Le torchon brûle au sein des Groupes armés depuis un moment. Ceux qui étaient unis pour la même cause ne parlent plus d’une même voix depuis quelque temps. Le climat entre les différents Groupes est miné au point où ceux-ci ont déserté la dernière réunion du Comité de Suivi de l’Accord (CSA).
Les mésententes entre les différents Groupes armés qui forment la plateforme siégeant aux réunions du Comité de Suivi de l’Accord (CSA) seraient nées des privilèges accordés à certains au détriment d’autres membres de la plateforme des Groupes armés. Selon nos informations, certains membres des Groupes armés sont mieux traités que d’autres. Ce qui aurait fait réagir ceux qui se sentent être lésés. Ce qui explique la désertion massive constatée lors de la dernière réunion. L’incident impacte négativement le processus de mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale en cours.
Face à cette situation, le Gouvernement s’est vu obligé d’entreprendre des consultations en vue d’une probable conciliation des parties. Menées par les Ministres Tiébilé Dramé et Lassine Bouaré, ces consultations semblent porter ses fruits. En tout cas, le dimanche 28 juillet 2019, les deux Ministres sont parvenus à réunir autour de la même table tous les Représentants des Mouvements de la Plateforme du 14 juillet 2014 pour discuter.
Après plusieurs jours de consultations, d’écoute et d’échanges, le Ministre des Affaires Étrangères et de la Coopération Internationale, Tiébilé Dramé, et son collègue de la Cohésion Sociale, de la Paix et de la Réconciliation Nationale, Lassine Bouaré, sont parvenus à réunir autour de la même table tous les protagonistes issus des Mouvements de la Plateforme du 14 juillet 2014. Le but est d’apaiser les tensions entre les différentes composantes de ces mouvements. C’était à la faveur d’une grande rencontre avec le Panel de personnes-ressources dédié à la médiation, tenue ce dimanche 28 juillet 2019.
Dans son intervention, le Ministre T. Dramé a tout d’abord salué les membres de la Plateforme. Il a rappelé les défis qui attendent notre pays notamment la poursuite du processus de paix en cours et la tenue prochaine du Dialogue National Inclusif. C’est à juste titre qu’il a, à l’occasion, lancé un véritable cri du cœur à l’adresse des membres de la Plateforme des Groupes armés. «La mise en œuvre de l’Accord a atteint sa vitesse de croisière. Il n’est pas envisageable que les composantes essentielles du processus de paix soient en division au moment où nous devons aller vers le Dialogue National Inclusif. Nous devons prendre notre destin en mains pour avancer ensemble. Tout le monde n’est pas là, mais toutes les sensibilités sont présentes. Pour réussir la paix, il faut un dépassement de soi. Donc, le message doit pouvoir passer », a-t-il laissé entendre.
À l’issue de cette rencontre conviviale et fraternelle, le Panel a dégagé un certain nombre d’éléments de son canevas de travail afin de proposer des solutions escomptées aux différentes parties. Il s’agit, entre autres, de traiter les membres de la Plateforme sur un même pied et d’élargir le Comité de Suivi de l’Accord (CSA) en particulier aux femmes, puis d’adopter une stratégie de présidence tournante entre les différentes composantes des Groupes armés à la tête de la plateforme.
Cette brouille a permis de comprendre les raisons profondes de cette crise sécuritaire que certaines personnes ont choisi délibérément d’entretenir pour tout simplement garder leurs privilèges. Désormais, il est bien plus clair que les Groupes armés jouent contre la montre dans la mise en œuvre de cet Accord pour des raisons mercantilistes. À l’issue de cette rencontre, les Groupes armés vont-ils mettre de l’eau dans leur vin? La prochaine rencontre du Comité de Suivi de l’Accord nous en dira mieux.
K. Komi
LE COMBAT