La Confédération des Sociétés coopératives des producteurs de coton (C-SCPC) est devenue une véritable vache laitière pour Bakary Togola, le président de l’Assemblée permanente des chambres d’Agricultures du Mali (Apcam). Toute sa fortune et sa générosité sont parties de là. Des producteurs de coton remontés contre lui, sonnent la révolte.
Les enquêtes judiciaires auprès du Pôle économique et financier sur l’importation des tonnes d’engrais toxiques, en complicité avec des gros commerçants de la place, à peine bouclées, que Bakary Togola se signale dans un autre gros scandale. Cette fois-ci, l’agissement pour lequel il est confondu est digne des exploits d’Arsène Lupin, un personnage de fiction français créé par Maurice Leblanc et adapté en roman (à partir de 1905), film, dessin animé, etc. Ce gentleman-cambrioleur d’une intelligence extrême, doit sa célébrité à sa propension à user de déguisement et changer d’identité pour commettre des délits de toute sorte.
A la tête de l’Apcam, Bakary Togola est en même temps le président de la Confédération des Sociétés coopératives des producteurs de coton (C-SCPC). Celle-ci a été créée en 2007 en lieu et place de l’Union des Sociétés coopératives des producteurs de coton, sous les directives de la loi 01-76 de juillet 2001, pour aller à l’Acte uniforme relatif aux droits des sociétés coopératives. Les principaux bailleurs de fonds de la faîtière sont la CMDT, l’Agence française de développement (AFD) et l’USAID.
Ces gros donneurs d’argent injectent de l’argent frais à la Confédération des Sociétés de producteurs de coton à coup de milliards de F CFA au compte de 4,5 millions de producteurs de coton. De 2013 à 2017, l’argent versé dans ses comptes s’élève à plus de 27 milliards de F CFA. La seule AFD lui a octroyé en 2014, un financement de 10 millions d’euros, soit plus de 6 milliards de nos francs. Cet argent n’est pas de la simple subvention. Ce sont en fait des ristournes reversées aux cultivateurs de coton des Associations villageoises pour les encourager dans la culture du coton. Ces ristournes sont des retombées des fluctuations des cours du coton sur le marché international.
Tout cet argent est donné pour des objectifs précis : l’organisation, la formation, l’accompagnement et l’achat d’intrants agricoles pour des producteurs de coton regroupés aux seins des Unions locales (dans les cercles) et les Unions régionales (dans les régions).
Mais au lieu que les principaux destinataires, (les cultivateurs de coton) soient servis, Bakary Togola se sert à la pelle lui-même et sans discernement. Il a monté en place une véritable entreprise rodée dans le vol planifié, la concussion avec des complicités dans le secteur économique et même l’administration publique. Dans cette sale besogne, un trio constitue ses hommes de main. Il s’agit du trésorier de la C-SCPC, M’Piè Doumbia, son propre neveu et comptable, Mamadou Togola et le coordinateur Raymond Dansoko.
Un trio constitue ses hommes de main
La machine de soustraction frauduleuse d’argent est tellement huilée à leur niveau, qu’il leur suffit entre 24 et 48 h, pour subtiliser un versement de 2 milliards de F CFA dans leurs comptes logés à la BNDA. Des chèques de 60 à 80 millions de F CFA sont établis par jour pour des sorties louches d’argent. L’opération se passe directement entre le président Togola et son neveu comptable, recruté pour les besoins de la cause avec comme seule destination, les propres poches du président. A cause même de ces malversations sur fond de népotisme à la tête de la Confédération, un important bailleur de fonds s’est simplement retiré du financement du C-SCPC.
C’est cette manne financière qui sert à faire la promotion de Bakary Togola, très rompu dans le sponsoring des concerts, la distribution de billets de banque dans les concerts et autres largesses immodérées. L’origine de sa richesse masquée par des investissements colossaux dans ses champs de vaste étendue de superficie n’est autre que son enrichissement illicite et sa propension à sucer le sang des pauvres paysans. Fort et requinqué par le pouvoir de l’argent, il n’hésite pas à dire à qui veut l’entendre qu’“il travaille pour les ministres, des hauts responsables de l’administration publique et autres, afin qu’ils n’aient pas faim et qu’il peut même se payer tous les procureurs du Mali”.
Des paysans mis au parfum de la supercherie ont tenu la semaine dernière à Bamako, une réunion au cours de laquelle, ils ont décidé de demander des comptes à leur président et menacent de porter plainte contre lui s’il ne revient pas dans l’orthodoxie financière.
Dans nos investigations visant à recouper nos informations, nous avons joint le vendredi dernier le coordinateur, Raymond Dansoko. Celui-ci nous a laissé balader prétextant d’un voyage (prévu hier lundi) dans la zone cotonnière et pour une semaine. Nous nous sommes ensuite rabattus sur le comptable et neveu du président, Mamadou Togola. Ce dernier a gentiment décliné notre sollicitation, affirmant que les personnes habilitées à nous répondre sont le coordinateur et le président. Lui ayant expliqué notre mésaventure avec M. Dansoko, il s’est proposé de rendre compte au président avant de nous rappeler. Nous en sommes restés là jusqu’à notre bouclage.
Abdrahamane Dicko
Mali Tribune