Le premier des quatre bataillons de l’armée malienne qui doivent bénéficier de la Mission de formation de l’Union européenne au Mali (EUTM) a terminé sa préparation, le 8 juin à Koulikoro. Mais ses soldats ont boycotté la cérémonie de clôture, par défiance envers leur hiérarchie.
Le 8 juin, à Koulikoro (à 60 km de Bamako), le bataillon pilote de 670 hommes encadré par la Mission de formation de l’Union européenne au Mali (EUTM) devait être présenté aux diplomates accrédités dans la capitale malienne, au ministre de la Défense, ainsi qu’aux officiers français de la force Serval. « Les soldats devaient faire une séance d’exercice à l’occasion de la cérémonie de clôture de leurs deux mois de formation, mais ils ont refusé de participer », indique le capitaine Modibo Traoré, l’un des porte-parole de l’armée malienne.
« Ils demandent à leur hiérarchie trois choses : une prime exceptionnelle, un avancement de grade et une permission », explique un officier de l’EUTM qui a requis l’anonymat. « On apprend que l’avancement des soldats est en étude et la permission pour visiter leurs famille est acquis », poursuit-il.
Le blocage se situe donc au niveau de l’argent, les soldats de ce bataillon surnommé « Waraba » (lion en langue bambara) ne voulant pas rendre visite à leurs familles les mains vides. Du côté de l’armée malienne, on préfère cependant parler d’incompréhension.
Primes
« Comme sur le théâtre des opérations au nord, où ils percevaient 50 000 F CFA en plus par mois, les soldats pensaient qu’ils bénéficieraient d’une prime – ce qui n’était pas prévu pour la formation. En plus, ils ont entendu dans les médias que l’UE a donné beaucoup d’argent au gouvernement. Pour eux, ce qu’ils pensent à tort être leur dû a été confisqué par les officiers supérieurs, comme cela se faisait dans le passé », explique Modibo Traoré.
Le manque de confiance entre les soldats leurs officiers supérieur – lequel avait été à la base du coup d’État qui a renversé le régime d’Amadou Toumani Touré, en mars 2012 – est toujours criant. Et l’EUTM, qui avait entre autres pour mission de briser cette défiance, a échoué.
Prévoyance
Selon un colonel d’un pays voisin du Mali, basé à Bamako, « le commandement du bataillon deavit prévoir, planifier et donner aux soldats les ordres de la hiérarchie. Mais sur le premier point c’est un échec ».
Un échec relatif, nuance le Lieutenant colonel français Philippe de Cussac, chargé de presse à l’EUTM. « Au cours de la formation à Koulikoro, les soldats maliens ont été très discipliné et assidus ».
Baba Ahmed, à Bamako
jeuneafrique.com