Renforcer la couverture des besoins en eau potable en milieu rural nécessite la création des conditions d’un autofinancement progressif qui peut assurer la viabilité et le fonctionnement durable des équipements de service. La stratégie nationale d’alimentation en eau potable pose les premiers jalons.
La fourniture de l’eau en milieu rural est subordonnée à la volonté des populations et à l’autorisation des maîtres d’ouvrages que sont les communes. La difficulté de mobilisation des ressources oblige les populations à prendre en charge et leur participation et la participation des communes. Ce qui fait supporter la totalité de la participation initiale par les communautés. Un peu injuste quand même, c’est le prix à payer pour bénéficier de l’eau potable. Malgré l’apport de l’Etat et des partenaires techniques et financiers qui supportent l’essentiel des charges de fourniture de l’eau aux populations en milieu rural.
Dans les grands centres urbains, il n’y a pas de participation initiale, les citadins sont les seuls à profiter de l’Etat providence en matière d’eau. Ce qui veut dire que les populations urbaines ne payent que ce qu’elles consomment. En milieu rural et semi-rural, la fourniture d’eau potable pour tous les usages se fait à travers des ouvrages, selon la densité de la population. La Direction nationale de l’hydraulique (DNH) a la charge d’assurer la coordination et l’application des règles en vigueur. Ses services déconcentrés portent, à leur demande, assistance et conseil aux maîtres d’ouvrages que sont les communes.
Disposant d’un inventaire des ressources et des besoins en eau, la DNH conseille aux intervenants les types d’ouvrages qu’il faut selon la taille de la population. Les techniciens proposent aux populations selon la taille et les besoins, un point d’eau à grand diamètre, une pompe à motricité humaine, un forage ou une adduction d’eau sommaire ou d’eau potable. Un projet de fourniture d’eau est initié par les communautés avec l’accord de la collectivité qui assure la maiîrise d’ouvrage. Il est recommandé de faire participer les bénéficiaires à toutes les étapes du processus qui va de la conception à la fourniture de service de l’eau jusqu’à l’entretien des installations.
La stratégie nationale d’adduction d’eau potable exige la clarification des rôles des intervenants que sont la collectivité, les usagers ou la population, le comité ou l’association en charge de la gestion des installations. La qualité d’exploitants des infrastructures d’alimentation en eau potable est réservée aux associations d’usagers et aux operateurs privés au terme du code de l’eau. Le prix est fixé selon le tarif que la commission de régulation de l’eau indique. Il est plafonné à un maximum de 500 FCFA le mètre cube. Les gestionnaires délégués, personnes physiques ou morales de droit public ou privé, relèvent du régime fiscal de droit commun. Assurant le recouvrement de la redevance sur l’eau pompée.
Le suivi systématique de l’exploitation est une obligation effectuée par les Directions régionales de l’hydraulique (DRH) pour les pompes à motricité humaine et les puits modernes et par opérateurs privés en charge du suivi technique et financier (STEFI) pour les adductions d’eau sommaire et les adductions d’eau Potable. Toutes ces charges doivent être supportées par les exploitants, c’est-à-dire les ressources issues de l’eau.
Il est créé un fonds de développement de l’eau, qui est un compte spécial du trésor alimenté par le budget national et les redevances perçues pour l’utilisation de l’eau prélevée du domaine public. Ce fonds doit recevoir des taxes sur la pollution des eaux, les taxes légales de l’exploitation de l’eau et un pourcentage de la participation initiale des communautés. Les ressources de ce fonds ne doivent être utilisées qu’au développement du secteur de l’eau. Le secrétaire exécutif de ce Fonds de développement de l’eau, Mamadou Coulibaly, compte entreprendre l’information et la sensibilisation des utilisateurs de l’eau afin qu’ils s’acquittent de leur obligation légale. En attendant, le fonds dispose d’un arsenal législatif et du personnel. Ce qui est peu favorable au développement de l’eau, cette denrée qui mobilise les populations pour l’amélioration de la qualité de vie.
Issa CAMARA
Source: Essor