Le chef de l’Etat a expliqué la nécessité de poursuivre le dialogue dans le règlement des conflits au détriment des solutions militaires qui n’amènent pas forcément la paix et la sécurité En marge de la célébration du centenaire de la signature de l’armistice qui marque la fin de la première guerre mondiale, les chefs d’Etat ont pris part, dimanche après midi à la Grande Halle de la Villette, au Forum de Paris sur la paix pour défendre le multilatéralisme.
La rencontre qui était organisée à l’initiative du président français, Emmanuel Macron, a enregistré la participation de nombreux chefs d’Etat, notamment le président, Ibrahim Boubacar Keïta et ses pairs africains ayant fait le déplacement à Paris, les présidents russe et turc, respectivement Vladimir Poutine et Recep Tayyip Erdogan, la chancelière allemande, Angela Merkel.
La réunion est inspirée par l’urgence d’œuvrer au maintien de la paix et de la sécurité dans tous les pays du monde, mais aussi de débattre les grandes préoccupations liées à la stabilité de la planète Terre. Dans un contexte de conflits meurtriers, de soubresauts politiques inutiles dans certaines parties du monde ainsi que de la menace terroriste, il est important que les dirigeants du monde parlent d’une même voix et aient en partage des préoccupations de développement, de sécurité et de paix mondiale. On a toujours parlé de paix dans le monde mais la question revient toujours dans l’ordre du jour des rencontres des dirigeants mondiaux. Il est donc grand temps d’exprimer une position commune en faveur de la paix et de faire accomplir des efforts dans ce sens par tous les pays.
Pour les analystes et observateurs politiques avertis, le monde perd de plus en plus son équilibre. Et le fossé s’agrandit entre les nations qui aspirent à la paix mondiale et celles qui restent dans une posture de défense acharnée de leurs intérêts égoïstes, voire inhumains à bien des égards.
Pour le président Emmanuel Macron, le monde est vraiment exposé. «Nous sommes fragilisés par la résurgence des menaces capables de frapper à tout moment, le terrorisme, les proliférations chimiques et nucléaires et la cybercriminalité. Nous sommes également fragilisés par le retour des passions tristes, le nationalisme, le racisme, l’antisémitisme et l’extrémisme qui remettent en cause cet horizon qu’attendent nos peuples», a-t-il déclaré.
Angela Merkel a, elle aussi, exprimé des inquiétudes face à la montée en puissance du nationalisme, mais surtout face à des agissements qui font fi des engagements réciproques.
Pour la dirigeante allemande, la coopération mondiale doit reposer sur un équilibre pacifique des intérêts des uns et des autres. Elle a aussi exprimé son regret de voir le projet de défense européenne remis en cause.
LES FOYERS DE TENSION – L’un des discours les plus saisissants a été celui du secrétaire général des Nations unies. Le diagnostic de Antonio Guterres est sans appel puisqu’il peint un sombre tableau des perspectives mondiales. «Les systèmes politiques et les constitutions sont mis à l’épreuve des préjugés identitaires, du terrorisme et de la corruption», a-t-il dit.
Pour lui, la prise de conscience des potentialités de la révolution numérique doit favoriser l’éducation et l’appétit de culture et non la haine et l’exclusion. Dans son esprit, il est clair qu’à l’heure des données, il y a urgence et nécessité de trouver l’équilibre entre innovation et régulation. Pour lui, certains domaines ne sauraient s’affranchir des règles de base du droit international. A ce propos, le secrétaire général des Nations unies a expliqué que son agenda pour le désarmement souligne l’urgence et la nécessité de prêter attention aux usages militaires des nouvelles technologies. Imaginez les conséquences d’un système autonome capable de repérer et d’attaquer de lui même les êtres humains ! «J’invite donc les Etats à interdire ces armes qui sont politiquement inacceptables et moralement révoltantes», a relevé le patron des Nations unies. Enfin, Antonio Guterres a souligné que le multilatéralisme qui fait partie de notre quotidien risque d’être périssable. Il a aussi évoqué d’autres préoccupations d’une brûlante actualité, notamment le changement climatique.
Le président Ibrahim Boubacar Keïta qui participait à ce rendez-vous international sur la paix a versé son avis dans les discussions au niveau du panel sur le thème évocateur :«Paix et sécurité». Le chef de l’Etat s’est réjoui de l’organisation de cette rencontre, notamment au regard du contexte global de sécurité et de paix afin d’éteindre des foyers de tension un peu partout dans le monde.
Pour Ibrahim Boubacar Keïta, notre pays, qui bénéficie du soutien de la communauté internationale, est engagé à accompagner toutes les initiatives au plan mondial dans le cadre de la paix et de la sécurité. Il a aussi expliqué que la paix reste essentielle dans le développement.
A ce propos, le président Keïta a rappelé qu’il ne saurait y avoir de développement sans paix et sécurité garanties. Il a ainsi incité à une coopération entre Etats, mais aussi entre Etats et organisations internationales pour réduire la fracture du développement entre les Etats. En véritable avocat de la bonne cause, c’est-à-dire celle du renforcement du multilatéralisme, le président de la République a souligné la nécessité pour nos pays de disposer de compétences, autrement dit de ressources humaines de qualité afin de bien mener les missions de paix et de sécurité. Il a invité ses homologues à aller à l’essentiel en mettant les aspirations profondes des populations au cœur de la gestion en réponse aux attentes du peuple.
Le président Keïta a également expliqué la nécessité de poursuivre le dialogue dans le règlement des conflits au détriment des solutions militaires qui n’amènent pas forcément la paix et la sécurité. A cet effet, il a évoqué l’expérience de son pays, mais aussi d’autres contrées qui connaissent des crises. Il a salué les efforts accomplis à l’échelle mondiale pour apaiser les tensions, concilier les intérêts en étayant ses propos par des exemples concrets. Enfin, le président Kéita a souligné la détermination de son pays à être un acteur clé dans la quête de paix et de sécurité à l’échelle planétaire.
Le Forum de paris sur la paix pour défendre le multilatéralisme n’apportera pas certes une solution toute faite aux multiples problèmes du monde, mais il constituera une certaine avancée par la participation de qualité des dirigeants africains, de leurs homologues européens et d’ailleurs. Mais, déjà, il s’est attaché à esquisser des pistes de réflexion face à certaines menaces qui requièrent une coopération sincère entre les Etats développés et en développement, notamment ceux du continent africain.
Envoyé spécial Bréhima DOUMBIA
L’Essor