Cette riposte intervenait à peine une heure après la fin d’une perquisition de près de six heures à son bureau à l’Assemblée nationale. Trois enquêteurs ont été vus s’engouffrant dans une voiture avec des piles de documents.
Après avoir évoqué la somme de « 500.000 euros brut » la semaine dernière, le Canard Enchaîné chiffre désormais, dans son édition de mercredi, à 831.440 euros bruts la somme perçue par Penelope Fillon comme assistante parlementaire de son mari ou de son suppléant Marc Joulaud. Non à partir de 1998 comme Le Canard l’écrivait la semaine dernière, mais dès 1988.
Quant aux revenus perçus par deux des enfants Fillon pour des « missions » dont leur père a lui-même révélé l’existence, l’hebdomadaire les chiffre à 84.000 euros au total pour Marie et Charles Fillon, eux-aussi pour des tâches d’assistants parlementaires.
Ces nouveaux épisodes viennent nourrir une séquence dévastatrice, lancée voici une semaine et qui a déjà gâché le grand meeting de campagne du candidat de la droite à l’Elysée dimanche dernier, à 82 jours du premier tour.
M. et Mme Fillon ont été entendus lundi à Versailles par les policiers de l’office central de lutte contre la corruption et les infractions financières (OCLCIFF), avec le statut de « suspect(s) libre(s) » selon une source proche de l’enquête.
« J’étais très soucieux d’être entendu très vite », a souligné M. Fillon mardi soir, « je suis serein et j’attends désormais la fin de cette enquête ».
M. Joulaud sera, lui, entendu mercredi par les enquêteurs.
Ceux-ci cherchent à déterminer si Mme Fillon a effectivement exercé une activité. D’après Le Parisien/Aujourd’hui en France, elle ne possédait ni badge ni boîte mail à son nom à l’Assemblée.
L’enquête porte aussi sur l’emploi de Mme Fillon à la Revue des Deux Mondes, rémunéré 5.000 euros brut mensuels entre mai 2012 et décembre 2013 (quelque 100.000 euros au total).
Les locaux de cette revue ont été perquisitionnés la semaine dernière et son propriétaire, l’homme d’affaires Marc Ladreit de Lacharrière, PDG de Fimalac et proche de M. Fillon, a été entendu lundi par la police.
Début de campagne « volé »
Par ailleurs, du côté du Sénat, le JDD affirmait ce week-end que M. Fillon avait « perçu sept chèques à son nom » pour « un montant total de l’ordre de 21.000 euros » correspondant à des « reliquats de crédits d’assistants ».
Deux juges d’instruction enquêtent depuis 2013 sur des soupçons de détournement de fonds publics au profit de sénateurs ou anciens sénateurs de l’UMP, devenu Les Républicains (LR).
L’affaire de la rémunération de son épouse n’en finit plus d’embarrasser la droite qui avait triomphalement désigné M. Fillon lors d’une primaire dans laquelle il a successivement éliminé Nicolas Sarkozy et Alain Juppé.
« On nous a volé notre début de campagne », s’est lamenté mardi Bruno Retailleau, président du groupe LR au Sénat.
M. Fillon devrait faire une apparition mercredi lors de la réunion hebdomadaire entre des parlementaires LR et son équipe de campagne, ont indiqué des parlementaires.
Le président du MoDem François Bayrou, qui réfléchit à sa propre candidature présidentielle, a affirmé mardi sur TF1 que l’affaire crée « un trouble énorme parmi les Français », assurant qu’il ne voterait pas Fillon et que lui-même ferait « ce qu’il faut pour que la France s’en sorte ».
Le début de campagne de M. Fillon était laborieux avant même l’éclatement de cette affaire, avec des attaques sans relâche venues de la gauche et même d’une partie de son camp sur son programme économique au libéralisme revendiqué.
Depuis une semaine, il se défend pied à pied. Mais selon un sondage Elabe pour BFMTV, plus de trois Français sur quatre (76%) ne sont pas convaincus par sa défense et ses arguments (41% chez les sympathisants LR).
Dimanche, en meeting, il avait assuré n’avoir avec son épouse « rien à cacher » et affirmé posséder un « seul compte en banque, au Crédit agricole de Sablé ». Autre affirmation battue en brèche par Le Canard Enchaîné et plusieurs parlementaires.
M. Fillon qui, pendant la primaire, avait attaqué M. Sarkozy sur le thème de l’intégrité a lui-même fixé la ligne rouge : il ne pourrait maintenir sa candidature « si [son] honneur était atteint », s’il était « mis en examen ».