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Etats généraux sur la décentralisation :Déclaration du président du Haut conseil des collectivités locales, Oumarou Ag Mohamed Ibrahim Haïdara

· Excellence Monsieur le Président de la République, Chef de l’Etat ; · Messieurs les Présidents des Institutions de la république · Monsieur le Ministre de l’Administration Territoriale ; · Monsieur le Ministre Délégué Chargé de la

 

Décentralisation ; · Mesdames et Messieurs les Membres du Gouvernement ; · Excellence Monsieur l’Ambassadeur de la République Fédérale d’Allemagne, Chef de file des Partenaires Techniques et Financiers ; · Monsieur le Maire de Stuttgart, Président du Conseil des Municipalités des Régions Européennes · Honorables Députés et Conseillers Nationaux ; · Monsieur le Gouverneur du District de Bamako ; · Messieurs les Gouverneurs des Régions ; · Monsieur le Maire du District de Bamako ; · Mesdames et Messieurs les Préfets du Mali ; · Messieurs les Maires du District de Bamako ; · Monsieur le Maire de la Commune III ; · Mesdames et Messieurs les Représentants des Associations des Pouvoirs Locaux ; · Autorités Coutumières et Religieuses ; · Mesdames et Messieurs en vos Rangs et Qualités ;

A l’entame de mon propos, je voudrais saluer avec une fière chandelle Son Excellence Monsieur le Président de la République pour sa présence parmi nous. Une présence, dis-je, très singulière autant qu’elle constitue son premier contact, j’allais dire son bain de foule avec un aéropage d’éminentes personnalités au nombre desquelles les élus locaux représentant les 761 collectivités du Mali. C’est là, le témoignage édifiant de tout l’intérêt que vous accordez Excellence à la décentralisation, inaugurant ainsi l’avènement d’une ère nouvelle assise sur le changement que le peuple clame à cor et à cri.
Ces Etats Généraux de la décentralisation arrivent à leur heure, et mobilisent d’une part leur propre nécessité et d’autre part la pertinence de leurs objectifs tant pour les pouvoirs publics, les collectivités et les autres acteurs de la mise en œuvre de la décentralisation.
Ce faisant, permettez-moi Excellence Monsieur le Président de la République, en ma qualité de président du Haut Conseil des Collectivités de vous féliciter très chaleureusement pour la tenue de ces assises que vous avez annoncées dès votre accession à la magistrature suprême, dénotant ainsi tout l’intérêt que vous accordez à la décentralisation, partant, le mieux être de nos populations.
·         Excellence Monsieur le Président de la République ; Chef de l’Etat ;
·         Mesdames et Messieurs les participants ;
Le Mali a très tôt perçu la décentralisation comme le système le plus adéquat d’organisation administrative. La décentralisation constitue à coup sûr une option stratégique de gouvernance pour notre pays. Elle s’articule autour de deux grands principes : l’enracinement de la démocratie participative et l’implication des acteurs locaux à travers une approche de développement durable. L’intérêt des autorités pour ce mode de gouvernance était manifeste depuis les premières heures de notre indépendance. Cependant, il aura fallu attendre quarante (40) bonnes années pour que la volonté politique née de la révolution de mars 1991 prenne corps, pour essayer de rompre avec le système de gouvernance d’un Etat fortement centralisé.
·         Distingués invités ;
·         Mesdames et Messieurs ;
L’analyse du processus de mise en œuvre de la décentralisation de 1999 à nos jours, laisse apparaitre un tableau peu reluisant marqué par des acquis certes significatifs mais également des insuffisances et des lacunes notoires.
Aussi, la présente rencontre appelée Etats Généraux de la décentralisation s’inscrit-elle dans le droit fil d’apporter les correctifs nécessaires à la réforme, en vue de son approfondissement, tant il est vrai que les attentes des populations restent très grandes.
Il va sans dire que les orientations, les choix, les réglages et même les démarches se doivent d’être peaufinées pour faire du Mali un pays émergent, regardant crânement l’avenir avec hardiesse. Dans ce monde en perpétuelle rupture et dans une société en déséquilibre constant, la décentralisation semble la seule terre ferme sur laquelle on peut prendre appui pour s’affirmer.
Imprimant une forte identité nationale, la décentralisation, pour tout dire, noue et entretient les relations multiples et multiformes, partant, elle ménage le terreau pour la préservation de l’unité nationale,  de l’intégrité du territoire et de la refondation de l’Etat. N’est-ce pas là, la réponse idoine aux multiples interrogations, supputations autour de la question de prise en main par les populations de leur propre destin, et ceci à travers un collège démocratiquement élu jouissant d’une personnalité juridique et morale, doté d’une autonomie de gestion administrative et financière.
·         Excellence Monsieur le Président de la République ; Chef de l’Etat ;
·         Mesdames et Messieurs les participants ;
Pour un rappel historique, le Haut Conseil des Collectivités, représentation nationale des collectivités, bénéficiant d’un statut constitutionnel à la fois hybride et atypique est l’Institution à laquelle le constituant de février 1992 a attribué la responsabilité d’être le promoteur et le vigile de la mise en œuvre de la politique de décentralisation.
Que de pays sont venus s’inspirer de l’expérience malienne en matière de décentralisation et surtout à travers une Institution de la République dédiée à la promotion des collectivités territoriales. Mais faudrait-il bien s’interroger aujourd’hui si les missions et prérogatives constitutionnelles permettent de booster véritablement la décentralisation comme vivement souhaitée par la révolution de Mars 1991.
·         Excellence M. le président de la République ;
·         Mesdames et Messieurs les participants ;
Après plus d’une décennie de pratique démocratique de ce mode de gouvernance, il s’avère plus que jamais utile d’établir un diagnostic sans complaisance de la situation. En d’autres termes, il s’agit d’évaluer en toute objectivité le chemin parcouru et  s’interroger sur le futur ? Il est établi qu’autour de la décentralisation, gravitent d’interminables controverses, voire d’innombrables malentendus au nombre desquels je citerais entre autres le contentieux lié au découpage territorial, datant de 1999 et qui persiste encore de nos jours.
A cet égard, je voudrais partager avec vous Excellence Monsieur le Président de la République, quelques éléments qui me semblent pertinents pour la réflexion et pour l’action.
En effet, le cadre juridique et institutionnel de la décentralisation, le transfert concomitant des compétences et des ressources, le dispositif d’accompagnement des Collectivités Territoriales, le processus de planification, de budgétisation, la mobilisation des ressources et la maitrise d’ouvrage connaissent de goulots d’étranglement auxquels des solutions doivent être vite trouvées. Mieux, l’absence de procédures pour une gestion des affaires inter collectivités et souvent la non prise en charge du statut des élus locaux ; l’ambigüité du statut du District de Bamako, couplée à l’épineux exercice de la tutelle ; les insuffisances constatées ça et là au niveau des acteurs commis aux tâches d’appui conseil ont conduit à des dérives jusque là connues dans la gestion des collectivités territoriales.
·         Excellence M. le président de la République ;
·         Mesdames et Messieurs les participants ;
Nonobstant l’instruction n°08-0003/PM-RM du 21 novembre 2008, du Premier Ministre adressée au Gouvernement de l’époque, le processus reste largement lié à l’imprécision et à la confusion des actes administratifs y afférents. Le transfert des ressources financières ne suit pas celui des compétences. Les fonds alloués aux collectivités restent dérisoires et tributaires des lourdeurs administratives.
Aujourd’hui, il urge de repenser toute la politique de financement des collectivités; dans cette optique il convient d’allouer un pourcentage substantiel annuel du budget d’Etat aux collectivités pour leur permettre d’accomplir leur mission ; c’est-à-dire la promotion du développement local et régional au bénéfice des populations.
 A l’évidence les élus locaux ont un impérieux besoin de méthodologie leur permettant d’élaborer et de conduire les schémas d’aménagement et de développement. Pour ce faire ils doivent mériter de toute la confiance de leurs mandants pour l’application efficiente de la redevabilité.
Hélas, beaucoup d’élus en bonne foi restent convaincus que par une grâce de Dieu et du suffrage, le devenir de leur localité leur revient exclusivement. Ainsi, s’installe une fracture civique. Il se creuse alors un fossé entre l’élu et ses mandants, se traduisant par un déficit démocratique, avec en toile de fond le désintéressement face aux affaires publiques, l’incivisme fiscal, le refus de participation du citoyen aux consultations électorales, pour tout dire la défiance à la vie publique, voire la mise en cause de l’Etat central et de la décentralisation.
·         Excellence M. le président de la République ;
·         Mesdames et Messieurs les participants ;
Pour notre pays, si la décentralisation n’existait pas il aurait bien fallu l’inventer tant aujourd’hui, elle met en synergie des élans et des avis si difficilement conciliables hier seulement.
J’ose espérer que les thèmes retenus dans les différents panels traités dans les commissions avec toute l’importance que la tenue de cet évènement requiert, seront assortis de recommandations et de conclusions, qui jetteront les bases d’une décentralisation intégrale et immédiate dans un Mali en paix et réconcilié avec lui même.
·         Excellence Monsieur le Président de la République ; Chef de l’Etat ;
Je vous donne l’assurance du haut de cette tribune que, le Haut Conseil des Collectivités représentation nationale des 703 communes, 49 cercles, 8 régions et du District de Bamako jouera pleinement son rôle d’acteur institutionnel et contribuera conséquemment à l’ancrage du processus de la décentralisation et partant, faire du processus de décentralisation une stratégie de réponses aux racines de la crise sociopolitique et sécuritaire en s’appuyant sur des collectivités territoriales qui impulseront la vraie réconciliation nationale, le vivre ensemble à travers des rencontres de concertation intra et inter communautaires.
·         Excellence M. le président de la République ;
·         Mesdames et Messieurs les invités ;
Notre fierté sincère et notre foi inébranlable nous obligent de ne jamais peindre notre Maliba sous le visage de l’échec, de la honte de nous mêmes, alors que, notre grand Mali reste celui de tous les possibles, pour peu qu’on croie aux valeurs de dignité, d’audace, d’opiniâtreté et de l’engagement des maliens.
C’est sur cette note d’espoir que je souhaite pleins succès aux travaux des Etats Généraux de la Décentralisation.
Je vous remercie.

Source: BAMADA.NET

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