Pour lutter contre l’exploitation sexuelle des enfants à des fins commerciales, un atelier de sensibilisation des acteurs a été organisé en mars 2019 par l’Association pour la promotion des jeunes et enfants communicateurs (APJEC) et l’Association contre l’exploitation sexuelle des enfants au Mali (ACESEM) avec l’appui technique du bureau de la coordination d’Ecpat Luxembourg. C’est au cours de cet atelier qu’une campagne médiatique autour des problématiques de l’exploitation sexuelle des enfants à des fins commerciales (ESEC) au Mali fut lancée. Dans le cadre de cette campagne, Mme Coulibaly Amanda AMEDEGNATO, animatrice socioculturelle au Centre « Un toit, une vie » du BNCE-Mali (Bureau National Catholique de l’Enfance Mali) a bien voulu nous accorder un entretien en ce début d’avril dans son centre qui œuvre pour l’abandon de la pratique de l’exploitation sexuelle des enfants. Selon elle, l’une des causes du phénomène est le manque d’encadrement des parents.
C’est le lundi 1er avril 2019 aux environs de 11heures que notre équipe de reportage s’est rendue au Centre « Un toit, une vie » du BNCE-Mali (Bureau National Catholique de l’Enfance Mali) implanté au quartier Banankabougou de Bamako.
Dans ce centre, l’atmosphère est joviale, les enfants s’amusaient d’un côté et de l’autre côté, les mamans sont enthousiastes. Mais derrière ce climat bon enfant, se cache une histoire triste : l’exploitation sexuelle des enfants à des fins commerciales.
Ce n’est pas cette jeune fille KD d’à peine 17 ans qui dira le contraire. Car, c’est à cause de cette pratique qu’elle s’est retrouvée dans ce centre de rééducation et de réinsertion, selon ses propres explications. Chassée par ses parents à Kati à cause de ses sorties noctambules, KD s’est retrouvée aide ménagère au quartier Kalabancoura de Bamako.
Là aussi, elle n’a pas pu tenir le travail à cause de ses sorties noctambules. C’est pendant ses sorties noctambules qu’elle contracta une grossesse. N’ayant pas de moyen pour suivre sa grossesse, le centre « Un toit, une vie » du BNCE-Mali (Bureau National Catholique de l’Enfance Mali) l’aida à accoucher.
Le bébé a 4 mois et elle-même apprend la couture actuellement avec l’accompagnement du centre. KD nous a promis de ne plus recommencer cette pratique « sexuelle » qui ruine la vie d’une jeune fille. Selon Mme Coulibaly Amanda AMEDEGNATO, animatrice socioculturelle au Centre « Un toit, une vie » du BNCE-Mali (Bureau National Catholique de l’Enfance Mali), les principales causes de l’exploitation sexuelle des enfants sont la pauvreté, la précarité, le manque d’encadrement des parents et le fléau de la nouvelle technologique.
A cet effet, elle a souhaité une sensibilisation massive par les acteurs sociaux étatiques et ONG, les medias, les élus communautaires, les leaders religieux, aussi les communicateurs traditionnels. Elle a également souhaité plus de formation à l’égard des acteurs de la protection des droits des enfants, la société civile, et les acteurs de la justice.
En outre, Mme Coulibaly Amanda a souhaité plus d’engagement des autorités du Mali dans la lutte contre ce fléau. Les parents aussi doivent davantage, dit-elle, s’impliquer dans l’éducation et la protection des enfants. « Je suis sûr qu’un jour il y aura un abandon total de cette pratique », a-t-elle rassuré.
Elle a fait savoir que le BNCE–Mali qui existe au Mali depuis plus de 15 ans a pour objectif le développement d’un environnement plus protecteur des droits de l’enfant en vue de la croissance intégrale de tous les enfants. Avant d’ajouter que l’une des activités du centre est la prise en charge holistique des jeunes filles et jeunes filles mères abusées, victimes d’exploitation sexuelle et/ou maltraitées.
A ses dires, actuellement, il y a 22 pensionnaires au centre [jeunes filles et bébés]. « De Juin a maintenant 03 filles ont été réinsérées et rééduquées. Parmi ses trois filles une a bénéficié d’une activité génératrice de revenu », a-t-elle dit.
Par ailleurs, elle a mis l’accent sur le partenariat entre le BNCE et l’Ecpat Luxembourg qui se passe bien et qui a commencé par les antennes de Ségou, Sikasso et Mopti. « C’est à partir de l’année 2018 que le centre de Bamako a été associé pour l’accueil et la prise en charge des jeunes filles victimes d’ESEC référées par le SAMUSOCIAL qui les accompagne à partir de la rue et des sites », a-t-elle conclu.
Aguibou Sogodogo
Source: Le Républicain