En moins de deux ans, IBK aura changé de Premier ministre trois fois. Trois hommes aux styles différents, mais tous choisis selon des critères particuliers. Le septuagénaire devenu Premier ministre, Modibo Keïta, aura-t-il la capacité d’apporter le changement qu’attendent les Maliens? Ou bien IBK va-t-il imposer, à lui aussi, une méthode de travail?
A la différence de ses prédécesseurs (Oumar Tatam Ly et Moussa Mara), Modibo Kéïta semble vouloir prendre le devant. Il sait qu’il y a des frustrés au Rpm. Ainsi, il joue la carte de la séduction. C’est une façon de faucher l’herbe sous les pieds des membres du parti présidentiel qu’il a rencontrés après sa nomination. Il fut largement ovationné et félicité, mais rien n’indique que le vieux routard échappera à l’adversité des cadres tisserands qui souhaitent que le Premier ministre vienne des rangs du parti.
Modibo a également tendu une main à l’opposition qu’il aurait consultée peu après sa nomination. Méfiante, l’opposition souhaite prendre un peu de temps pour réponde à l’invitation du nouveau chef de gouvernement.
En 17 mois, IBK a déjà grillé deux Premiers ministres qui n’ont pu marquer la gouvernance de leurs propres empreintes. Le troisième sera-t-il le bon ? Parce que jusque-là, le changement attendu n’a pas été au rendez-vous. Ce fut du surplace.
Les grands chantiers de l’Etat sont restés en l’état. Les projets et programmes de relance économique sont restés lettre morte. La corruption a gangrené les rouages de l’administration. La sécurité est devenue la bête noire des deux gouvernements successifs. Modibo Keïta va-t-il s’y prendre autrement ? Ou tentera-t-il de marcher dans les pas de ses prédécesseurs qui ont multiplié mépris pour les autres, bourdes, incompétence dans la gestion des affaires publiques et amateurisme ? Ils ont marché droit dans le mur. Et, au bout, ce fut l’échec et la désolation.
Ou, au contraire, Modibo Keïta choisira-t-il la voie de la raison, en écoutant et en respectant les autres, en mettant ses compétences au service de la République (contrairement à ceux qui voulaient une contrepartie pour servir des ambitions démesurées), en osant fixer le président de la République pour lui dire qu’il a tort de laisser sa famille se servir du Mali, et vu son âge, en évitant les mensonges d’Etat. Il aura, en ce moment, fixé le cap du changement. Va-t-il le faire ou sera-t-il un simple figurant?
Dieu seul sait, il est capable de relever ces défis par ses compétences et son expérience. Il fut ambassadeur, ministre et Premier ministre, en plus d’avoir été un grand commis de l’Etat.
La Rédaction
source : L aube
