Le président rwandais et président en exercice de l’Union africaine (UA) était en France, dans le cadre de la rencontre « Tech for Good », qui réunit des dirigeants et des acteurs de la haute technologie mondiale. Il a également rencontré son homologue français pour une visite de travail.
C’est la première visite de Paul Kagame en France depuis 2011. Les relations entre Paris et Kigali sont tendues depuis 1994 suite au génocide rwandais. Les deux hommes, Paul Kagame et Emmanuel macron, qui se rencontraient pour la troisième fois, notamment en marge de l’assemblée générale de l’ONU à New York et à New Delhi en Inde, à l’occasion du sommet de l’énergie solaire, ont évoqué des relations bilatérales, les deux réformes sur le financement des opérations de maintien de la paix et du fonctionnement de l’UA.
Paul Kagame, Emmanuel Macron et les chefs d’entreprise ont échangé sur le rôle de la technologie et du numérique dans l’accès à l’emploi, à la santé. « Nous avons, avec le président rwandais, des priorités partagées sur ces sujets d’avenir », a déclaré Emmanuel Macron. « Les échanges ont aussi porté sur le sommet Vivatech qui mettra pour la première fois à l’honneur l’Afrique cette année. Le président rwandais est bien conscient de ces enjeux et de l’importance de la rupture technologique » pour le continent africain, a souligné le président français, qui a cité le modèle rwandais en la matière.
Emmanuel Macron a vanté l’« accélération, à la fois en matière d’équipement et de qualification dans le pays, qui montrait que le numérique n’était pas réservé à certaines latitudes ou à certains continents ». Le président français pense que le Rwanda est « un exemple suivi par de nombreux pays africains qui va continuer en terme d’innovation et de talent ».
Les deux chefs d’Etat ont abordé également des sujets d’intérêt commun entre leurs deux pays ainsi que la paix et la sécurité en Afrique, le soutien à l’innovation, le climat et l’environnement, les sujets linguistiques et éducatifs. Emmanuel Macron a aussi évoqué l’avenir de la jeune génération à « construire ensemble ».
Sur les questions de paix et sécurité en Afrique, en tant que président en exercice de l’UA, Paul Kagame s’est personnellement engagé en faveur d’une réforme de cette organisation. Ce dernier ayant une conviction partagée avec la France « d’assumer notre responsabilité et notre sécurité ». Emmanuel Macron croit, sur ce sujet, à « un multilatéralisme fort » qui va dans le sens de son« engagement » auprès de l’Union européenne (UE) et de l’UA, convaincu « qu’il est dans notre intérêt collectif de soutenir le renforcement et donc le renforcement pérenne et prévisible des opérations africaines de paix ». Le président français se rendra au sommet de l’UA, à Nouakchott, en Mauritanie, en juillet. Il a rappelé le rôle « essentiel » que joue le Rwanda pour le maintien de la paix sur le continent, qu’il a remercié.
Emmanuel Macron et Paul Kagame ont, en outre, évoqué plusieurs crises actuelles, où le rôle du président en exercice de l’UA est important, et « l’action conduite avec plusieurs autres Etats sera soutenue par la France », en particulier en Centrafrique, qui a plus que jamais besoin de la mobilisation des acteurs internationaux, régionaux et nationaux. Une « forte coordination et une étroite concertation » ont été soulignées par le président français, pour soutenir l’action de l’UA, soucieux que la « Centrafrique ne bascule pas dans un nouveau cycle de violence ».
Les deux chefs d’Etat ont aussi parlé du Sahel, une priorité pour la France et l’Afrique, « où là-bas aussi le travail est très étroit avec l’Union africaine, depuis le début », a souligné Emmanuel Macron, insistant sur les progrès reçus « sur la structuration de la Force G5-Sahel » et le déploiement de l’Alliance pour le Sahel, qui souhaite encore « faire davantage », et où l’intervention de l’UA, quant à la formation des troupes et d’initiative en accompagnement est « tout à fait souhaitable ».
Il a été, par ailleurs, question de la situation en République démocratique du Congo. « La position du l’Union africaine et des pays de la région est pour moi essentielle, j’y suis très attaché et je peux dire ici que nous partageons une analyse et position et que la France soutient l’initiative prise par le président de l’Union africaine en lien étroit avec le président congolais [Joseph Kabila] », a expliqué le président français.
Le président rwandais a reçu le soutien de son homologue français pour la candidature de sa ministre des Affaires étrangères, Louise Mushikiwako, au poste de secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie. Malgré ce soutien, le Rwanda n’a pas renoncé à l’idée d’abandonner l’anglais comme langue officielle. L’Elysée qualifie la rencontre comme un signe d’un apaisement entre Paris et Kigali.
Les deux présidents voulant « travailler ensemble malgré la complexité de la relation bilatérale », selon les termes d’Emmanuel Macron.
Agence d’Information d’Afrique Centrale