La Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest (BCEAO) a lancé, le 25 juillet 2018 dernier, un dispositif de soutien au financement des PMI-PME dans l’espace UEMOA. L’initiative, dénommée ‘’Dispositif Pme’’, vise à favoriser l’accès aux financements bancaires des petites et moyennes entreprises en vue d’accroitre leur contribution au PIB et la création d’emplois.
Au plan national, le lancement officiel de ce dispositif a eu lieu ce jeudi 2 août 2018 à l’espace MAEVA à l’ACI2000. C’était au cours d’une cérémonie, présidée par le ministre de l’Investissement et du secteur privé, Me Baber GANO, en présence de son homologue de l’élevage et de la pêche, Mme Kané Rokia MAGUIRAGA ainsi que de la secrétaire générale du ministère de l’économie et des finances, Mme Sidibé Zamilatou CISSE.
Initiée par le ministère de l’Investissement et du secteur privé, cette rencontre a enregistré la présence du directeur national de la BCEAO au Mali, Konzo TRAORÉ, de la présidente de l’APBEF, Mme Toure Coumba SIDIBÉ, celle de du président du réseau Malien des PME, Sanou SARR ainsi que celui du Comité d’identification des structures d’appui et d’encadrement des PME (CISAE-Mali), Aboubacari CISSE, etc.
Le « Dispositif PME », selon ses initiateurs, fait suite au mandat donné à la Banque centrale, en 2012 par les Chefs d’Etat de l’UEMOA, dans le cadre du plan d’action de financement des économies.
Il s’adresse principalement aux entreprises évoluant dans le secteur informel, qui sont généralement non financières, productrices de biens ou services marchands, disposant d’un chiffre d’affaires n’excédant pas 1 milliard FCFA et respectant l’obligation légale de produire des états financiers, selon les dispositions en vigueur dans l’Union.
Tout autant, le ‘’Dispositif PME’’ vise d’une part, à promouvoir les petites et moyennes entreprises par l’amélioration de leur encadrement et, d’autre part, à refinancer les créances bancaires des entreprises éligibles et à diversifier les instruments financiers adaptés à leur besoin.
Mme Touré Coumba SIDIBÉ, Présidente de l’APBEF, a indiqué que les PME-PMI représentent jusqu’à 95% des entreprises de l’espace UÉMOA et l’écrasante majorité de ces PME-PMI sont dans le secteur informel. Celles-ci, a-t-elle fait savoir, ne tiennent pas de comptabilité et ne disposent non plus pas de comptes d’exploitation, ni de plan de trésorerie, encore moins de bilan. Du coup, se pose la question de savoir comment financer une entreprise informelle? Toujours selon Mme Touré Coumba SIDIBÉ, cette question, qui a été posée pendant des décennies, a fait l’objet de nombreux débats et autres échanges. Et pour lever ces contraintes, a rappelé la banquière, les autorités monétaires de la BCEAO ont bâti une véritable politique de financement des PME-PMI, conformément aux conclusions des travaux du Haut Comité ad hoc de la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement dont les réflexions ont abouti, en juin 2012, à la production d’un rapport sur le financement des économies de l’UEMOA.
Ainsi, il ressort de ses explications que les axes retenus s’articulent, d’une part, autour de la complémentarité des acteurs comme la Banque Centrale, les Etablissements de Crédit, les Structures d’appui et d’encadrement des PME-PMI, les Etats, le Marché Financier Régional. D’autre part, une définition commune de la PME-PMI dans l’espace UEMOA a été adoptée ainsi que les critères d’éligibilité des PME-PMI au dispositif. Ce qui est une avancée notable. L’APBEF, selon sa présidente, s’engage résolument dans cette dynamique qui constitue, à ses yeux, un levier important d’augmentation du taux de la bancarisation et de l’inclusion financière dans notre pays.
«La problématique du financement des PME-PMI nous interpelle tous, car ces entreprises constituent indéniablement le moteur de la croissance de nos économies. Elles sont sources de création d’emplois, de lutte contre la pauvreté et contribuent largement à rendre nos économies plus dynamiques et plus résilientes», a plaidé Touré Coumba SIDIBÉ.
Pour le président du réseau Malien des PME, Sanou SARR, le développement économique d’un pays se fonde en règle générale sur une structure équilibrée où les PME/PMI jouent un rôle clé en termes de dynamisme, de création d’emplois et de richesses. A travers cette initiative, a-t-il fait savoir, la BCEAO est amenée à prendre 90% des risques. «C’est une perche pour les PME et PMI», a-t-il convenu.
De son côté, le président du Comité d’identification des structures d’appui et d’encadrement des PME (CISAE-Mali), Aboubacari CISSE, a expliqué que, dans le but de concrétiser la volonté des chefs d’Etats, le Conseil des Ministres de l’UEMOA, en sa session du 29 septembre 2015, a pris la décision n°29 qui met en place un dispositif de soutien au financement des PME/PMI dans le cadre du financement des économies de l’UEMOA. Un tel dispositif vise à apporter une réponse à la problématique de l’accès des PME/PMI au financement bancaire, à travers des incitations offertes par la Banque Centrale aux établissements de crédit et une meilleure organisation de l’accompagnement de ces entreprises. A travers ce dispositif, il s’agit de créer une masse critique de PME pour plus de création de richesses et d’emplois.
Parmi les critères d’éligibilité, M. CISSE cite le fait d’être inscrit en RCCM et de tenir une comptabilité, selon les dispositions du SYSCOHADA et avoir le cas échéant libéré son capital à hauteur du minimum requis par les dispositions légales en vigueur et enfin respecter les critères de rentabilité et de capacité de remboursement.
Dans ce dispositif communautaire, le rôle des Etats est de faciliter l’accès des PME à la commande publique, notamment en adoptant un texte qui définit un pourcentage des marchés qui leurs sont octroyés, l’adoption d’un cadre légal visant à favoriser le développement des bourses de sous-traitance ; renforcer les capacités des structures d’encadrement des PME/PMI ; homologuer les tarifs des prestations fournies par les structures publiques de suivi et d’encadrement des PME/PMI, etc.
Par ABDOULAYE OUATTARA
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