Voisin encombrant et hégémonique, l’Algérie s’est achetée toutes les allégeances au Mali. Elle a fait la carrière d’hommes politiques nichés au sommet de l’Etat et qui continuent à servir la soupe à un régime qui a décidé de vassaliser notre pays jusqu’à l’indignité avec l’aimable complicité de nos dirigeants. L’accord de paix dit d’Alger 2015 restera, dans cet esprit, comme un moment unique de capitulation nationale face à un “ami” qui ne nous veut pas que du bien et pour qui le bon Mali est un Mali à genoux !
A l’image des accords de Tamanrassett (1990), d’Alger (2006), celui de 2015 était aussi le fruit d’un rapport de force créé par un conflit. A la seule différence que les deux premiers ont été signés par des chefs d’Etat (Moussa Traoré et ATT) qui croyaient comme Otto Von Bismarck qu’un “pays fait la diplomatie de sa géographie ” et que l’Algérie, à défaut d’être un allié, était un partenaire obligé comme nous fûmes utiles à leur cause en son temps.
Cette posture debout face au puissant voisin va se révéler impossible à tenir par IBK. Par choix et par contrainte, à la fois! En juillet 2012, porté par la vague islamo-militaire, le candidat IBK va se livrer, à l’occasion de la fête nationale de l’Algérie, à une violente attaque contre le Président ATT l’accusant de toutes les mauvaises manières à l’égard de ce pays. Bonjour l’élégance ! Dans l’assemblée, il n’y eût pas un chat pour lui souffler à l’oreille que cela s’appelle de la dignité et la défense des intérêts nationaux.
A son tour au pouvoir, le président IBK joindra l’acte à la parole, en donnant un blanc-seing à l’Algérie pour les négociations de 2015 au prétexte que c’est un pays ami qui connaît tout des péripéties de la crise du Nord. Il sera servi par un Accord qui s’avère impossible à appliquer à la pratique et qui porte toutes les germes de la partition du Mali.
La nouvelle donne politique en Algérie, marquée par une rébellion citoyenne, porte une part d’incertitudes pour la région mais elle peut aussi être riche d’opportunités si elle débouche sur le renouvellement d’une classe politique fossilisée, en panne d’idées tant sur le plan politique intérieur qu’en matière de diplomatie régionale.
Mais les vieux apparatchiks du FLN ont de la ressource. Il ne serait pas étonnant qu’en matière de réformes démocratiques, ils fourguent au peuple algérien une Constitution et une Feuille de route aussi alambiquées que l’Accord de paix issu du processus d’Alger de 2015.
Ne faudrait-il pas songer d’ailleurs à leur envoyer notre Comité d’experts mis en place pour faire diversion et qui est traité avec indifférence par la classe politique malienne. A Alger, ils seront d’un précieux concours et nous pourrons enfin et pour une fois faire bénéficier “nos frères et amis” de nos lumières !
Sambou Diarra
Source: L’ Aube