En attendant la décision du tribunal administratif, le ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Assétou Founè Samaké Migan, a estimé, hier jeudi, à l’Assemblée nationale que la gestion du Doyen de la Faculté des sciences économiques et de gestion de Bamako (FSGE) est conforme à la loi.
Mme Assétou Founè Samaké Migan répondait à l’interpellation de l’honorable Bakary Woyo DOUMBIA sur la gestion du Doyen Ousmane Papa KANTE, dont la gestion est décriée par des enseignants de ladite faculté. Ils mettent en cause sa gestion unilatérale, son favoritisme, sa violation des textes, sa mauvaise gouvernance dans la gestion des heures supplémentaires, etc.
À cause de cette situation, qui constitue depuis plus d’une année un bras de fer entre le doyen et certains professeurs, le député Bakary Woyo DOUMBIA a affirmé que la FSEG a pris du plomb dans les ailes pendant de très longs mois au détriment de la formation des étudiants. Les effets boomerang ont été également l’arrêt des cours par des enseignants pendant quatre mois entre 2015-2016 et un mois en 2016-2017, a-t-il relevé. Ces enseignants contestataires réclamaient l’argent de leurs heures supplémentaires et leurs salaires, a ajouté M. DOUMBIA au cours de sa séance d’interpellation.
Le Doyen KANTE, dont le comportement est mis en cause par le député de Bougouni, a exécuté des décisions émanant de sa hiérarchie, a-t-elle affirmé. Il n’a pas écarté des enseignants au profit d’autres personnes, a-t-elle défendu, en réponse à des incriminations du député interpellateur. Ensuite, rappelle-t-elle, après que les enseignants vacataires aient refusé de dispenser des cours, le Doyen KANTE sur instruction du Recteur de l’Université a fait appel aux enseignants permanents de poursuivre les cours. La décision était justifiée pour éviter à l’époque une année blanche, a-t-elle soutenu, avant d’abonder sur les questions liées à la suspension du salaire et le non du payement des heures supplémentaires.
« La suspension du salaire est intervenue en exécution de textes en la matière pour les enseignants grévistes. De même, ces enseignants ne peuvent pas bénéficier de l’argent des cours supplémentaires pour des travaux qu’ils n’ont pas faits », a-t-elle indiqué. Très paradoxale, indique-t-elle, « les enseignants courent dernière les heures supplémentaires en oubliant en grande partie leur profession ».
Suite à ces explications superficielles sur le problème des heures supplémentaires, le ministre a demandé des devoirs de réserves sur l’affaire puisqu’elle est pendante devant la justice.
De dizaines d’enseignants concernés par la situation avaient pris d’assaut la salle de plénière de l’Assemblée nationale pour suivre attentivement les propos de la ministre interpelée. Entre eux dans la salle, ils chuchotaient, murmuraient et se faisaient des signes des doigts et de têtes à chaque fois que le ministre répondait à une question. Sur les heures supplémentaires, ils affirment que le ministre n’a pas dit la vérité au peuple.
« Nous ne réclamons pas ce qui ne nous revient pas de droit », proteste un enseignant en costume bleu qui a expliqué qu’avant d’aller en grève, ‘’les enseignants avaient fait deux mois de cours d’heures supplémentaires à la faculté’’.
« C’est l’argent de ces cours dispensés que nous réclamons. C’est pourquoi nous avons pris la décision d’attaquer la décision du Doyen afin que la justice soit rendue », a fait savoir notre interlocuteur d’un ton de colère et d’indignation.
Aussi, accuser le Doyen de déterminer unilatéralement les périodes d’examen, ‘’c’est méconnaître le système de gestion et de gouvernance des facultés et des universités’’, a estimé la ministre. Elle a rappelé à son interpellateur que cette décision appartient au conseil des professeurs qui délibère sur la période d’évaluation.
« Nous avons mené nos investigations. Nous n’avons rien décelé de pratiques contraires à la loi. Je ne peux pas mettre en cause des décisions de mes structures tant qu’elles restent conformes à la loi », a-t-elle déclaré, tout en rassurant l’honorable DOUMBIA que son département n’est dans aucune combine de complaisance et de favoritisme.
Revenant à la charge, le député interpellateur a estimé également que ce n’est pas normal que les étudiants paient 10 000 FCFA par unité d’enseignement pour avoir droit à des examens dits « oraux payants ».
Là aussi, Mme Assétou Founè Samaké Migan pense que la situation est la conséquence de l’adoption du système LMD par notre pays. Elle est loin d’être une décision du Doyen et elle se passe ainsi dans tous les pays ayant opté pour ce système.
Malgré toutes ces accusations, le ministre de l’Enseignement supérieur a indiqué que la majorité des enseignants lors de leur assemblée générale ont décidé de le maintenir à son poste. Face à une telle décision, il est inapproprié pour son département de prendre une autre mesure, a-t-elle martelé, surtout que le processus de suspension d’un Doyen fait appel des textes.
Sikou BAH