Le royaume du Maroc se prépare à accueillir le rendez-vous planétaire sur le climat en novembre prochain. Tanger a abrité une rencontre des dirigeants des pays de la Méditerranée pour poursuivre les échanges dans le cadre des préparatifs
Dans la perspective de la 22è conférence des parties à la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques (COP22), qui se tiendra à Marrakech au Maroc du 7 au 18 novembre 2016, les dirigeants des pays de la Méditerranée se sont réunis pour enclencher des dynamiques vertueuses afin de préserver cette région et, peser de tout leur poids pour aboutir à des engagements ambitieux.
C’est dans la somptueuse ville balnéaire de Tanger (Maroc), située à la jonction entre l’océan Atlantique et la mer Méditerranée, que s’est tenu, les 18 et 19 juillet 2016, la « MedCOP », un forum des acteurs étatiques et non étatiques (société civile) de la Méditerranée. Placée sous le haut patronage de sa majesté, le roi Mohamed VI du Maroc, représenté par son frère, le prince Moulaye Rachid, la cérémonie d’ouverture des travaux a enregistré la présence d’environ 2000 participants. Cet événement phare dont c’est la 2è édition, après celle organisée à Marseille en France, les 4 et 5 juin 2015 en prélude à la COP21 de Paris, ambitionne d’atteindre 4 objectifs clés. Il s’agit de favoriser le suivi des engagements approuvés à la 1ère édition. L’affirmation de la dimension méditerranéenne comme pertinente pour la lutte contre le changement climatique. L’invitation des acteurs de la région à favoriser les synergies multi-acteurs. L’organisation de l’engagement des acteurs méditerranéens et la préparation d’une Méditerranée des projets qui permet la mise en œuvre d’une véritable feuille de route pour l’atténuation et l’adaptation.
Avec 2,6 millions de km2, 75 bassins hydrologiques côtiers, 224 régions administratives côtières, 46.000 km de littoral et 460 millions d’habitants dont se partagent 22 pays d’Afrique et d’Europe, la Méditerranée est identifiée par le Groupe intergouvernementale sur l’évolution du climat (GIEC), comme l’une des zones les plus exposées aux changements climatiques. Elle fait partie des 25 « hot spots », points chauds du monde. Selon le dernier rapport du GIEC sur le scénario des émissions, les températures moyennes dans cette région, pourraient augmenter jusqu’à 7° Celsius d’ici 2100. Les précipitations baisseront jusqu’à 60%. Le niveau de la mer connaîtra une augmentation moyenne de 0,4 à 0,5 mètre sur une grande partie de la région.
Les zones du littoral qui abritent près de 150 millions d’habitants et les régions côtières et les bassins hydrologiques avec 250 millions d’habitants, soient respectivement 33% et 5% de la population totale des pays riverains, seront particulièrement affectés. Le contexte de forte croissance démographique, de ressources naturelles limitées, de moyens financiers restreints et d’impératifs sociaux de court terme, réduisent significativement la capacité d’adaptation des pays d’Afrique du nord et du Machrek (partie Est de la Méditerranée). Alors que dans les pays d’Europe où le niveau de revenu par habitant est 3 à 5 fois supérieur et, où la gouvernance environnementale figure parmi les plus développées du monde, les préoccupations sont très orientées vers la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES). La Méditerranée illustre ainsi parfaitement la problématique mondiale du changement climatique et le clivage Nord-Sud. Ainsi, la première édition de la MedCOP a montré que face aux multiples enjeux liés aux impacts du changement climatique, des solutions sont réfléchies, inventées et testées par les habitants des territoires méditerranéens, estime Philippe Lacoste, ambassadeur de la France pour le climat, assurant la présidence de la COP jusqu’en novembre 2016. Elle est un moment clé du passage de témoigne, selon lui.
Dans la perspective d’une institutionnalisation progressive du processus méditerranéen d’échanges sur les changements climatiques et, à terme, son intégration aux négociations internationales, la poursuite des MedCOP fait l’objet d’une demande assez unanime de tous les participants, indique Michel Vogel, président de la région Provence Alpes côte d’Azur, initiateur de l’événement. C’est pourquoi les pays de la région méditerranéenne ont tous présenté leur Contribution prévues déterminées au niveau national (CDPN), hormis la Syrie et la Palestine pour des raisons géopolitiques. Ce document est une preuve de l’engagement des pays dans le processus de lutte contre le dérèglement climatique. Mais, la mise en œuvre passera par une coopération étroite entre les Etats, souligne Hakima Elhaité, ministre marocaine de l’Environnement, nommée championne de la lutte contre les changements climatiques. Les pays du sud ont à cet effet fourni des objectifs conditionnés à un support technique et financier de la part des pays du nord.
Première COP après l’accord historique de Paris, la MedCOP de Tanger constitue un instant de vérité pour la diplomatie climatique, déclare le roi Mohamed VI dans un message qui a été lu lors de la cérémonie d’ouverture. « Seul l’engagement collectif des acteurs mondiaux à faire vivre cet accord par des décisions et actions ambitieuses et concrètes, permettra de contenir le réchauffement en deçà de 2° Celsius », poursuit le message. Tenir la MedCOP climat à Tanger cette année n’est pas une décision fortuite. Elle est une invitation concrète à poursuivre les échanges en préparation au grand rendez-vous international de novembre 2O16 à Marrakech dont l’enjeu est majeur. Fidèle à son histoire, le royaume du Maroc exprimera sa solidarité avec les populations les plus vulnérables ou menacées par le changement climatique, en accordant tout au long de sa présidence, une attention particulière aux Etats insulaires, à l’Afrique et plus largement à tous les pays en développement, promet son souverain marocain.
C. A. DIA
Source :L’ Essor