Depuis la proclamation définitive des résultats des dernières élections législatives, la situation politique a enregistré des tensions aggravées. Le parti du président de la République, le Rpm, est singulièrement sur la sellette et ses moindres réactions sont observées à la loupe.
Sans doute, le parti du Tisserand est dans une situation inconfortable ; il est même carrément dans l’épreuve. Certes, au sortir des dernières élections législatives, il a conservé sa place de première formation politique du pays, devant l’Adema-Pasj dont il est une douloureuse excroissance. Mais la boussole en son sein ne montre pas toujours le nord, ce qui désoriente beaucoup et provoque des questionnements auxquels on ne trouve pas encore les réponses qu’il faut.
Le choix du candidat du Rpm au perchoir de l’Assemblée nationale a montré à l’opinion publique nationale la fragilité structurelle du parti. En effet, contre l’avis du Bureau Politique National (BPN), instance supérieure de prise des décisions, le président de la République a manoeuvré pour faire élire Moussa Timbiné comme président du Parlement, au grand dam des autres candidats dont un réunissait beaucoup plus d’atouts que tous. Or, le sieur Moussa Timbiné avait été donné pour battu au deuxième tour des législatives dans sa circonscription de la Commune V de Bamako et il n’a dû son repêchage que grâce à une rocambolesque opération chirurgicale de la Cour constitutionnelle.
Après ce coup qui a plongé le parti dans un profond malaise, les frondes contre le président de la République ont pris une ampleur inattendue au sein de la classe politique, voire dans la société civile. Face aux empoignades politiques inévitables, le Rpm a-t-il les reins suffisamment solides pour être efficace dans l’arène ? Lourde question quand beaucoup de cadres du parti sont gagnés par le découragement et une certaine envie de quitter le navire. Beaucoup avaient même souhaité, à vrai dire, que c’est à Dr Bocari Tréta, le secrétaire général, de rendre le tablier, le premier. Mais le pouvait-il au regard de son passé de ministre noirci par la tonitruante affaire des engrais frelatés et, aussi, sans heurter frontalement Ibrahim Boubacar Keïta ? Tout compte fait, le Rpm n’est pas véritablement un foudre de guerre. En dehors de la figure tutélaire d’IBK, il pèserait très léger sur l’échiquier politique national, en tout cas selon plusieurs observateurs. Pour de bonnes raisons ou pour faire bon coeur contre mauvaise fortune, Dr Bocari est certainement condamné à demeurer au Rpm. Le parti en mauvaise posture vaut mieux certainement mieux que son implosion.
Moussa Ly
LE COMBAT