dynamique d’une discussion au Conseil européen. Pas Hollande. Il n’a d’ailleurs jamais cherché à le faire », observe une source européenne.

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Comme c’est souvent le cas pour l’occupant de l’Elysée, c’est sur le terrain de la politique internationale que François Hollande s’est montré le plus convaincant. « Il a sensibilisé les autres Etats membres à la menace islamiste au Sahel, et c’est la France qui a déployé le plus de moyens au Mali », reconnaît un diplomate. Il s’est aussi engagé sur le front russo-ukrainien, avec (ou plutôt : à la suite de) la chancelière allemande Angela Merkel avec, pour résultat, les accords de Minsk et les réunions du groupe Normandie (Paris, Berlin, Kiev, Moscou).

Mais, pour le reste, « son rôle a été marginal dans les crises traversées par l’Union », commente le diplomate. « Il a été desservi par le décrochage de l’économie française par rapport à l’Allemagne, mais aussi par son manque d’autorité politique. Il n’était qu’un leader parmi les autres, alors que même si tous les Etats membres sont égaux, c’est quand même le président français. »

« L’autre grande différence entre Hollande et Merkel », dit le diplomate européen, « c’est que l’Allemande, elle, connaît les dossiers européens sur le bout des doigts ».Au crédit de François Hollande, on peut mettre le rôle d’honnête courtier joué par son pays lors de la crise grecque de 2015, entre le Premier ministre de gauche radicale Alexis Tsipras et Berlin. Même si, précise la source européenne, « l’idée que c’est la France qui a évité un Grexit est un récit français ».

Beaucoup de mots, peu d’actes

On allait pourtant voir ce qu’on allait voir, promettait en 2012 le candidat Hollande, annonçant sa volonté d’en finir avec la rigueur à l’échelon européen. Son intention de renégocier le Pacte budgétaire est restée lettre morte. Et le (vrai-faux) Pacte de croissance qu’il a obtenu dès son premier sommet fut un maigre lot de consolation.

Le Français a accédé au pouvoir juste après le pic de la crise de la zone euro. Il s’est posé en partisan de son renforcement et de son approfondissement, plaidant pour la création d’un budget et d’un Parlement de la zone euro. Les mots n’ont pas été suivis d’initiatives, François Hollande s’accommodant très tôt de l’intransigeance d’Angela Merkel. « Entre être un maillon fort du tandem franco-allemand et le chef de la gauche européenne et des pays du Sud, Hollande n’a jamais choisi », constate la source européenne. Il ne fut donc ni l’un, ni l’autre. Les clichés de complicité entre le président et la chancelière ne masquent pas que le couple franco-allemand a été peu fonctionnel. Ça a été patent au plus fort de la crise de l’asile, où, face au volontarisme de Merkel pour accueillir les réfugiés syriens, Paris a brillé par son absence « pour des raisons politique compréhensibles, vu la montée du FN », admet le diplomate.Et « au final, c’est l’Italien Renzi qui s’est emparé du leadership de la gauche ».

Pour un homme présenté comme un disciple de Jacques Delors, le bilan est maigre.