L’ex-directeur de la police fédérale américaine, James Comey, témoigne ce jeudi 8 juin 2017 devant le Congrès.
Une audition publique très attendue, présentée comme un tournant dans l’enquête sur les possibles interférences russes dans la campagne électorale, et sur les liens de l’équipe Trump avec Moscou. Le Congrès a rendu publique la déclaration préliminaire de James Comey. Elle confirme sa version des tentatives du président d’influencer le directeur du FBI qu’il était.
Avec notre correspondante à Washington, Anne-Marie Capomaccio
Le texte publié par le Sénat apporte-t-il des faits nouveaux ? Pas vraiment, puisque la presse avait largement fait fuiter les mêmes informations auparavant. En revanche, ces révélations sont désormais confirmées par James Comey lui-même, sous serment.
Le haut fonctionnaire relate au jour le jour ses contacts avec le président. Il confirme toutes les fuites parues dans la presse depuis le début de l’affaire. En janvier, Donald Trump invite James Comey à dîner en tête à tête, et exprime une requête : « J’attends de vous de la loyauté ». Le directeur du FBI répond qu’il s’engage à être « honnête ». Nuance importante.
La méfiance de Comey à l’égard du président
En février, le président insiste pour voir James Comey seul, après une réunion. « Je veux vous parler de Mike Flynn, dit Donald Trump. C’est un gars bien, j’espère que vous allez laisser filer l’enquête le concernant. » Autrement dit, le nouvel homme fort de la Maison Blanche lui fait comprendre qu’il apprécierait voir le dossier enterré.
En mars, puis en avril, James Comey reçoit deux appels du président. « Je veux que le FBI rende public le fait que je ne suis pas personnellement sous investigation », s’entend-il dire. James Comey n’explique pas à Donald Trump pourquoi il gagne alors du temps avant de s’exécuter. Il craint en fait qu’une telle déclaration publique soit démentie par l’enquête elle-même.
Tout au long de son récit, James Comey fait part de son malaise devant les demandes pressantes du milliardaire. La méfiance est immédiate. On apprend que dès sa première rencontre avec Donald Trump, James Comey est mal à l’aise. Et c’est pour cela qu’il décide de tenir ce qui ressemble à un journal.
A chaque interaction avec le président des Etats-Unis, celui qui est alors le patron du FBI consigne tous les détails par écrit, informe ses adjoints et classe le mémo. Et d’avouer : « J’ai demandé au ministre de la Justice de m’épargner tout tête à tête avec le président ».
Trump se sent « complètement conforté »
Dans cette affaire, le président Trump a préféré confier sa défense à un juriste. Or, la meilleure défense étant l’attaque, « le président se sent complètement et totalement conforté » par les déclarations de M. Comey, a déclaré cet avocat mercredi soir.
Selon son conseil, connu pour ses méthodes peu orthodoxes, Donald Trump s’est dit « satisfait » que l’ancien chef du FBI ait « finalement confirmé publiquement ses informations privées selon lesquelles le président ne faisait pas l’objet d’une enquête en lien avec une investigation sur la Russie ».
Ce qui sera intéressant désormais, ce sont les questions que vont poser les élus après la déclaration préliminaire de M. Comey. Les démocrates devraient manifester leur soutien moral à son égard, et poser des questions tendant à apporter la preuve que le président a bien fait pression pour enterrer une enquête du FBI.
Mais James Comey fera également face à des adversaires féroces. Certains élus républicains vont tenter de le déstabiliser, et de mettre en doute son honnêteté, de salir sa réputation. C’est la tactique que l’on voyait poindre dès mercredi soir après la parution de son propos préliminaire.
Source: RFI