A quelques encablures de la fête de tabaski, le marché s’enrhume. Et, le mouton qui est le plus convoité pour cette fête, n’échappe pas à cette situation. Sur presque tous les marchés de la capitale, les prix sont à la hausse, malgré l’abondance. Dans un contexte de crise économique généralisée, le mouton est hors de portée. Faites-y un tour, on verra le reste…
L’on est tenté de dire qu’à la place des béliers, ce sont les chefs de familles qui vont bêler. Et pour cause, la fête qui se mêle à la rentrée scolaire et à la crise économie aigue qui tape à toutes les portes. Le père de famille, doit débourser pour inscrire les enfants à l’école, leur acheter des fournitures scolaires et nouveaux habits pour les deux événements.
Devant l’avalanche des problèmes, il poussera probablement des blancs précoces sur sa tête à force de gymnastique.
L’Aïd El Kabîr ou fête aux moutons, est inscrite en bonne place dans le calendrier musulman. Tous les fidèles musulmans, qui ont les moyens doivent égorger un mouton en guise de sacrifice. Habituellement, le prix du mouton enfle, mais de là à être inaccessible pour le citoyen lambda est le pire du traumatisme qu’un musulman puisse subir. Cette année encore le scénario se reproduit à l’identique.
Les grands marchés à bétail sont bien pourvus. Mais, cela n’a aucune influence sur le prix, le contraire aurait même surpris. A Niamana dans la commune VI, les prix oscillent entre 50 000 FCFA et 500 000 FCFA. Selon Oumar Diallo, marchand de bétails, « nos bétails viennent des foyers d’approvisionnement très excentrés, notamment Koro, Bankass, Mopti, Nara, Niono, etc. Le transport variant selon la provenance coûte également. Une fois sur place, on est obligé de nourrir les bêtes en attendant qu’ils trouvent preneurs.
A cette charge, s’ajoutent d’autres. Il s’agit des intéressements qu’ils paient aux agents de sécurité le long des trajets. Sinon, c’est la tracasserie assurée au poste de contrôle. La combinaison de toutes ces charges entre dans le calcul du coût de revient par tête.
Selon les témoignages recueillis auprès des consommateurs sur différents marchés à bétails que nous avons sillonnés, les prix sont assez élevés. Les commerçants ne manquent pas d’argument pour expliquer cette flambée des prix. Entre autres, la cherté des moutons par l’arrivée des étrangers (Sénégalais, Ivoiriens, Guinéens…) sur le marché et les conditions difficiles d’acheminement des moutons sur la capitale.
D’autres marchands justifient cette situation par les frais de transport exorbitant entre les principaux marchés d’approvisionnement loin de Bamako et les charges engendrées par l’entretien de l’animal, le prix d’aliments bétail. « Mais il faut reconnaître aussi que certains vendeurs de mouton font exprès augmenter le prix, car ils savent que les gens ont pertinemment besoin du mouton lors de la fête du tabaski »,affirme l’un d’entre eux.
Certaines personnes estiment qu’il sera difficile pour elles de se procurer le mouton dans cette situation car le prix d’un petit bélier oscille entre 50 000 et 75 000 FCFA.
Almoustapha Konaté désapprouve cet état de fait et affirme que certains vendeurs de moutons risquent de faire la vente le jour de la fête. La plupart des clients interrogés au moment de notre enquête ont affirmé leur ras-le-bol et pensent qu’il faut impérativement trouver une solution, afin de juguler le problème.
Fily Sissoko
Source: Tjikan