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Fonds de soutien, contribution financière ou taxe: l’arnaque

Enfin, on y est. Comme le gouvernement a peur d’appeler le chat par son nom, les nouvelles ‘‘taxes’’ sur les télécommunications et le mobile money sont entrées en vigueur ce mercredi 5 mars presque dans l’indifférence sinon dans l’impuissance de ce 5e jour de ramadan marqué par de progrès sensibles en matière de fourniture d’électricité.


Initialement prévues pour le 19 février puis reportées au 28 février 2025, ces nouvelles taxes sur les services de télécommunications et les transactions de mobile money sont désormais effectives dans notre pays. Elles concernent principalement les recharges téléphoniques et les transactions financières. Dorénavant, chaque Malien devra payer une contribution de 10 % qui est prélevée directement sur toutes les recharges de crédit, qu’elles soient effectuées via des distributeurs, des cartes de recharge ou des services de mobile money tels qu’Orange Money et Moov Money. Ainsi, une recharge de 1 000 F CFA ne crédite plus que 900 F CFA sur le compte de l’utilisateur.
Par ailleurs, il y aura un prélèvement de 1 % qui s’appliquera à toutes les opérations de retrait d’argent via les plateformes de mobile money. Toute chose qui a fait passer les frais de retrait pour un montant de 10 000 F CFA de 100 F CFA à 200 F CFA, répartis entre l’opérateur et l’État.

L’arnaque
Il faudrait qu’on s’accorde sur certaines vérités et qu’elles soient dites sur la place publique pour le bonheur de peuple résilient qui a tout enduré dans son soutien à la transition et qu’on ne peut soupçonner d’être manipulé par quelque clivant qui a prouvé sa loyauté et son patriotisme à toutes épreuves, Bazoum malien dont les bavardages ne trompent personne ou un Papi du 26 Mars au bord de sa tombe.
1. Il faudrait qu’on se dise sans aucun ‘‘moussalaha’’ que ce n’est pas avec des jeux de mots qu’un gouvernement apaise aux angoisses, aux inquiétudes et aux préoccupations. Ce n’est pas avec des belles phrases qu’un gouvernement satisfait aux attentes légitimes des Maliens. Si c’était vérité hier que le Malien n’était pas une virtuose de la langue de Molière, étant analphabète, aujourd’hui, force est de reconnaitre qu’on est désormais interconnecté. Comment dans ce Mali Kura où même les sarakolés sont désormais connectés aux réseaux sociaux, les Malinké sur WhatsApp, les Koroboros sur Tik-Tok, le gouvernement de manière dilettante (amateur) pense pouvoir faire prendre aux Maliens les torchons pour les serpillières ? Depuis quand un ‘‘fonds de soutien’’ fait l’objet de prélèvement obligatoire ?

Par l’ordonnance N°008/PT-RM du 07 février 2025, la transition a institué un « Fonds de Soutien aux Projets d’infrastructures de Base et de Développement social » destiné à apporter une contribution financière, en cas de nécessité et d’urgence, aux actions socio-économiques initiées par le Gouvernement dans divers secteurs, notamment le secteur énergétique.
Selon la même ordonnance, les ressources du Fonds proviennent exclusivement des prélèvements spécifiques sur la consommation des services commerciaux des communications téléphoniques fixe et mobile, sur les rechargements de crédits de téléphone et sur les abonnements et les opérations de retrait dans le cadre des transferts d’argent via mobile money.
En langage malien : tu es obligé de donner quelque chose au gouvernement si tu veux prendre du crédit (10%) ou envoyer de l’argent par mobile money (1%). Que ce soit un fonds de soutien ou une contribution financière, le principe repose sur le consentement, la volonté libre et éclairée. Or, dans notre cas, il s’agit d’une imposition fiscale déguisée qui ne dit pas son nom et que les Maliens ont vite appelé taxe et à juste raison.

La taxe ou contribution est un prélèvement fiscal. C’est un versement obligatoire aux administrations publiques, effectué par une personne physique (particulier) ou morale (entreprise, administration, etc.).
Comme on le voit, et il faut le répéter à satiété, une taxe est un prélèvement obligatoire. Elle est prélevée en contrepartie de la fourniture d’un service public déterminé (ex. : taxe d’enlèvement des ordures ménagères) ou pour financer les dépenses publiques indistinctement (ex. : TVA). Les taxes peuvent être utilisées pour influencer les comportements. En français simple, la taxe est liée à une prestation de service spécifique, rendue par un organisme de service public. Elle vient rémunérer le fonctionnement d’un service public ou l’utilisation d’un ouvrage public.
Pourquoi donc le gouvernement croit que les Maliens vont facilement avaler un ‘‘prélèvement obligatoire’’ comme un soutien de bon cœur à la transition ? On peut prohiber l’emploi du mot taxe dans le vocabulaire national, il n’en demeure pas moins que les prélèvements effectués sur les opérations mobiles soient les taxes sur lesquelles les Maliens n’ont aucun choix.
2. Il faudrait qu’on se dise sans aucun ‘‘moussalaha’’ qu’on ne gouverne pas la peur au ventre. Chez nous ou ailleurs, le pouvoir, c’est le pouvoir. Fang aye Fanga de yé. Il décide, le peuple obéit. Contrairement à ce qu’on pense, aucun pays au monde ne s’est développé avec la charité faite à partir des impôts des citoyens d’autres pays.

Si l’on accorde à dire qu’« un pays souverain doit être capable de financer son propre développement », nous devrions accepter que le gouvernement puisse justifier la nécessité pour la transition de mobiliser des ressources internes suffisantes pour assurer la stabilité économique et sociale de notre pays. En créant la taxe litigieuse par ordonnance, le gouvernement respecte la constitutionnalité de l’acte qu’il a posé.
La dysphonie communicationnelle enregistrée pour convaincre les Maliens et les multiples reportings qu’il a faits pour l’application de la mesure, sonnent comme une reculade au moment où il fallait montrer du courage politique et de la fermeté indispensables. Car, les Maliens ont eu la nette impression que voilà des gens acculés qui ne savent plus où mettre la tête, qui veulent piocher dans leurs poches déjà trouées.

Or, au peuple malien qui a accepté tout pour que cette période soit une réussite, souhaité de rester sous l’embargo et supporté tous les coups durs, il fallait simplement dire la vérité. Et la vérité est qu’il faut s’habituer à payer désormais les impôts et les taxes. Dans un Etat moderne, les taxes vont de soi. C’est avec ces taxes et impôts que le gouvernement travaille.
Le Malien veut l’indépendance et la souveraineté, mais ne veut pas payer de taxe alors que le train de vie de l’Etat ne diminue pas. Ici, seules les grandes entreprises sont contributrices, sinon les petites entreprises, en grande partie, ne paient pas d’impôt. Toutes les rues sont bourrées de commerces, mais peu d’entre eux ne paient d’impôt. Finalement, avec quoi le gouvernement travaille ? Tiè, do be nya la do be nya tièlakaw la.

2. Il faudrait qu’on se dise sans aucun ‘‘moussalaha’’ que les choses ne sont pas si simples pour les autorités qui affrontent le contexte avec un certain nombre de préjugés défavorables. Dans un pays en crise multidimensionnelle, au lieu que les dépenses se tassent, les budgets des principales institutions ont pris l’ascenseur ces dernières années sans aucune explication convaincante. Par exemple : le budget du Conseil national de transition (CNT) est passé de 11,726 milliards de FCFA en 2024 à 13,897 milliards de FCFA en 2025, soit une augmentation de 2,171 milliards de F CFA. De même, le budget de la présidence de la transition a été revu à la hausse, passant de 17,216 milliards de F CFA à 17,748 milliards de F CFA.
Le plus sidérant, lorsque la polémique a enflé sur la nécessité et la décence de réduire le budget du CNT, l’un de ses porte-paroles officieux, l’honorable Nouhoum Sarr a dit aux Maliens dans un mépris total frisant l’injure public : DOROME KELEN TE BO A LA. Et aucun centime n’a manqué au budget augmenté du CNT. Dans ces conditions, ces mêmes autorités sont-elles fondées à piocher dans les poches des Maliens à travers un prélèvement obligatoire ? Donkou dorome kelen te boa w ta la, jamana denw de ta be n’traki ?

A cela s’ajoute une controverse de jésuites sur la mise en œuvre de ces taxes sans l’approbation préalable du CNT.
Pour certains, bien qu’une ordonnance ait été prise pour leur application, ces mesures auraient dû être soumises au CNT avant leur mise en œuvre, même si c’était juste pour la forme : Faire semblant d’avoir consulté. Parce que les Fomba et Sarr sont loin d’être du côté de l’intérêt. Cette situation alimente le débat sur la légitimité de l’application de ces taxes sans un examen parlementaire approfondi.
2. Il faudrait qu’on rappelle à tous les amnésiques et à tous ceux qui feignent de l’être que depuis le président Modibo Keïta qui a dit que le Mali ne sera que ce que nous en ferons, tous les dirigeants ont été constants à répéter que nul ne fera le Mali à notre place. Notre destin, l’avenir radieux du Mali, l’émergence du Mali Kura sera au bout des efforts conjugués et de nos sacrifices consentis. Nul ne fera le Mali à la place des Maliens. Comme le dirait ce roi africain que le président Alpha aimait rappeler « Si tous les fils du royaume venaient de leurs mains assemblées boucher les trous de la Jarre percée, le Pays serait sauvé».

Mais sous cette transition, tout le monde veut que le pays, après la restauration de la souveraineté, renoue avec le progrès, mais personne ne veut consentir d’effort et de sacrifice, y compris les autorités. On est toujours dans les comparaisons et les polémiques stériles.

PAR SIKOU BAH

Source : Info Matin
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