Après plus de 6 mois sans cours, les élèves des écoles publiques ont enfin repris le chemin des classes le lundi 20 mai dernier, cela suite à un accord entre le gouvernement et les syndicats des enseignants. Si l’effort consenti par les deux parties est à saluer, cependant force est de constater, que cette grève a créé un déséquilibre total en terme de niveau entre les élèves des écoles publiques (qui l’ont suivi en intégralité) et ceux des écoles privées (qui l’ont suivi en partie). De ce fait, les prochains examens s’annoncent avec de gros risques pour les élèves des écoles publiques qui ont passé les 2/3 de l’année scolaire à la maison.
« Comment pourrions espérer un résultat meilleur dans ces conditions ? » voilà l’inquiétude de Djouma Konaté, un élève du lycée Mamby Sidibé de Kati en classe de 12ème année.
Le lundi 20 mai dernier, les élèves ont repris le chemin des classes. Cela suite à un protocole d’accord entre le gouvernement et les syndicats des enseignants, qui intervient après des grèves intempestives ayant duré plus de six mois. Précision : cette grève n’a concerné intégralement que les établissements publics, ceux des privés ne l’ont observé qu’en partie.
En ce 1er jour de la reprise des cours, l’ambiance était très bonne dans les cours des écoles. Dans pas mal d’établissements, la joie était lisible sur le visage de certains élèves, lesquels étaient heureux de retrouver leurs camarades de classe et leurs professeurs. Il en était de même pour les enseignants.
Le souci d’affronter les examens
Cependant, au-delà de cette 1ère impression se cachait un sentiment d’inquiétude chez les candidats aux différents examens. Tous des élèves de la 12ème année, Djouma et ses camarades, causent tranquillement sous un arbre dans leur établissement, le lycée Mamby Sidibé de Kati.
Comme l’on pouvait imaginer, le sujet de la causerie porte sur la préparation du baccalauréat. Un examen, qu’ils sont appelés à affronter avec peu de pages noircies dans leurs cahiers. « Est-ce que les examens vont se tenir sur les programmes que nous avons pu suivre ou sur tout le programme de l’année en cours ? » s’interroge Djouma.
La réponse à cette question ne sera trouvée entre élèves. Qui sont tous anxieux. Dans la foulée, un camarade de Djouma, qui a voulu garder l’anonymat, évoque une autre interrogation : « Allons-nous composer dans des matières que nous n’avons pas étudié en classe ? ».
A une trentaine de kilomètres de la ville de Kati, derrière le marché hebdomadaire ‘’ Drale’’ se situe l’école fondamentale de Yélékebougou. Son cartable dans la main, l’enseignant du secondaire Yéli Dembélé, qui donne des cours dans cet établissement était très heureux de la reprise des cours.
M. Dembélé, soulève des inquiétudes sous un autre angle. Pour lui, aller aux examens dans de telles conditions favoriserait plus les élèves des établissements privés que ceux des publics. « L’Etat doit prolonger les études jusqu’en août et faire des cours de rattrapage, c’est-à dire étudier les samedis et les jeudis soirs » a-t-il proposé en termes de solution. Et d’ajouter : « Nous les enseignants, sommes prêts à continuer les cours jusqu’au moment des examens ».
Cette déclaration de l’enseignant de Yélékebougou dans la commune urbaine de Kati, n’est pas totalement rejetée par son confrère, Censeur du lycée Mamadou M’Bodj de Sébenikoro, Adama Cissé. Ce dernier est aussi porteur d’espoir pour une sortie de crise de l’école malienne, mais avec la participation de l’ensemble des acteurs. « On va essayer de se focaliser par rapport au calendrier que le gouvernement va nous donner et voir comment nous pourrons mieux encadrer les enfants avant le jour des examens » a déclaré le Censeur Cissé. A lui d’apporter que les enseignants et toute l’administration de son établissement sont engagés pour aider les enfants dans le cadre des examens.
Quand les élèves ramassent les pots cassés des enseignants !
Certes des efforts ont été déployés dans le cadre d’une sortie de crise pour l’école malienne, à ce stade, il faut souligner que le processus est à son état embryonnaire. En ce qui concerne, l’année scolaire en cours, la signature d’un accord, après tout le temps perdu, ne garantit en rien son sauvetage.
L’on se dirige inévitablement vers une année facultative. Or, cette approche n’est pas sans conséquence sur les élèves et le système éducatif malien. En effet, la décision d’une année facultative pourrait être un coup dur pour le Mali. Cela entrainera certainement, l’augmentation du taux d’échec et celui d’exclusion de beaucoup d’élèves. Pire, les lauréats de cette année à l’issue des différents examens auront du mal à faire valoir leur diplôme à l’étranger.
A signaler que la reprise des cours n’a pas été effective dans tous les établissements de Kati, car certains enseignants refusent d’entrer en classe parce qu’ils n’ont pas encore perçu leurs salaires du mois de mars. D’autres avaient déjà rangé les affaires pour se rendre ailleurs.
Par Maïmouna Sidibé
Source: Le Sursaut