Dans l’entretien qu’elle nous a accordé, la candidate du RPM aux législatives partielles de la commune V de Bamako décrit son parcours et ses ambitions.
Quel est votre parcours professionnel et politique ?
Je suis professeur de lettres. J’ai enseigné dans beaucoup de lycées, dont le lycée « Bouagui Fadiga », le lycée « Notre Dame » où j’étais directrice des études, le lycée de Sikasso, celui de Badalabougou et le lycée« Askia Mohamed ». Je suis entrée en politique en 2001, quand Ibrahim Boubacar Kéïta a quitté l’ADEMA pour créer son propre parti. Je ne le connaissais pas, mais j’ai décidé de le suivre car il avait subi grosse injustice : je suis allergique à l’injustice. Je me suis engagée au RPM où j’ai fait la campagne présidentielle de 2002 avec IBK. Je militais au Bureau National des Femmes du RPM, de même que dans un comité de base, dans une sous-section et dans une section. Je suis actuellement première vice-présidente du parti.
Pourquoi n’avez-vous pas été reconduite au ministère de l’Education ni au gouvernement malgré vos efforts pour lutter contre la corruption en milieu scolaire ?
C’est le président Ibrahim Boubacar Keïta qui m’avait mis en mission. S’il décide de mettre fin à cette mission, je ne peux qu’obtempérer. Je l’ai remercié pour la confiance confiée en moi. C’est lui qui m’avait envoyée au Conseil Supérieur de la Communication comme conseillère; au décès de président du Conseil, Moussa Keïta, j’ai été élue présidente de cet organe. Je suis restée à ce poste jusqu’à mon nomination au gouvernement. J’ai été appelée au gouvernement par le président IBK, sans même qu’il demande mon avis. J’étais au service de mon parti au gouvernement avec comme objectif de changer les choses au niveau de l’éducation. Lors de la campagne présidentielle, nous avions promis au peuple malien de gouverner autrement; c’est cette promesse que j’ai essayé de mettre en œuvre dans mon ex-département dont je maîtrisais parfaitement lesq arcanes. J’ai servi plus de 35 ans dans l’enseignement; en devenant ministre de l’Education, je savais les tares qu’il fallait combattre pour faire émerger l’école. J’ai cherché à améliorer le système éducatif malien à ma façon. J’étais obligée de prendre certaines mesures qui n’ont pas plu à tout le monde, mais qui ont dû plaire à d’autres. J’en étais là quand je suis sortie du gouvernement. Je ne peux pas vous dire pourquoi j’en suis sortie, mais je pense ce sont les chefs qui apprécient. D’ailleurs, je ne suis pas l’unique cadre valable au RPM; il y a certainement dans ce parti des cadres plus valables que moi. Je remercie doànc le président IBK pour sa confiance; je pense, pour ma part, avoir fait tout ce que je pouvais pour mériter cette confiance.
Votre départ ne serait-il pas dû au fait que vous auriez touché à des intouchables ?
Pour moi, il n’y a pas d’intouchable dans ce pays. Il y a des gens qui méritent votre confiance et des gens qui ne la méritent pas compte tenu de leur cursus, de leur comportement, de leur gestion. C’est aussi simple que ça! J’ai fait des constats au département de l’Education et j’ai essayé d’y remédier en toute conscience. La reprise de certains responsables que j’avais remerciés n’engage que ceux qui les ont repris. En tout cas, je suis convaincue que tous ceux que j’ai relevés l’ont été pour des raisons valables, et non au hasard. J’ai reçu une éducation chrétienne qui m’interdit de m’attaquer aux gens sans raison. Je ne reproche rien, j’ai la conscience tranquille et l’histoire me donnera raison.
Quelle est votre opinion par rapport au refus des groupes armés de signer l’Accord d’Alger ?
Pour moi, la signature de ce document est un moindre mal. Une négociation reste une négociation et chaque partie doit accepter des compromis. Du côté gouvernemental, on a accepté beaucoup de choses et c’est à la CMA (Coordination des Mouvements de l’Azawad) de faire des concessions et de signer l’Accord. Ce document n’est pas parfait, bien entendu, mais c’est une bonne base pour aller vers la paix.
Pourquoi êtes-vous candidate aux législatives partielles en commune 5 ?
Un citoyen a toujours quelque chose à faire pour son pays, où qu’il soit. Que je sois au gouvernement ou à l’Assemblée Nationale, je dois servir ce pays qui m’a tout donné. C’est pourquoi je me suis engagée dans les législatives quand j’ai été sollicitée.
Quels sont vos projets pour la commune 5 ?
Quand la population de la commune 5 m’aura fait confiance, je serai à son écoute. Je suis membre de la CAFO (ONG féminine: NDRL) et, à Kalaban-Coura, j’ai donné le meilleur de moi-même pour le quartier. J’ai mobilisé les femmes et ensemble, nous avons fait beaucoup de choses. Quand je m’installais à Kalaban Coura, le terrain de sports de l’école servait de dépotoir et les riverains avaient du mal à respirer. En tant que présidente de la section CAFO de Kalaban, j’ai, de concert avec d’autres femmes, cherché les moyens d’enlever ces ordures. Je peux assurer aux populations de a commune 5 que je reste encore pleine d’énergie et bien décidée à travailler à leur bonheur. Je n’ai pas peur de mes rivaux car j’ai toujours été une battante. Je vais me battre honnêtement et si je gagne, tant mieux ! Je veux mettre un terme aux rumeurs tendant à faire croire que j’ai retiré ma candidature: c’est une intoxication initiée par mes adversaires. J’ai reçu beaucoup d’appels téléphoniques par rapport à mon soi-disant désistement. Je souhaite, en tant que démocrate, que le meilleur gagne.
Propos recueillis par Abdoulaye Koné
source : Procès Verbal