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Femmes travailleuses au bord du fleuve à Kalabancoro : De grandes oubliées du système national de solidarité

Consciente des efforts et des difficultés bravées jour pour jour par ces femmes qui travaillent nuit et jour à côté du fleuve à Kalaban Coro pour subvenir à leurs besoins, l’équipe du journal Le Pays a, ce jeudi 06/09/2018, jugé opportun d’aller à leur rencontre. Interrogées, elles ont révélé les causes et les difficultés qu’elles rencontrent dans l’exercice de leur travail.

Ce sont des femmes pauvres, venues de différentes circonscriptions administratives du pays, qui n’ont d’autre source de revenus que de se livrer aux activités de décharge des pirogues qui transportent du sable extrait du fleuve Niger traversant Kalabancoro.

Tel est le cas de Ramatou Diarra, venue de son village pour chercher de meilleures conditions de vie à Bamako.  Elle confirme faire ce boulot car n’ayant pas d’alternative pour gagner de l’argent et par conséquent avoir de quoi manger pour survivre, à défaut de pouvoir vivre plus décemment. En effet, payée à 1000 FCFA par pirogue déchargée, elle parvient à satisfaire les besoins de sa famille. Elle affirme que, par ce travail, elle soigne ses enfants en cas de maladie, paie leurs frais scolaires…

Ayant vécu sous cette situation pendant au moins cinq ans, cette dame ne nie pas avoir rencontré des difficultés, surtout durant toutes les périodes où elle doit travailler avec une grossesse. Pas de congé de maternité donc comme d’autres femmes travailleuses du pays. Faute de moyens, elle était astreinte à travailler durement malgré son état de santé, pour avoir de quoi vivre.

Pour terminer, elle a remercié le service chargé de soutenir les enfants pauvres pour l’avoir aidée.

Une de ses collègues, approchée par nos soins, se présente comme une ressortissante du Banico. Mariétou Diarra, puisqu’il s’agit d’elle, manifeste qu’elle est venue de son village à cause de la misère. Mais ces derniers temps, c’est aussi la galère car le travail ne se passe pas comme souhaité. Ainsi s’est-elle confiée à nous : « Depuis la fin de la Tabaski, jusqu’à maintenant, on ne travaille pas. Avec la montée du niveau du fleuve, les pirogues prennent trop de temps pour un seul voyage. Pendant ce temps, nous sommes obligées de patienter jusqu’à leur arrivée. Nous parvenons quand même à nous prendre en charge grâce à ce travail et certaines d’entre nous paient des loyers chaque mois grâce à ce boulot, sans oublier les petits besoins des enfants et de la famille », a-t-elle affirmé.

Au vu des témoignages recueillis, il est évident que ces femmes ne bénéficient absolument de rien en termes de concours et d’assistance provenant non seulement des gouvernants actuels, mais aussi des ONGs ou des organisations privées en charge d’aider les femmes pauvres au Mali. C’est pourquoi, cette vieille dame, âgée d’une cinquantaine d’années, Bintou Traoré, révèle sans détour que c’est de ça qu’elle se nourrit depuis fort longtemps. A-t-on pensé au jour où, avec le poids de l’âge, ses forces ne lui, ses forces qui la quittent progressivement ne répondront plus pour exécuter ce genre de tâches quotidiennes qui lui permettent de gagner quelques sous pour soutenir s famille ?

Pourtant, des milliards de nos francs viennent d’être dépensés dans la campagne électorale pour la présidentielle, alors que s’il s’agit de faire preuve de solidarité nationale pour aider les populations vulnérables comme ces femmes qui se battent au quotidien pour survivre, c’est silence radio du côté des autorités, à part le très folklorique mois de la solidarité, au cours duquel la dignité humaine est écornée au vu de la façon dont on aligne les gens, des citoyens maliens présentés comme des pauvres et des nécessiteux, au nom de dividendes politiciens.

Mamadou Diarra et Djènèba Touré, stagiaires

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