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Environnement : Stop, le Niger meurt !

La situation du fleuve Niger aujourd’hui est dramatique. Ce cours d’eau qui traverse le Mali et desserve toute la capitale se trouve en danger de mort. Ce cours d’eau  d’une longueur de 4200 km est victime non seulement de l’instabilité climatique, mais aussi des activités humaines qui provoquent son tarissement progressif d’année en année. Il est temps de dire stop, parce que le Niger meurt.

Le Mali partage ce cours d’eau avec la Guinée, le Benin et le Nigéria. Le Niger constitue une source d’approvisionnement pour les populations des zones qu’il traverse. Grâce à ce cours d’eau, la pêche, l’irrigation, la navigation, le maraîchage, etc., sont pratiqués par les riverains. Comme a noté la représentante du ministère néerlandais des Affaires étrangères, Carola Van Rijnsoever, dans une interview accordée à la Mikado au cours de ce mois de février lors de la 4ème Planet security initiative:« J’ai eu l’opportunité de voyager de Bamako à Gao en 2015 et à ce moment-là, j’ai pu mesurer à quel point le fleuve Niger était vaste et beau à la fois ». Toutes ces activités font la beauté de ce fleuve.

 Les causes du tarissement du Niger

Avec ce tarissement récurrent constaté depuis 30 à 40 ans et expliqué comme étant les conséquences des sècheresses connues par l’humanité, il y a lieu de craindre. En effet, comme cause de ce phénomène, on pointe du doigt le changement climatique qui a engendré la baisse de la pluviométrie comme l’a expliqué Baba Faradji N’Diaye, chef du département protection et gestion des écosystèmes à l’Agence du bassin du fleuve Niger (ABFN) lors d’une interview accordée au journal Les Échos en 2018. « La péjoration climatique a  sa part, mais il faut dire que ce n’est pas quelques choses de nouveau, on appuie beaucoup effectivement la péjoration climatique parce que depuis 30-40 ans on est dans ce contexte, on est dans ce climat changeant qui fait qu’il pleut moins».

 Son tarissement surprend cette année

Cela était l’avis de bons nombres de Maliens l’année dernière ainsi que les années précédentes où la pluviométrie était très faible, mais nul ne pouvait s’attendre en 2019 à une telle baisse de niveau du fleuve Niger. Durant la saison pluvieuse dernière, la pluviométrie a été si abondante que les habitants des rives du fleuve se sont vus obligés de déguerpir dû aux fortes inondations. Mais depuis au mois de janvier dernier, nous avons été surpris de voir les enfants traverser ce fleuve dans certains endroits à pied.

 Nous sommes pourtant responsables

Cette situation doit nous interpeler tous. L’instabilité climatique en est pour une large part responsable, mais il faudrait que chaque riverain assume ses responsabilités. Ce fleuve qui constitue un joyau naturel pour ces pays est devenu pour les habitants une poubelle où on se plait à déverser les ordures ménagés. Qu’en est-il de l’orpaillage mené tout au long de son lit ? Outre tous ceux-ci, la déforestation aidant, l’ensablement est au rendez-vous. Or, les autorités ne songent peut-être pas à une surveillance accrue de ce cours d’eau.

 Des travailleurs se plaisent de son état actuel

Ce qui est déplorable également, c’est que des travailleurs dans le lit de ce fleuve se plaisent de ce tarissement progressif parce qu’il leur facilite leur travail. Tel est le cas d’Ousmane Guindo, exploiteur de sable sur la rive du fleuve Niger à Kabala. Celui-ci n’a nullement daigné à nous faire savoir : « Cette baisse du niveau du fleuve nous facilite notre travail. Au lieu de parcourir des kilomètres ou de descendre à des profondeurs inestimables de l’eau à la recherche du sable, nous le trouvons facilement sans parcourir trop de kilomètres grâce au recul du niveau du fleuve».  Cela constitue également l’avis de ce travailleur de roche, Hamidou Coulibaly, « Une fois que le fleuve se retire, nous nous sentons à  l’aise dans notre travail. Nous ne partons plus loin à la recherche de la roche ni descendre sous l’eau à leur recherche. »

 Les avis sont partagés

Toutefois, nous ne devons pas perdre espoir puisque les avis sont partagés. Moulaye Bagayoko mène le jardinage au bord de ce fleuve à Kabala. Celui-ci nous exprime sa crainte de la sorte quand nous l’avons contacté au début du mois de février 2019 : « J’ai été obligé d’abandonner une partie de mon jardin parce que avec le recul de l’eau, j’ai trop de difficultés à faire venir l’eau jusque dans mon jardin. Je suis sûr qu’à ce rythme, d’ici juin-juillet, je cesserai complètement ce travail à cause de cette baisse. » D’autres conséquences peuvent s’en suivre, notamment dans les zones rizicoles.

 

Il fut accentuer la surveillance de ce cours d’eau

Le temps n’est plus aux discours bureaucratiques, la sauvegarde du fleuve Niger est une urgence pour le bien-être de toutes les populations. À ce titre, chacun doit s’y engager en évitant d’abord de déverser dans son cours des déchets d’origine ménagers. Les autorités doivent revoir l’utilisation des dragues dans son lit et prendre des mesures de surveillance accrue comme la mise en place d’un Conseil militaire pour la Sécurité et le Climat (IMCSS) qui a été récemment lancé à La Haye. Ce conseil recommande l’inclusion des questions climatiques dans les politiques de défense des pays. Nous pensons que le Mali devra songer à des trucs de ce genre.

Il est temps de dire stop aux pratiques néfastes  parce que le Niger meurt à petit feu.

Fousseni TOGOLA

Le Pays

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