Le conseil d’administration du fond monétaire international (Fmi) a approuvé, à l’issue de son conseil d’administration, la conclusion de la 1er et 2èm revue de la facilité élargie de crédit. Ainsi, l’institution va débourser dans les jours à venir un montant de 11,7 millions de dollars, soit six (6) milliards de nos francs au titre de l’aide budgétaire pour le Mali. La bonne nouvelle a été donnée par Christian Josz, chef de mission du FMI pour le Mali, le lundi dernier, lors d’une vidéoconférence.
Fin de la brouille entre le gouvernement malien et le Fonds monétaire international, peut-on dire. L’institution financière avait suspendue, courant 2013, ses relations avec le Mali suite à des manquements à l’orthodoxie budgétaire, décelés dans les procédures d’achat d’un avion présidentiel et des équipements militaires. Deux affaires qui ont fortement terni l’image de notre pays et mis en mal la crédibilité de ses dirigeants. Aujourd’hui, estimant que le Mali a mis de l’ordre dans ses affaires, le Fmi rouvre le robinet en procédant aux décaissements des aides budgétaires. Ce qui ne peut être qu’une bonne, voire une très bonne nouvelle pour ce pays qui semble à l’agonie.
Les raisons du déblocage ?
Les deux parties avaient convenu sur des mesures à mettre en œuvre pour aller de l’avant. Et maintenant, selon Christian Josz, ces mesures ont été exécutées par la partie malienne. Il s’agissait de resserrer les règles en matière d’achats militaires quand il s’agit d’achats qui nécessitent un certain secret. A cet effet, un nouveau mini code des marchés pour ces dépenses a été mis au point. Aussi, a déclare le conférencier, « On avait demandé des audits ; ces audits ont eu lieu et ont été publiés. Et des rapports ont été transmis à la justice, la justice s’est saisie des dossiers. » S’y ajoute la mise en ligne sur le site de la primature d’un rapport sur la mise en œuvre des recommandations des rapports d’audit de la cour suprême et du vérificateur général. Autre mesure appréciée par l’institution de Breton Wodds, c’est l’annulation d’une quinzaine de contrats militaires. Que dire du contrat de la société Guo-Star, accusée de surfacturation pour près de 29 milliards CFA ? Christian Josz explique: « Le contrat Guo-Star n’est pas annulé, mais ils seront payés à concurrence des factures pro-forma, y compris les frais de livraison jusqu’à Bamako. » Toute chose qu’apprécie le Fmi. Quant aux sanctions, le Fmi laisse le soin au gouvernement de les prendre. « Nous n’avons pas vocation à exiger des sanctions administratives… » dit M. Josz. Cependant, cet aspect est suivi de près par le Fmi, dont la mission sera au Mali au mois de mars prochain pour apprécier l’évolution des perspectives économiques, la mise en œuvre du budget et les engagements (au nombre desquels les sanctions) du gouvernement. C’est dire que le Mali à tout intérêt à exécuter ce dont il est convenu avec le Fmi, car c’est à l’issue de cette évaluation que la mission va proposer la revue suivante (la 3ème) de l’institution financière.
Par ailleurs, le Fmi a fait des observations. Elle estime qu’afin de rétablir la confiance des entreprises, des consommateurs et des bailleurs de fonds, il est essentiel de durcir l’application des règles budgétaires et de passation de marché, en s’appuyant sur les résultats des audits officiels récents. Aussi, indique-t-elle, il est urgent de redoubler d’efforts pour renforcer la gestion des finances publiques. Les réformes de la politique et de l’administration fiscales doivent être accélérées pour accroître le produit de l’impôt. Un contrôle plus étroit des dépenses, soutenu par une meilleure gestion de la trésorerie, aidera à prévenir l’accumulation d’arriérés. Une conclusion de l’audit des arriérés intérieurs et l’apurement rapide de ces arriérés favoriseront la reprise économique. Et « dans la période à venir, il sera crucial de poursuivre le renforcement du système financier, d’alléger les contraintes administratives pour les contribuables, d’assainir les finances de la compagnie d’électricité et de lutter contre la corruption.»
Issa B Dembélé