La question est toujours d’actualité dans la mesure où la régulation de la société algérienne demeure une difficulté répétitive. À la veille des élections présidentielles et législatives anticipées, le 24 Juin, en Turquie, de nombreux médias consacrent des pages spéciales à la scène politique intérieure. La Turquie présente la spécificité d’un Etat démocratique dirigé par un parti politique à référent islamique, mais le pays reste dépendant de la question de l’adhésion à l’Union Européenne et de la question militaire .Cependant, des questions se posent, quant à l’avenir du modèle politique algérien.
L’Algérie doit-elle s’inspirer que du modèle iranien ou du modèle turc ? La Turquie peut elle partager son expérience de la laïcité avec l’Algérie dont l’Islam est religion d’Etat ? Quelle est l’influence culturelle de la Turquie sur la population algérienne ? Le modèle politique turc est- il transposable en Algérie ? L’idéologie islamiste des années 1990 perdure-t-elle en Algérie ? Le modèle islamique iranien fait–il l’unanimité au sein de la mouvance islamiste algérienne ? Comment veiller au respect des principes de la morale et des bonnes mœurs ? Comment réhabiliter les valeurs humaines et préserver les constantes de l’identité nationale dans ses deux principales composantes arabe et islamique ? Comment créer un modèle qui permet d’établir la synthèse entre le fondement islamique commun à tous et la singularité de chaque population ?
L’idée prépondérante est qu’il ne s’agit pas de choisir entre deux modèles, la laïcité à la turque ou une république islamique à l’iranienne, mais de définir un modèle qui répond aux enjeux à travers le développement, selon le principe d’encadrement de la société. Cette idée est à même de consolider le lien aussi étroit que stable au sein de la civilisation musulmane. Le modèle suggéré vise à favoriser la construction d’un Etat démocratique conformément à la déclaration du 1er novembre 1954. Ce projet républicain est une des réponses pour éviter au pays les dangers qui le menacent, à savoir le risque de sombrer dans le nihilisme.
En effet, la société algérienne est confrontée à la perte de valeurs. Dans le cadre d’une république islamique d’Algérie ,l’édification de la vie journalière (l’instauration de la peine de mort sur les places publiques, décréter l’état d’urgence, mise en place d’un couvre-feu, le combat contre la consommation d’alcool, la création d’une police des mœurs) serait un rempart efficace contre l’extrémisme, le terrorisme, et la violence urbaine qualifiée de fléau social, une véritable gangrène qui affecte la société.
Il serait paradoxal qu’un Etat révolutionnaire en pleine transformation, conduisant à la construction d’un modèle de société jeune et innovatrice, parvenant à la création d’une société tolérante et solidaire, souffre d’une insuffisance d’un savoir politique, inadéquat aux nobles aspirations et dont les réponses seraient lourdes de conséquences pour l’instruction.
La transition vers un régime islamique ne doit pas passer nécessairement avec l’arrivée au pouvoir d’un parti islamiste. Afin d’atteindre un consensus(Choura), concept clé en Islam, un débat national doit être organisé avec la participation des partis politiques pour rédiger une plateforme. En outre, l’idéal sublime de la révolution algérienne devrait permettre d’inspirer le peuple à la renaissance de l’Etat dans le cadre des principes islamiques .Dans un tel environnement, le modèle iranien peut émerger comme le promoteur d’une alternative, tout en rappelant qu’aucun modèle politique n’est exportable. Le choix d’un modèle relève de la responsabilité des citoyens .A eux de tracer le chemin. Vox populi Vox Dei.
Benteboula Mohamed-Salah. Géographe
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