L’accès équitable aux médicaments pose un défi qui ne peut être relevé que par une synergie d’action des secteurs public et privé
C’est un événement très couru des spécialistes. Le 16è Forum pharmaceutique international de Bamako, qui a débuté hier au Centre international des conférences, attire en effet les pharmaciens les plus prestigieux de la région Afrique et d’ailleurs. Ces sommités sont présentes dans notre capitale pour partager leur expertise avec la jeune garde de pharmaciens maliens et africains qui comptent bien tirer un bénéfice maximum de ce grand rendez-vous scientifique.
La cérémonie d’ouverture était présidée par le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, en présence du Premier ministre Modibo Keïta, des membres du gouvernement, des présidents des institutions. On notait aussi la présence du président du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens (CNOP) et du comité d’organisation du Forum, Dr Abdou Doumbia, du président de l’Intersyndicale des pharmaciens d’Afrique (ISPHARMA), Cheick Oumar Dia et de nombre d’invités.
Le Forum pharmaceutique international représente un cadre irremplaçable de concertation et d’échanges sur les préoccupations essentielles de la profession pharmaceutique. Aujourd’hui il concentre son attention sur une nécessité largement partagée par tous ses participants, celle d’une collaboration entre les pharmaciens et les autres acteurs de santé des secteurs public et privé. Nécessité que reflète d’ailleurs le thème central du Forum « Partenariat public-privé pour un accès universel aux produits de santé ». Lequel thème insiste sur la synergie des deux secteurs. Ceux-ci doivent en effet travailler en bonne intelligence pour le bien-être de nos populations.
Il faut insister sur le fait que le Forum pharmaceutique international est un rendez-vous scientifique de haut vol qui réunit des grands maîtres de la science pharmaceutique, les décideurs et partenaires, notamment les laboratoires et les centrales d’achat des médicaments entre autres. Il a été institué en en 1999 au Bénin par l’Inter-ordre des pharmaciens africains (IOPA), l’Intersyndicale des pharmaciens d’Afrique et l’Association des centrales d’achat de médicaments essentiels (ACAME).
Il convient aussi de souligner que les pouvoirs publics accompagnent les efforts d’amélioration de la profession pharmaceutique. Ils entendent multiplier les actions et initiatives dans ce sens. Le président Ibrahim Boubacar Keïta a ainsi exprimé son intérêt pour les travaux du Forum. « Quand on sait toutes les difficultés pour faire accéder en certaines de nos contrées les médicaments dont ont besoin nos populations du fait de l’éloignement, des pistes non praticables, de l’inexistence de la chaîne de froid, on comprend combien nous devons à vous, pharmaciens du Mali et d’ailleurs », a relevé le chef de l’Etat.
DANS LE CONTEXTE D’UNE DOUBLE CRISE. Le président de la République a aussi rappelé la solidarité du monde de la pharmacie à l’égard du peuple malien, peuple dont il a aidé à entretenir la résilience. « Je tenais à venir ici témoigner vigoureusement devant vos amis et le reste du monde parce qu’au moment du pire vous (pharmaciens) avez été au côté de votre peuple, sans calcul, sans penser à vos chiffres d’affaires et bénéfices. Cela est très important », a expliqué le président Keïta. Il aussi remercié nos hôtes pour avoir fait le voyage sur Bamako. « Il vous a fallu du courage pour faire ce choix là, en un moment aussi important pour notre peuple. Nous ne sommes pas encore entièrement hors de l’eau. Mais beaucoup a été fait grâce à la solidarité de certains de vos pays », a indiqué le chef de l’Etat.
Dans son intervention, le ministre de la Santé et de l’Hygiène publique, Ousmane Koné, a précisé que le partenariat public-privé que nous appelons de tous nos vœux est celui qui conduira à l’accès universel aux produits de santé. L’espoir est permis de trouver ici à Bamako les meilleures stratégies de ce partenariat avant de rappeler que les expertises présentes dans notre capitale constituent le gage de la réussite de ce grand rendez-vous scientifique.
Les organisateurs du Forum ont simplement rappelé que celui-ci se tient, cette année, dans un contexte africain marqué par une crise économique, celle de l’emploi ; mais aussi par une crise sécuritaire et sanitaire, avec notamment les épidémies de fièvre hémorragique à virus Ebola et du virus de Marburg intervenues dans certains pays africains. Un dossier remis à la presse relève que l’intérêt pour notre pays d’organiser un tel forum scientifique est à la fois stratégique et politique. Parce que – et on ne le sait pas assez – le Mali a assuré pendant 6 ans la présidence de l’IOPA.
Le président du comité d’organisation du forum et du CNOP a remis sur le tapis la question des médicaments par terre. La lutte contre cette pharmacie illicite est une exigence de santé publique dans nos pays (ceux-ci partagent quasiment les mêmes réalités en la matière). Le Dr Abdou Doumbia a, lui également, insisté sur l’importance du partenariat public-privé avant de d’indiquer que plus de 500 pharmaciens de plus d’une trentaine de pays ont répondu présents au rendez-vous de Bamako.
Son homologue de l’ISPHARMA a rappelé aux participants que sont attendus de chacun d’eux des contributions, des approches novatrices et des recommandations pour une réponse adaptée à nos populations. Ces dernières, a-t-il souligné, sont de plus en plus conscientes de leurs droits et de la nécessité de l’équité dans l’accès aux soins de base. Pour lui, les choses doivent donc être très claires dans la tête des pharmaciens. « Il ne faut pas confondre les temps, les pharmaciens doivent donc contextualiser l’exercice du médicament en général et de la pharmacie en particulier, et renforcer ainsi leur rôle d’acteurs de la santé publique », a-t-il souhaité.
Après les différentes interventions, le chef de l’Etat a procédé à une visite des stands tenus par des laboratoires ou des firmes pharmaceutiques, mais aussi des centrales d’achat de médicaments.
B. DOUMBIA
source : L’ Essor