L’Espace d’interpellation démocratique vivra cette année sa 18è édition le 10 décembre prochain.
Et déjà les services du médiateur de la République invitent nos concitoyens au dépôt de leurs interpellations. Véritable tribune des sans voix, l’EID est une initiative de l’ancien président Alpha Oumar Konaré.
Au Mali, le processus de démocratisation entamé en 1991 a ouvert de nouvelles perspectives en matière de gouvernance. Ce qui imposait aux nouvelles autorités de développer des initiatives dans le sens des changements souhaités par le peuple. Il s’agissait en particulier de trouver des alternatives permettant d’établir de nouvelles relations entre l’Etat et les citoyens, notamment par le renforcement du dialogue entre gouvernants et gouvernés.
C’est dans ce contexte qu’a été créé le 10 décembre 1994 l’Espace d’Interpellation Démocratique (EID), à l’initiative du Président de la République de l’époque, comme élément d’une nouvelle stratégie de communication permettant aux citoyens de s’adresser directement aux autorités qui ont l’obligation de leur fournir des réponses concernant tous les aspects de la vie politique, économique et sociale: les violations de droits, la corruption, la non application des décisions de justice, la lenteur dans le traitement des dossiers au niveau des services administratifs, le non respect des dates annoncées pour le démarrage de certains projets ou programmes de développement, le manque d’autorité de l’Etat dans la gestion de certaines affaires d’envergure nationale, le traitement des conflits liés à la gestion des domaines fonciers, la liste n’est pas exhaustive.
La première édition a eu lieu le 10 Décembre 1994 à l’occasion de la célébration de l’anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme.
Les principales interpellations et contributions à cette 1ère édition ont d’ailleurs principalement été le fait d’organisations, d’associations et de collectifs œuvrant pour la promotion et la protection des droits de l’homme en général, plus spécifiquement des droits des femmes et des enfants et pour la défense des libertés publiques et droits fondamentaux.
Le succès des deux premières éditions et l’engouement suscité auprès du public ont conduit le gouvernement à instituer officiellement l’événement en lui fixant des objectifs plus précis à travers le Décret N° 96-159/PRM du 31 Mai 1996, complété plus tard par un règlement intérieur.
L’Espace d’Interpellation Démocratique est un forum annuel qui a pour objet « d’informer les opinions publiques nationale et internationale sur l’état des droits de l’Homme en République du Mali, de contribuer de manière active et pédagogique à la réalisation d’une culture démocratique nationale » et d’impulser de façon significative la politique de promotion et de protection des droits et libertés des citoyens.
L’EID s’adresse à l’ensemble des populations maliennes à travers une forte médiatisation. Il faut souligner que la télévision assure la retransmission en direct de la session relayée par les radios et la presse écrite. L’EID a une devise « Démocratie-Justice-Développement » et un hymne dont un extrait est chanté à l’ouverture, traduit dans les principales langues (les plus parlées) du Mali : « il faut que devant la justice, tous les fils du pays soient égaux.
Que l’on soit premier dirigeant ou vendeur de charbon de bois, le droit doit être dit pour fixer qui a raison et qui a tort. La démocratie est source de bonheur, parce que garante des droits de l’homme ».
Malick Camara
Source: Le 26 Mars