Je vous disais dans un de mes billets que mon cousin est malheureux. La liste des malheurs, depuis qu’il est haut perché, pourrait se lire comme une litanie. L’homme providentiel se révèle être homme à poisse. Ce n’est peut-être pas sa faute. Mais celle des aigris. Alors, chers aigris, arrêtez d’exécrer ou d’envoûter mon cousin adoré.
Il vous a déjà dit qu’il est venu avec les meilleures intentions du monde, pour votre bonheur, et celui des Maliens. Pour votre honneur, et celui des Maliens. Cela ne vous suffit-il pas ? Une fois n’est pas coutume, je vais vous demander de le laisser tranquille.
Mais, cousin, je ne vais pas me priver de ce qu’on dit sur et de toi. Enfin, de ce que les 77 % de Maliens, ceux qui t’ont porté à la tête de l’Etat, pensent actuellement de toi. En général, ils le disent dans ton dos. Ça revient à casser du sucre sur ton dos. Oh, bien sûr, tu peux penser que je fais de la délation. J’assume.
Les Maliens pensent que le bonheur et l’honneur promis étaient pour ta famille. Honnêtement, cousin, quel bonheur as-tu apporté aux Maliens ? Quel honneur as-tu restitué aux Maliens ? Te connaissant, en bon «Malinké malin», je sais que tu me donnes raison. Parce que tu sais raison garder ; tu sais raison retrouver.
Cousin, la désillusion de tes compatriotes est sans commune mesure. Certains vont jusqu’à dire qu’ils se sont fait un auto-goal. Ce n’est pas une plaisanterie. Ils le pensent et l’assument.
Non sans amertume. Des fois, ils se demandent si ce n’est pas la déraison qui les avait gagnés en se rendant aux urnes pour toi. Personnes âgées comme jeunes. Personnes valides comme invalides. Et tout ça pour ça !
Te sachant émotif, je vais arrêter cette liste de mots peu flatteurs pour toi. Je ne voudrais pas de te voir pleurnicher. Juste, un dernier mot ! Tes partisans avaient cru bon de t’appeler «tièkoroba», voulant ainsi assimiler cet attribut à un symbole de sagesse.
Ils ont vu juste sans même le savoir, car tu es vieux et affaiblissant. C’est pourquoi, les aigris, d’après un vocable très prisé et omniprésent dans le vocabulaire de tes partisans, pensent aujourd’hui que «tièkoroba dèsèra».
Excuse-moi, cousin, si tout cela ne t’atteint pas. Bizarrement, je vois déjà que tu restes coi.
Issiaka SISSOKO
Source: Le Reporter