« L’amour secret du président », c’est le titre de l’article publié par Closer qui fait état d’une relation intime entre François Hollande et l’actrice Julie Gayet. Le magazine people publie des photos supposées être celle du chef de l’Etat, casqué, qui arrive en scooter au domicile de la comédienne, accompagné d’un seul agent de sécurité et en tire des conclusions sans équivoque sur la nature de la relation du président et de la comédienne.
La rumeur d’une liaison entre François Hollande et l’actrice Julie Gayet circulait depuis un certain temps déjà dans le microcosme politique, mais Closer a franchi un pas important, un tabou diront certains, en la mettant sur la place publique. Cette situation est assez inédite. En France, les affaires sentimentales des responsables politiques, présidents et ministres, bénéficient généralement d’une forme de discrétion au nom du respect de la vie privée. Surtout lorsqu’ils sont officiellement en couple, ce qui est le cas de François Hollande avec la journaliste Valérie Trierweiler.
Il n’y a pas vraiment de précédent comparable. La révélation de l’existence de la fille cachée de François Mitterrand, Mazarine, issue d’une relation adultère, dont la rumeur avait elle aussi couru longtemps dans les milieux avertis, avait été faite finalement, à l’époque, avec l’assentiment du président. Ce qui ne semble pas être le cas ici.
François Hollande menace Closer de poursuites
La réaction de François Hollande est, elle aussi, assez inédite. Le chef de l’Etat a jugé nécessaire de communiquer avant même la parution des photos et de l’article, dont il avait été informé. Il l’a fait en son nom propre et pas en tant que président de la République, en contactant l’Agence France Presse pour déplorer cette « atteinte au respect de la vie privée », auquel il estime avoir droit lui aussi. Il a par ailleurs déclaré qu’il examinait les suites à donner à cette parution, y compris sur le plan « judiciaire ». Mais il ne dément rien pour le moment de cette relation supposée.
Ces révélations de Closer ont provoqué un certain embarras de la classe politique. Il est vrai que le sujet est délicat et les réactions sont donc mesurées. A gauche, on botte en touche. Harlem Désir, le Premier secrétaire du Parti socialiste, a refusé de commenter sous prétexte qu’il ne s’agit pas d’un sujet politique. De même que la candidate socialiste à la mairie de Paris, Anne Hidalgo. Et le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a simplement abondé dans le sens de François Hollande en déclarant que le président avait « parfaitement raison » de demander le « respect de la vie privée ». Même Marine Le Pen a refusé d’attaquer François Hollande en affirmant, elle aussi, défendre le respect de la vie privée. Il y a une espèce d’accord tacite pour ne pas s’engouffrer dans la brèche, en tout cas pour le moment.
Quelles conséquences ?
Cette prudence montre que chacun évalue les dégâts que peuvent occasionner de telles révélations. On peut d’ailleurs imaginer que cette affaire va avoir des conséquences pour François Hollande. Au-delà de l’aspect personnel, non négligeable, il peut y avoir un impact politique. L’image de François Hollande risque d’être écornée. Non pas à cause d’un quelconque jugement moral, mais parce que cela peut accréditer l’idée qu’il n’est pas entièrement à sa tâche. Cela pourrait ne pas l’aider à regagner la confiance des Français.
Et à quelques jours d’une conférence de presse, présentée comme un moment crucial pour le chef de l’Etat, un moment de pédagogie et d’explication de sa politique économique, de ses ambitions pour la France, son message risque d’être parasité par une affaire de coeur et donc décrédibilisé.
Passer dans la rubrique people, ça n’est certainement pas une bonne nouvelle pour François Hollande. S’il devait passer ensuite dans la rubrique « justice » en poursuivant Closer, il prendrait le risque de s’exposer encore plus. François Hollande va devoir faire des choix difficiles.
En Chine, la ministre française de la Réforme de l’Etat, de la décentralisation et de la fonction publique a réagi également à l’affaire Closer…
“C’est peut-être aussi un peu de la faute des politiques qui ont sombré dans le “people”. Leurs photos chez eux ou autre…Peut-être qu’on porte collectivement la responsabilité de cela. Mais ça n’a aucun sens, ça n’a pas d’intérêt et ça n’influe pas sur l’action publique et je trouve ça triste.”
rfi