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Entreprenariat culturel : UN GROS POTENTIEL ECONOMIQUE

Selon une étude de la CNUCED, le secteur de la musique et du commerce des produits réaliserait chaque année un chiffre d’affaires de 66 milliards de Fcfa

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Pour camper la problématique de l’entreprenariat culturel, il faut comprendre le contexte du Mali, par rapport à son histoire, à la sous région, au reste de l’Afrique et du monde. A l’échelle de six cents ans, entre les quatorzième et dix neuvième siècles, on peut répertorier de nombreux cas où des empereurs et universitaires, des élites lettrées hommes et femmes, de simples citoyens de notre vaste espace, apportent la preuve que la culture nourrit son homme !
Elles sont nombreuses lespersonnes ingénieuses qui ont vécu dignement de leur savoir faire : joueurs de djembé, de balafon, de cora, de luth du temps d’avant. Ces créateurs allaient de village en village. Ils étaient géomanciens de village, teinturiers, sculpteurs. Ils étaient artisans des cités et campements, chroniqueurs/généalogistes, tailleurs et brodeurs de Tombouctou et d’ailleurs. Ils étaient maçons bari, poétesses de l’Adrar. La liste pourrait s’allonger.
Toutefois une grave précarité prévaut. La plupart des structures disparaissent très vite, qu’elles soient privées ou associatives. L’expérience d’une approche du même type met en lumière le premier employeur malien, le Group Tomota, opérateur de l’industrie du livre.
Il serait intéressant de savoir ce que pourrait révéler une étude sur ce phénomène, notamment les causes et les facteurs d’échec. Les données récoltées permettraient d’éviter que les financements publics et privés aillent se fourvoyer dans des montages opportunistes.
Structurer l’économie de la culture afin de créer des emplois et contribuer d’avantage au PIB, est un objectif qui peut être atteint. En effet, la modernité économique interpelle, de plus en plus, les professions artistiques, les opérateurs, les industries, les structures publiques chargées d’encadrer les politiques sectorielles. Pour mettre en jeu cette dimension, les politiques culturelles doivent être fondées aussi sur les lois de l’économie.

filières lucratives. A cet égard les filières du son, de l’image et de l’écrit sont particulièrement lucratives dans le commerce sous régional et international. A l’heure du multimédia, les industries culturelles, notamment l’audiovisuel, le cinéma, le disque/cassette, le livre sont de grands pourvoyeurs d’emploi. Les croissances économiques dans les pays cités en exemple sont liées à la prise de mesures de politiques publiques de soutien.
Les industries de la musique et du film sont soutenues en Afrique du Sud par une politique culturelle citée en exemple dans le monde. C’est le cas de la filière du cinéma pour le Maroc, de l’édition scolaire pour la Côte d’Ivoire et le Maroc.
Le Maroc conserve la pleine souveraineté de sa production éditoriale destinée au primaire et au secondaire. Produire soi-même ce que l’on destine à son système éducatif permet d’économiser des milliards de devises étrangères.
D’après le ministère marocain de l’Industrie et du Commerce, la filière édition représente 1,8% de la population active du secteur industriel marocain, soit la même part que le secteur de l’industrie laitière qui contribue pour 2%. En Afrique du Sud, la production audiovisuelle constitue l’activité principale d’environ 550 sociétés. On assiste à une augmentation de 140% du nombre de films de long métrage tournés entre 2002 et 2003 à Cap Town . Si la progression en question continue, c’est-à-dire, si la production demeure dynamique, elle pourrait contribuer dans les 15 prochaines années à 10% de l’économie sud africaine.
La filière de la musique génère 12.000 emplois en Afrique du Sud. La production musicale du Brésil domine à 90% son marché national. Les industries basées sur la propriété intellectuelle pèsent d’un poids économique considérable dans des pays du Sud comme l’Inde, le Brésil et certains autres pays d’Amérique du Sud. Aux Etats-Unis, entre 1997 et 2001, ces industries basées sur la propriété intellectuelle ont connu une croissance plus élevée que tous les autres secteurs de l’économie. Elles ont créé des centaines de milliers d’emploi et contribué au PIB pour un taux de 5,2%. Leur contribution au commerce extérieur des Etats -Unis est évaluée à 88,97 milliards de dollars, devançant l’industrie automobile. Au Canada, les industries culturelles représentent le 5è employeur du pays. La clé de la réussite de l’essor des industries culturelles dans tous ces pays, est une politique publique en direction dudit secteur.
Dans le domaine de l’édition musicale, le ministère de l’Information du Mali a pressé à l’étranger dans les années 60 et 70 les premiers disques de l’Ensemble instrumental national, du Biton national, de Bazoumana Sissoko, des orchestres régionaux, etc. Un entrepreneur culturel est plongé dans la créativité, dans la prise d’initiative, au sein d’une filière artistique, culturelle, d’artisanat, de tourisme culturel, de mode et design, de média. C’est un administrateur d’équipement culturel, un cadre administratif ou de gestion qui fait avancer les filières…

Pleine dépressurisation.Le Mali, en ce début du 3è millénaire, est caractérisé par une grave crise multiforme, qui a terrassé l’Etat, désarticulé les fondements du vivre ensemble, mis en cause les grandes certitudes sur lesquelles les communautés et les individus avaient bâti leurs vies. Nous sommes actuellement dans la position d’un pays en pleine dépressurisation pour utiliser le langage de l’aviation civile. Quel est le statut et le rôle de l’entreprenariat culturel dans la crise profonde que vivent l’Etat malien et ses institutions ? Comment aider les communautés maliennes à réagir positivement, puisque certaines valeurs de références, comme la non violence, le bon voisinage, ont été mises à mal par la situation au nord ?
Ceux qui opèrent dans les professions et les pratiques qui nous concernent ici sont frappés par un certain nombre de contraintes : complexité et longueur des procédures administratives, corruption dans les modes d’accès aux prestations qui font vivre, multiplicité des taxes et des prélèvements, rigidité fiscale …
Qu’il s’agisse de l’industrie musicale, des arts plastiques, du boom des radios locales, des artisans fédérés par un puissant festival devenu fondation depuis, les dynamiques sont portées par des hommes de vision qui ont fait de leur organisation un espace de mise en évidence et de valorisation des créativités. Ces opérateurs visionnaires sont eux-mêmes , d’abord et avant tout, des artistes créateurs .
Les puissants phénomènes qu’ils ont suscités dans leurs secteurs respectifs n’ont pas obéi aux règles de la société unipersonnelle à responsabilité limitée (SUARL). Mais à des logiques d’associations, de coopératives. Les constats relatifs à la précarité, qui prévaut dans le secteur sont : des lieux de concert sont transformés du jour au lendemain en mosquée, un espace culturel emblématique est transformé en magasin de stockage de ciment.
L’entrepreneuriat culturel est en droit de revendiquer l’institutionnalisation du financement public, comme on le voit avec la presse, les partis politiques par exemple. Il est également en droit de revendiquer la reconnaissance, en particulier fiscale, de l’application des principes qui vont de pair avec le statut «but non lucratif». En droit aussi de revendiquer le statut de RUP (régime d’utilité publique).

financement.Aucune théorie économique ne fournira de justification suffisante pour faire évoluer les décideurs politiques vers des financements publics de grande envergure ou la reconnaissance de statuts à but non lucratif. Trop d’idées reçues circulent au niveau des décideurs, tout ceci doublé d’une méconnaissance des réalités par les acteurs culturels. S’agissant des PTF, il est impérieux de signaler qu’il est dangereux que l’Etat délègue d’autres structures concernant le financement de ses actions de politique culturelle.
C’est le combat des opérateurs culturels qui pourrait agir sur les résistances. Les associations et syndicats des filières peuvent imaginer de nouvelles formes d’organisation et de plaidoyer ? Pour vaincre l’économisme, qui prévaut et qui justifie aux yeux de la plupart des décideurs la portion congrue des budgets affectés au ministère chargé de la culture, il faut une grande mobilisation et une véritable solidarité gouvernementale et institutionnelle.
Les sous secteurs de l’industrie et des affaires ont fait preuve d’ouverture progressive dans le financement des acteurs et des initiatives culturelles. C’est particulièrement le cas des entreprises de téléphonie. Certaines professions libérales, telles les notaires par exemple agissent comme des mécènes. Il existe ce cas où un ou plusieurs notaires et magistrats ont entraîné avec eux d’autres professions libérales périphériques dans le soutien aux arts plastiques par l’achat, sur la durée, de véritables collections de tableaux. Certains sont allés jusqu’à soutenir par principe des jeunes plasticiens dans la précarité. Faut-il susciter un cadre de rencontre (repas annuel ?) entres ces acteurs et les créateurs, sous l’égide du ministère, afin d’encourager les uns et accompagner les autres ? S’agissant des opérateurs de téléphonie par exemple, faut-il leur imposer des contributions obligatoires ? Une raison majeure milite pour ce faire : ils favorisent la duplication à titre privé et pourraient mettre en place un fond de compensation . Selon une étude de la CNUCED, le secteur de la musique et du commerce des produits, qui y sont liés, réaliserait chaque année un chiffre d’affaires de 66 milliards de francs cfa. Les Centres culturels étrangers de Bamako mobilisent des montants colossaux dans les actions culturelles qu’ils ont mission de promouvoir.
Quand on examine la part du budget d’Etat affectée au ministère de la Culture, on se trouve en présence d’un paradoxe : le pays qui abrite l’un des potentiels culturels les plus emblématiques d’Afrique n’investit pas assez dans la culture.
Comment faire pour affranchir les opérateurs et créateurs de la tutelle extérieure. Et marquer la souveraineté de l’Etat en matière de politique culturelle ?

Y. DOUMBIA

source : L ‘ Essor

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