Comme dans tout métier, celui de policier a également besoin d’une dose de chance pour réaliser certaines prouesses. Cette chance arrivant à l’improviste.
Ce n’est pas le commissaire principal Mamadou Mounkoro du commissariat de Kalabancoro et ses éléments qui le démentiront. Ils viennent de mettre hors d’état de nuire un duo de dangereux bandits de grand chemin. Ils seront identifiés plus tard comme un certain L. Touré et son complice K. Diakité. Dans leur milieu, ces deux jeunes sont connus pour être des braqueurs hors pair, de cette espèce qui n’hésite pas à ouvrir le feu sur leurs victimes, dès qu’ils soupçonnent la moindre tentative de résistance de celles-ci. De sources policières, le duo figurait dans le lot de grands bandits qui, à un moment donné, avaient terrorisé de paisibles citoyens du secteur. Leurs terrains de chasse ? Tiébani, Guana, etc, des quartiers périphériques de la capitale, dans les confins de Kalabancoro. Durant un bon moment, ils avaient été visités par la chance. Car, ils sortaient presque toujours victorieux de leurs sinistres opérations nocturnes. Celles-ci consistaient à braquer des victimes avec une arme de poing pour les déposséder de leur moto. Inutile de dire qu’ils avaient fait beaucoup de victimes dans les quartiers cités plus haut.
De la chance à la malchance, le fil est tenu. Après une période de vaches grasses pour les malfrats, leur bonne étoile va pâlir au moment où ils ne s’y attendaient pas du tout. Ainsi, ils tombèrent, impuissants, dans le filet des policiers du commissariat de Kalabancoro-Koulouba. Le si chanceux tandem chuta en raison d’un autre fait grave avec lequel il n’avait rien à voir. Comment cela s’est-il passé ?
UN VOL PEUT EN CACHER UN AUTRE – Peu avant, les policiers du commissariat de Kalabancoro avaient été saisis d’un cas de braquage à main armée chez des citoyens un peu particuliers. Ces victimes doivent cette particularité, surtout à la nature de leur activité que nous taisons volontiers pour des raisons professionnelles compréhensives. Nous désignons les deux victimes de ce braquage par leurs initiales X. et C. Nous étions à la fin du mois de mai dernier. Des malfrats, jusque-là non identifiés, avaient successivement rendu visite, nuitamment, à X. et C. Chez la première victime, sous la menace de leurs armes, ils avaient pris des téléphones portables et une certaine quantité de bijoux en or. Au domicile de la seconde victime, les bandits ont fait main basse sur deux motos, des téléphones potables et une somme d’argent estimée à 200.000 Fcfa. Avec un butin aussi conséquent, en quelques heures seulement, la chasse fut bonne pour les bandits. Ces derniers ne mettront plus de temps à se fondre rapidement dans la nature.
Quelques heures plus tard, les victimes de cette attaque à main armée saisirent la police de Kalabancoro-Koulouba. Les limiers diligentèrent leurs enquêtes. A défaut des principaux suspects, ils mirent la main sur un receleur qui constituera, plus tard, un « indice très sérieux » pour la suite des investigations par ailleurs ouvertes. Les présumés auteurs principaux sont activement recherchés. C’est au cours des recherches liées à ce cas de braquage que les limiers tombèrent, par chance, sur des indices concernant le duo, objet de notre fait du jour. Ce fut d’ailleurs l’occasion pour le commissaire principal Mounkoro de rappeler que la plupart des bandits, qui commettent leurs forfaits dans le secteur relevant du commissariat dont il a la charge, viennent d’ailleurs. «Plus de 80% des malfrats qui opèrent dans ce secteur viennent de l’extérieur », a expliqué l’officier de police. L’homme sait de quoi il parle. Le tandem Diakité et Touré fut interpelé, successivement, à Sabalibougou, en commune V, et à Bozola, en commune II du district de Bamako.
UN IMPORTANT BUTIN – Les perquisitions effectuées dans leur antre ont permis de mettre la main sur un important butin constitué d’armes, de motos et de nombreux autres objets volés. Le duo était très aguerri et futé dans la commission de leurs actes délictuels. De fil en aiguille, les limiers découvriront qu’un de leurs complices était allé jusqu’à se spécialiser dans la fabrication de faux documents pour les engins qu’ils volaient en ville. Cela constituait un moyen pour eux d’ « authentifier » leurs prises afin d’en faciliter l’écoulement sur le marché noir . Le commissaire principal Mounkoro n’a pas trainé avec leurs dossiers. Ils ont été déférés devant le parquet.
Le secteur relevant de ce tout nouveau commissariat de Kalabancoro-Koulouba était à un moment donné, très infesté de malfrats de tout acabit. La présence des limiers et la parfaite collaboration des populations semblent avoir fait leur effet sur le quotidien des populations. De sources policières, nous avons appris qu’auparavant, il se passait rarement un jour sans qu’au moins trois, voire quatre braquages à main armée n’y soit signalés. Mais depuis un moment, les patrouilles policières systématiques et l’étroite collaboration des populations sont en passe de renverser cette tendance. Des habitants nous ont confirmé qu’actuellement, il se passe des jours et même des semaines sans « incident » signalé. Depuis l’installation du commissariat, les populations sont dans une dynamique d’ « ouverture et d’accompagnement des policiers ». Elles n’hésitent pas à solliciter les agents pour les aider à débarrasser le secteur de malfrats qui les empêchaient de dormir tranquillement. Tout comme dans d’autres commissariats du pays, celui de Kalabancoro-Koulouba essaie, tant bien que mal, d’enrayer l’insécurité dans son secteur. Cela, en dépit des moyens très limités dont la police, dans son ensemble, dispose.
Mohamed TRAORE
Source: essor