Après la nomination de Moussa Mara à la tête du gouvernement, les regards sont maintenant tournés vers la constitution d’une nouvelle équipe qui aura la lourde tâche de gérer les dossiers brulants de l’heure. Pour réussir ce nouveau pari, la nécessité de constituer une équipe restreinte efficace et soudée s’impose.
Si une explication peut être donnée à la brusque démission d’Oumar Tatam Ly, elle serait relative en grande partie au manque de cohésion et à l’incompatibilité d’humeurs au sein du gouvernement sortant. Après moult tergiversations, le président IBK a décidé de mettre fin, ce week-end, aux bruits sourds faisant état de la nomination d’un nouveau Premier Ministre après les élections législatives. Ce nouveau changement intervenu à la primature était attendu depuis fort longtemps. Mais tout portait à croire que l’ex-PM jouissait d’une totale confiance du Président de la République. Et cela a été confirmé par le Président lui-même lors de la présentation des vœux du nouvel an : «Vous avez ma confiance, toute ma confiance», disait alors IBK à son PM. Peu de temps après cette reconduction tacite de M. Tatam Ly, l’atmosphère au sein de l’équipe gouvernementale a pris des proportions inquiétantes. La cohésion et l’entente qui constituent les meilleurs garants de la réussite d’une équipe gouvernementale avaient déserté le camp. Selon des sources dignes de foi, l’ex-PM et certains membres de son gouvernement ne s’adressaient plus la parole. Ce qui a fait perdre de vitesse à l’ex PM dans la gestion de son équipe gouvernementale. Pis encore, malgré la mise en place de l’institution parlementaire, Oumar Tatam Ly n’a pas pu présenter sa fameuse déclaration de politique générale (D.P.G) devant les élus de la nation. Cet acte est une exigence du régime démocratique. Et pourtant, tout était visiblement à portée de main. L’homme avait réussi à faire signer un contrat de législature avec les chefs des partis alliés du clan présidentiel pour pouvoir bénéficier de l’onction des élus de la nation en cas d’une éventuelle déclaration de politique générale. Rien n’a pu se passer comme il aurait souhaité. En tout cas, son talon d’Achille aurait été son inexpérience politique et la non maitrise du problème des Maliens. Toute chose qui a impacté négativement sur ses résultats.
Nécessité d’une équipe soudée
Nommé Premier Ministre dans un contexte extrêmement délicat, Moussa Mara a du pain sur la planche. Ce, en raison du choix porté sur lui au détriment du parti présidentiel (RPM).Ce qui risque de complexifier la tâche du nouveau PM. Ce choix inattendu a fait l’effet d’une bombe au sein du RPM quand on sait que, depuis un certains temps, certains cadres du parti nourrissaient l’ambition de devenir le futur PM à la faveur d’un remaniement post législatif.
L’attitude dont ont fait montre les barons du RPM à l’annonce de cette nomination atteste suffisamment d’un malaise profond au sein du parti. Pour preuve, la direction du parti s’est contentée de prendre acte de la décision du président de la République de mettre fin aux fonctions d’Oumar Tatam Ly et de la nomination de Moussa Mara. Rien que par cette déclaration, on comprend aisément que le contexte politique joue en sa défaveur. Le nouveau PM, vu les défis auxquels est confronté notre pays, a le devoir de former une équipe unie, soudée autour de l’essentiel qui est le Mali. Pour ce faire, il devra s’atteler en premier à diminuer la taille du gouvernement. Car nul n’est besoin, dans un pays comme le nôtre frappé par un marasme économique consécutif à la crise multidimensionnelle qu’a connue notre pays, d’un gouvernement de taille démesurée. Pour relever les défis urgents de l’heure qui sont la récupération de la ville de Kidal, la réconciliation nationale, la relance de l’économie, la lutte contre le chômage, etc. il devra s’entourer d’une équipe unie et soudée. Un pays où tout est à refaire est avide de changement. Il faut le dire sans ambages, malgré la volonté d’IBK de faire bouger les choses, depuis son arrivée, les Maliens, dans leur écrasante majorité, sont restés perplexes eu égard au manque de cohérence dans ses projets de société.
Boubacar SIDIBE
SOURCE: Le Prétoire