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Financement du secteur de l’énergie électrique : Les alternatives

La mobilisation de ressources financières internes et pérennes, tirées des externalités des énergies fossiles et orientées exclusivement au financement des infrastructures structurantes d’énergie renouvelable est la seule issue pour l’atteinte l’équilibre de l’offre et la demande énergétique du pays à l’horizon 2030.

 

Le financement des infrastructures électriques demeure depuis des années la lancinante question du développement de l’industrie électrique. La réalisation et le développement des infrastructures structurantes nécessitent des investissements très lourds. Il est utile de rappeler que l’industrie électrique repose sur trois piliers qui constituent sa chaine de valeur : la production, le transport et la distribution de l’électricité.

Aujourd’hui, quatre considérations dominent les niveaux et la structure de l’investissement de l’énergie électrique. Il s’agit de la forte croissance de la demande, la transition énergétique, la qualité du management et surtout la disponibilité des capitaux. Son financement exige une planification stratégique rigoureuse pour maintenir un équilibre à long terme de la chaine de valeur et les besoins croissants des consommateurs.

Certes, des efforts sont en cours pour assurer la disponibilité de puissance et la desserte tant bien que mal, mais la hantise et le traumatisme des usagers d’électricité des passés récents demeurent toujours dans l’esprit de l’opinion publique.

C’est pourquoi, s’appesantir sur un management opérationnel pour la gestion cyclique des pointes n’est pas productif pour l’équilibre du secteur à court, moyen et long termes. En somme, les charges d’exploitation vont augmenter et creuser d’avantage le déficit de trésorerie, accentuer les  fraudes et le besoin d’investissement. Ce sont donc des actions à périmètre limité et inefficace.

En état actuel, le secteur de l’électricité au Mali est loin de générer des actifs financiers permettant d’autofinancer les investissements nécessaires à son équilibre. Il n’existe aucun mécanisme de mobilisation de ressources interne et pérenne pour faire face aux besoins criard d’investissement et de développement de l’ensemble de la chaine de valeur de l’industrie électrique.

Toutes choses étant égales par ailleurs, on comprend aisément la dégradation du bilan financier du secteur de l’énergie électrique qui est la conséquence de la dégradation du bilan énergétique.

Les coûts des investissements nécessaires pour atteindre les objectifs du SE4ALL au Mali ont été évalués en valeur actuelle à 13 225,8 millions USD sur 12 ans (2018 – 2030) soit 6 612 milliards FCFA. Ceci équivaut à 1102 millions USD d’investissement annuel sur 12 ans pour atteindre 80 % des objectifs des ODD.

La pratique en Afrique et d’ailleurs nous montre que, la création de fonds d’investissement alimenté par des taxes perçues des usagers dans le cadre de la transition énergétique a été l’outil privilégié de mobilisation des ressources internes et pérennes en faveur de l’énergie l’électrique. Ce fonds d’investissement a été aussi un grand levier de mobilisation des ressources externes auprès des partenaires financiers et des investisseurs privés pour le financement des grands projets structurants d’énergie renouvelable.

En outre, la création de la taxe de transition énergétique permet de rationnaliser la consommation de l’électricité, d’accroitre et accélérer le rythme des investissements, d’améliorer la balance de paiements, diminuer la charge de l’énergie électrique sur les finances publiques et de créer des emplois.

Au Mali le fonds d’électrification institutionnalisé par l’Ordonnance N°019 –du 15 mars 2000 portant l’organisation du secteur de l’électricité au Mali, puis orienté exclusivement au financement de l’électrification rurale par la Loi n°05-019 du 30 mai 2005 portant modification de l’Ordonnance n°00-019/P-RM du 15 mars 2000 ne semble pas combler les attentes à ce jour pour des difficultés liées à son opérationnalisation.

Il est nécessaire de repenser à une nouvelle stratégie pour l’approvisionnement et le mode de gestion dudit fonds, afin qu’il soit un véritable levier de financement d’un Programme Pluriannuelle d’Investissement des Energies Renouvelables (PPIER). Un tel programme est un impératif vital pour satisfaire le besoin en électricité du pays à moyen terme et celui des générations futures. Ce programme doit être ambitieux et réaliste pour générer une dynamique de croissance économique à partir des énergies renouvelables.

Il doit être l’émanation d’une vision politique claire et partagée sur les enjeux économiques, sécuritaires, environnementaux et sanitaires de la transition énergétique et de l’ouverture et intégration du marché régional et sous régional de l’électricité de la Cedeao. Son portage par un engagement présidentiel serait un facteur clé de succès face aux défis de croissance économique du pays et à l’accès universel à l’électricité à l’an 2030.

C’est à partir de cette vision « exigence » que doit être bâtie une planification stratégique du basée sur : i) la mobilisation de ressources financières internes et pérennes tirées des externalités des énergies fossiles ii) la maitrise des technologies de transformation des énergies renouvelables dont le soleil qui est incomparable à toutes les autres formes d’énergie pour le Mali iii) le soutien des projets de Partenariat Public –Privé, v) des ressources humaines qualifiées et une gouvernance vertueuse.

Ainsi, il revient au ministère en charge de l’énergie d’engager l’initiative de quantifier et convaincre les sceptiques i) de l’importance que jouerait les énergies renouvelables dans l’amélioration de la facture énergétique du Mali en termes d’économie d’importations des énergies fossiles ii) des retombées fiscales et la valeur ajoutée générées par les énergies renouvelables par rapport aux montants des soutiens publics qui leur seront consacrés iii) les retombées fiscales des énergies renouvelables au niveau des collectivités décentralisées en termes de développement des tissus industriels, la création d’emplois, d’amélioration du niveau de vie et la protection des générations futures.

Aussi, le suivi – évaluation du programme par le Régulateur du secteur de l’électricité sera déterminant pour la mise en œuvre et la réussite d’un tel programme.

Certes, les difficultés du secteur de l’énergie électrique du Mali remontent des décennies. Cependant, une vision politique de renforcement du parc énergétique clairement orientée vers la transformation des énergies renouvelables va accroitre considérablement la sécurité énergétique du pays. Il s’agit aussi à travers cette tendance d’ériger les activités de promotion de l’énergie solaire en activités industrielles et commerciales.

Dans tout, les cas le développement n’est possible aussi bien dans sa composante transformation et croissance économique sans une offre énergétique suffisante dont l’équilibre du marché passe nécessairement par un coût favorable pour les producteurs d’électricité et un service énergétique fiables, durables et modernes pour les consommateurs.

Tôt, il sera mieux d’approfondir cette réflexion et une quantité infime de rayonnement solaire du pays sera transformée en des dizaines de puissance d’énergie électrique ;

Tôt, nos reliefs ne vont plus cramer inutilement sous l’effet du rayonnement soleil ;

Tôt, le pays démontrera que le Centre d’Energie Solaire (CRES) était une excellente idée et opportunité pour le Mali ;

Et nous transformons notre sous-emploi en plein emploi.

Dianguina Bathily

Diplômé en Management et finances publiques

66 72 63 66

Source : Mali Tribune

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